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rabbin 1Par Daniel Haïk AKADEM

« Moi général Itzhak Rabin, matricule 30743, soldat de

de l’armée de la Paix,

 

 

 

Moi qui ai envoyé des bataillons au feu et des soldats vers leur mort, je vous dis ici, chers amis américains: « Nous entamons aujourd’hui une guerre dans laquelle il n’y a pas de tués ou de blessés, une guerre dans laquelle il n’y a pas de sang et de douleur. C’est la seule guerre à laquelle on aspire à participer: la guerre pour la Paix. » C

 

Ces propos émouvants et pleins d’espoir, Itzhak Rabin les a tenus en juin 1994 devant les deux chambres du Congres Américain réunies pour lui rendre hommage… Moins d’un an après la signature des accords d’Oslo et plus d’un an avant son tragique assassinat par un juif extrémiste. Comment le chef d’état major de la guerre des Six Jours est-il devenu l’artisan du processus de paix d’Oslo et cet homme d’état d’exception … C’est ce que je vous propose de voir ensemble. Il est né le 1er mars 1922 à Jérusalem.

RABBIN 2

Ses parents Rosa et Néhémia Roubitsov sont montés en Eretz Israel au lendemain de la première guerre mondiale. Son grand père maternel, dont il portait le prénom, était un rabbin Loubavitch, originaire de Biélorussie, opposé au sionisme. Mais sa mère, Rosa, s’était dégagée du milieu hassidique pour adhérer à l’idéologie socialiste à tel point qu’on l’appelait alors « Rosa la Rouge ». Elle sera, dès le milieu des années 20, membre active de la Hagana, l’armée secrète juive sous mandat britannique. En 1938, le jeune Itzhak est élève à l’école agricole Kadouri, la plus prestigieuse des écoles du Yishouv. Mais les émeutes arabes, entrainent la fermeture des écoles. La Hagana en profite pour initier les jeunes au maniement des armes.

 

« A l’âge des premiers amours, dira-t-il plus tard, on a mis dans mes mains un fusil afin que je me défende et malheureusement aussi, afin de tuer ». Un premier ministre assassiné Rabin, le soldat de la paix Par Daniel Haïk Texte du cours visible sur www.akadem.org/pour-commencer Novembre 2014 Discours de Yitshak Rabin à la Maison-Blanche lors de la signature des accords d’Oslo en octobre 1994. En 1941, il est l’un des premiers à s’enrôler dans le Palmah, l’unité d’élite de la Hagana. Il est arrêté le 29 juin 1946, par les forces britanniques lors du fameux « Chabat Noir » et il passe cinq mois dans un camp d’internement. En 1947, Rabin devient commandant des opérations du Palmah. En avril 1948, un mois avant la création de l’état d’Israël, alors qu’il n’a que 26 ans, il est nommé commandant de la brigade d’élite Harel, cette unité qui va tenter de forcer le blocus arabe autour de Jérusalem et dont les transports blindés sont toujours visibles aujourd’hui sur le bord de l’autoroute Jérusalem-Tel-Aviv. L’Etat d’Israël nait en mai 1948. Rabin rejoint naturellement l’état major du Palmah à Tel Aviv et il commande les forces sur place. Le 22 juin, en pleine guerre israélo-arabe, l’Altalena arrive au large de Tel Aviv. Ce bateau affrété avant l’indépendance par l’irgoun, le mouvement nationaliste de Menahem Begin, transporte armes et munitions. Mais depuis le 1er juin, l’Irgoun a rejoint sur ordre de Begin, les rangs de Tsahal, la jeune armée nouvellement créée. Dans son livre autobiographique, Carnets de bord, Itzhak Rabin affirmera que sur la plage circulait une rumeur selon laquelle les soldats de l’Irgoun s’apprêtaient à prendre Tel Aviv, un putsch militaire en quelque sorte. Sur décision de David Ben Gourion lui même, Rabin donne l’ordre de tirer sur le bateau rebelle. Le navire est coulé. Bilan: 16 tués, dont 13 combattants de l’Irgoun et trois soldats de Tsahal. Pour Rabin, 1948, c’est aussi l’année de son mariage avec la très jolie Léa Shlosberg. Ils auront deux enfants. Le jeune officier gravit ensuite tous les échelons de la hiérarchie militaire: général en 1953, commandant de la Région Nord en 56. Chef d’état major en 1963. Le 15 mai 1967, les forces égyptiennes ferment le détroit de Tiran et pénètrent dans le désert du Sinaï. C’est un casus belli. Rabin adopte un ton ferme. Trop ferme au goût de certains leaders occidentaux et israéliens qui l’accusent de précipiter le pays dans la guerre. Rabin est affecté par ces critiques.

