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  « Tout accorder aux Juifs en tant qu’individus, ne rien accorder aux Juifs, en tant que Nation » Lorsque Stanislas de Clermont Tonnerre prononça ces mots en 1789, se rendait-il compte qu’il introduisait vis-à-vis des Juifs un comportement qui, loin d’être l’antisémitisme, n’en n’était pas, pour autant, le signe de la reconnaissance nationale dont ce peuple avait été privée depuis la conquête romaine. Etait-il conscient que sa pensée synthétiserait pour des siècles durant, la position hostile de l’Occident vis-à-vis des Juifs soucieux de retrouver leur patrie,  mais en même temps qui affirmerait une bienveillance manifeste pour ceux d’entre eux qui opteraient pour l’assimilation ?

 

 Car accorder quoi que ce soit aux « Juifs en tant que Nation », c’est déjà l’acceptation du ferment sioniste, c’est désavouer la suspicion entretenue pendant des siècles à leur égard. Or, l’Occident, a appris de l’Eglise à éprouver une véritable panique à la perspective du renouveau national   juif. En d’autres termes la laïcité française s’est substituée à l’Eglise en utilisant son langage, dépourvu, bien entendu de toute référence religieuse.

Regardons l’attitude du Président Sarkozy à propos de l’admission de la Palestine à l’UNESCO. Hésitations, atermoiements, refus, absentions. Et puis, l’appel du passé a été le plus fort.

Les propos de Clermont Tonnerre exigent qu’on s’y arrête. Manifestement, il n’y a pas d’antisémitisme. Mais puisque l’identité juive est admise,  pourquoi, lui refuser son corollaire : permettre à ces Juifs de rentrer chez eux ? Peur ? Mais de quoi ? Suspicion haineuse ? Mais sur quelles bases ?

 Cette haine a une histoire ! C’est l’histoire de la laïcisation de la haine religieuse exercée par l’Eglise pendant près de deux mille ans  et que n’ont pas voulu abandonner les révolutionnaires de 89. Pour quelle raison ? Il est très appréciable de disposer d’un « bouc émissaire » !

Comprenons bien, c’est de cette école de pensée dont découle la société française d’aujourd’hui. Le Christianisme a motivé la haine et donné des habitudes de vie jusqu’à Vatican II.  Mais 1789  a écarté l’Eglise du pouvoir temporel sans pour autant éloigner  (était ce son intention ?) la suspicion, les craintes inavouées que depuis le haut moyen âge on nourrissait envers les Juifs. Par conséquent, l’antijudaïsme perdure jusqu’à aujourd’hui chez certains, sous la forme d’un conflit de nature religieuse. Chez d’autres, les plus nombreux, le contenu subsiste, mais  c’est l’emballage qui est différent. Le conflit est laïc, mais il est bien présent. C’est dans ce deuxième cas de figure qu’il faudra rechercher les causes profondes et durables de l’allergie politique au sionisme.

« Tout accorder aux Juifs en tant qu’individus », c’est, d’une part, ne reconnaître ni le peuple ni la nation juives, mais ce  serait de l’antisémitisme  si l’individu juif n’avait pas sa place ! Or, il l’a ! C’est celle d’un homme converti au « paysage culturel ». Par contre,  que cet homme s’avise d’évoquer son histoire, d’avoir le toupet de prétendre retrouver sa patrie, et les préjugés d’origine religieuse referont surface  repeints aux couleurs de la République laïque.  Ce décodeur qui établit la distinction entre le Juif et la Nation Juive éclaire la réalité qui est la nôtre.   

L’Occident ne peut opérer  la renonciation  à une part essentielle de son héritage, sauf s’il y discerne son propre intérêt. Mais quand bien même, il y consentirait, ce compromis ne durerait que le temps où le problème serait posé.

Voyez d’un regard nouveau l’histoire de l’Europe et des Juifs, vous y trouverez, de façon permanente, sauf pour le nazisme, la volonté de réhabilitation du Juif assimilé et, dans le même temps, la condamnation aux motifs toujours renouvelés, de l’édification de la Nation Juive.

C’est le mouvement sioniste qui obligea les Nations à se pencher sur le problème. Le renouveau National Juif n’est pas l’œuvre du monde mais le fruit de l’opiniâtreté juive.

N’oubliez pas que Balfour rêvait d’un foyer pour les Juifs, pas d’un Etat !

NB/ Cette réflexion est essentielle pour comprendre et prévoir. N’hésitez pas à me demander d’approfondir tel ou tel point dont l’éclairage vous permettrait une meilleure compréhension.

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