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 La référence quasi permanente  au messie dans l’approche rabbinique contemporaine semble s’éloigner progressivement des valeurs initiales qui l’ont suscitée. Observons que ce renvoi échappe complètement à toute obligation, puisque la croyance au messie ne figure pas parmi les 613 mitsvoths (commandements). Si cette réalité avait l’importance qu’on lui accorde, elle figurerait dans le « catalogue » des obligations juives. Et bien non ! Seul Maïmonide considère l’obligation d’y souscrire comme relevant d’un impératif. Encore faudrait-il savoir ce que l’auteur du Michné Thora entend par « Messie ». Est-ce un homme ? Un groupe d’hommes ?  Une génération ?

L’attente fébrile du Messie royal, fils de David se manifeste toujours dans les périodes de grande détresse ou qui suivent des moments particulièrement difficiles. Le messianisme, dans ces conditions est bien plus l’aveu de l’incompétence de l’homme que l’aboutissement d’un long processus de maturation qui, naturellement aboutit à la naissance d’un homme réussissant là où ses pères n’y sont pas parvenus : faire « cohabiter en paix le loup et l’agneau ». Quand Maïmonide insiste sur l’obligation de croire en la venue messianique, c’est bien davantage la reconnaissance que l’histoire humaine a un sens,  que le parachutage d’un envoyé spécial, nanti de pouvoirs exceptionnels,  accouru dans la volonté et l’urgence  de se substituer à l’homme incapable d’introduire la moralité   dans l’action.

Cette approche messianique paraît importée des valeurs de la chrétienté parce qu’elle sous tend un principe étranger à la civilisation hébraïque, selon lequel, la dimension où s’exercerait l’excellence de la présence divine échapperait à la dimension terrestre, et, plus précisément, échapperait à l’aptitude de l’homme. C’est l’homme qui doit faire la preuve qu’il est capable de faire régner paix et justice. Ce n’est pas D.ieu. C’est dans les religions de type magique que l’homme avouant ses incompétences, la divinité en se substituant à lui, le disqualifie du même coup.

La façon avec laquelle la réussite de l’histoire humaine est conçue dans la quasi-totalité des milieux religieux Juifs est étrangère à la conception « tonique » de la tradition d’Israël. Le Messie y est présenté à la manière des païens et, de plus, arrivé au trône dans ces conditions relèverait du coup d’Etat messianique, parce qu’il serait l’indice que l’histoire a échoué, que l’homme n’est pas à la hauteur du projet que D.ieu nourrissait pour lui.

Le messie d’Israël est devenu même dans les milieux orthodoxes un produit d’importation. Il serait temps que les Juifs jadis les hébreux,  aient présents à la mémoire qu’au Sinaï, fait unique dans l’histoire des religions, ils reçurent la Révélation, « debout » ; pas à genoux !

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