 

Se situe alors un épisode court et mystérieux: le 23 mai, il convoque son adjoint Ezer Weitzman et lui annonce son intention de démissionner. Weitzman l’en dissuade, lui conseille de se reposer. On dira ensuite que Rabin a été victime d’un empoisonnement à la nicotine après avoir trop fumé. Il semble bien que l’homme a traversé une dépression aussi profonde que rapide. Quelques jours plus tard il se ressaisit. Le 5 juin au matin, c’est lui qui déclenche l’opération « Drap Rouge » qui entrera dans l’histoire sous le nom  » Guerre des Six Jours. »C’est encore lui, le natif de Jérusalem, qui donnera le feu vert à la conquête de la vieille ville par les parachutistes du colonel Motta Gour. Et c’est lui qui le mercredi 7 juin arrivera devant le Mur Occidental, le Kotel, aux cotés de Moché Dayan et du général Ouzi Narkiss. En six jours seulement Itzhak Rabin a conduit Tsahal vers sa plus grande victoire. Au lendemain de la guerre, et à sa demande, Itzhak Rabin est nommé ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, un poste qu’il occupera de 1968 à 1973. Une période de transition plus paisible qu’il va mettre à profit pour consolider les liens tissés entre Washington et Jérusalem. Durant ces cinq années les Etats-Unis deviennent le principal fournisseur d’armes d’Israël. A partir de 1973 Itzhak Rabin entame une seconde carrière, politique cette fois. Il adhère au parti travailliste. Il est immédiatement propulsé au 20e rang de la liste électorale du parti pour les Législatives prévues en octobre. Mais la guerre de Kippour va retarder ce scrutin, une guerre au cours de laquelle Rabin n’aura pas de responsabilité militaire malgré ses demandes répétées d’être réintégré dans Tsahal. Il est élu député en janvier 1974 et là l’histoire va s’accélérer. Sévèrement mise en cause par l’opinion publique israélienne pour n’avoir pas su prévoir la guerre, Golda Meïr démissionne. (Je vous renvoie au clip de cette même série sur cette période). Rabin brigue sa succession à la tête du parti. Il est élu devançant Shimon Peres. Moins de six mois après ses premiers pas en politique, Itzhak Rabin devient Premier ministre de l’Etat d’Israël !

 

A ce point de l’histoire, marquons une pause pour tenter de mieux cerner la personnalité de l’homme. C’est avant tout un sabra, le premier chef de gouvernement né en Eretz Israel. Et les sabras se reconnaissaient en lui. Ils apprécient son francparler. Y compris lorsqu’il ose qualifier les Yordim (ceux qui quittent le pays pour s’établir ailleurs) de « déchets et chiffes molles ». Ils s’identifient avec son caractère de battant, courageux, incapable de lâcher sa prise et admirent son intégrité sans faille.C’est naturellement, sans grands discours, qu’Itzhak Rabin impose son leadership, d’abord au sein de Tsahal puis sur l’échiquier politique. On disait de lui qu’il était crédible même lorsqu’il n’avait pas séduit. Pragmatique, capable de changer d’avis s’il sentait qu’il avait tort, il persévérait même si son approche n’était pas populaire. Son entourage était impressionné à la fois par sa capacité à initier les plus grands projets et par sa volonté d’en réfléchir les plus infimes détails. Rabin était un « faucon modéré »: à gauche sur le plan social mais plus à droite sur le plan politique. C’était avant tout ce qu’il est convenu d’appeler un « sécuritaire » qui plaçait la Défense d’Israël au dessus de toute autre considération. Tel est l’homme qui devient le cinquième Premier ministre d’Israël le 3 juin 1974. Deux ans après son arrivée au pouvoir, Rabin envoie les commandos de Tsahal jusqu’en Ouganda pour libérer les otages de l’avion d’Air France détenus par des terroristes à Entebbe. Ce sauvetage forcera l’admiration du monde libre et ajoutera au prestige déjà considérable du Premier ministre israélien. Pourtant, quelques années plus tard, le 17 mai 1977, l’incroyable se produit: pour la première fois la gauche israélienne perd les élections. Menahem Begin, celui la même qu’il avait maitrisé sur les plages de Tel Aviv au moment de l’Altalena, forme une coalition de centre droite. Itzhak Rabin devient à 54 ans simple député de l’opposition. Il profite de son temps libre pour publier son autobiographie Carnets de bord qui aura un vif retentissement et dans laquelle il règle ses comptes avec son frère ennemi Shimon Peres: « C’est un manipulateur insatiable » écrit-il avec son légendaire franc parler.

 

La Guerre du Liban et la formation du gouvernement d’union nationale en 1984, le ramène sur le devant de la scène. Il devient ministre de la Défense et réduit au minimum la présence de Tsahal au Liban. C’est à ce poste encore qu’il est confronté à partir de la fin 1987 à la première intifada. La dimension sécuritaire du personnage va prendre toute son ampleur. Il prône une politique de tolérance zéro et appelle les soldats de Tsahal à « briser les mains et les pieds » des terroristes. Il cautionne les arrestations massives et la destruction de maisons palestiniennes. Cette guerre larvée ne prendra fin qu’avec la signature des accords d’Oslo en septembre 1993. En 1992, le Parti travailliste le désigne à nouveau comme tête de liste et remporte les élections. Devenu Premier ministre, Rabin se refuse dans un premier temps à tout dialogue avec l’OLP de Yasser Arafat dont le siège est alors à Tunis. Il préfère les pourparlers bilatéraux de Washington, avec les leaders de Cisjordanie. Rabin reste d’abord très en retrait des négociations secrètes qui ont débuté six mois auparavant à Oslo entre représentants israéliens et palestiniens. Il se méfie des initiatives partisanes de Shimon Peres presqu’autant que de Yasser Arafat. Mais Rabin est, nous l’avons dit, un homme d’état pragmatique. Et finalement, durant l’été 1993, il adhère au processus après être parvenu à la conclusion qu’Arafat est incontournable. Mais il reste sceptique quant aux chances de parvenir à un règlement définitif du conflit et considère qu’un accord intérimaire est plus réaliste. Il exige toutefois d’inclure dans l’accord de principe qui se profile des clauses sécuritaires importantes. C’est cet accord révolutionnaire qui impliquera une reconnaissance mutuelle d’Israël par les Palestiniens et de l’OLP par Israël. Une chose est sure: jusqu’au dernier moment Rabin a hésité à se rendre à Washington pour signer le 13 septembre 1993, cet accord. Tout comme il a hésité devant le monde entier, avant de serrer la main d’Arafat ce jour là à la Maison Blanche… Cet espoir de paix au Proche Orient suscite un véritable engouement dans la communauté internationale. De retour de Washington, Rabin et Peres sont les hôtes du roi Hassan II du Maroc. Et quelques mois plus tard, ils deviennent avec Arafat, lauréats du Prix Nobel de la Paix 1993. Cette atmosphère de réconciliation conduira ensuite le roi Hussein de Jordanie à conclure avec Israël un traité de paix qui sera ratifié par Itzhak Rabin et Bill Clinton en octobre 1994. En dépit de la multiplication des attentats-suicides en 1994 et 1995 et en dépit de la campagne de dénigrement d’une violence incomparable, orchestrée par les radicaux de la Droite israélienne, Rabin progresse dans le processus d’Oslo.

 

En septembre 1995 Il fait voter de justesse les accords d’Oslo II qui prévoient le retrait de Tsahal des grandes villes palestiniennes. Cet accord alimente la controverse entre la gauche et la droite autour du bien fondé d’Oslo. L’opinion publique est de plus en plus sceptique quant au processus de paix. Pour le relancer, la gauche israélienne décide d’organiser le 4 novembre 1995, à Tel Aviv un grand rassemblement sur la place qui pour la dernière fois porte le nom de place des Rois d’Israel. La foule est dense. Rabin et Peres s’enlacent. Tous entonnent avec Miri Aloni la chanson de la paix. A 73 ans, Itzhak Rabin prend, pour la dernière fois, la parole et prononce un discours en forme de testament politique : « La voie de la paix est préférable à celle de la guerre. Et je vous dis cela après avoir été chef d’état major et ministre de la Défense. Je veux que mon gouvernement exploite toutes les possibilités afin de promouvoir cette paix. Cette paix a des ennemis qui tentent de la torpiller. Et c’est l’OLP qui a abandonné la voie du terrorisme. Elle devra remplir sa part du contrat et nous aussi… Ce rassemblement doit prouver au monde arabe et a la communauté internationale que le peuple d’Israël veut la paix…Merci » Quelques minutes plus tard, Itzhak Rabin descend les marches de la mairie de Tel Aviv. Il s’approche de sa limousine. Soudain on entend trois coups de feu sourds… Ses funérailles nationales sur le Mont Herzl réuniront les leaders du monde entier, dans une émotion profonde et manifestement sincère. La paix venait de perdre l’un de ses plus valeureux soldats.

Tsahal et

Une Réponse à “« Moi général Itzhak Rabin, matricule 30743, soldat de Tsahal et de l’armée de la Paix, Moi qui ai envoyé des bataillons au feu et des soldats vers leur mort, je vous dis ici, chers amis américains: « Nous entamons aujourd’hui une guerre dans laquelle il n’y a pas de tués ou de blessés, une guerre dans laquelle il n’y a pas de sang et de douleur. C’est la seule guerre à laquelle on aspire à participer: la guerre pour la Paix. » C”

  1. Elie KAZADO dit :

    Comme tous les responsables de hautes fonctions ,malgré le bon déroulement de
    leur carrière envers l’Etat Juif d’Israel ,tous
    ces Hommes d’Etat au Gouvernement trahissent
    part leur faiblesse la sécurité du Peuple,qui
    donne leur propre enfants durand 3 ans combatre un ennemis sans fin.
    RABIN avait dit leur de nombreux attentats
    terroristes atroces en tous genre ?
    ( pour avoir la paix il faut des victimes )
    MAIS QUEL HONTE !…

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