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Arnold Lagémi

Hébergé par Thérèse Zrihen-Dvir

Cette réflexion fait suite à la remarquable étude de Thérèse Zrihen-Dvir portant sur le même sujet, à laquelle, modestement, je crois indispensable d’apporter quelques nuances.

Somme toute, cette étude reste un plaidoyer pour la vision religieuse de l’histoire d’Israël, hors de laquelle, «il n’y aurait point de salut.» Thérèse Zrihen-Dvir écrit : «  La laïcité ayant aboli les règles et le cadre religieux, a, au fait, permis l’accès au phénomène communément symbolisé par le « droit de s’auto détruire ». Quand bien même cette étude est plus en relation avec la culture occidentale, elle ne saurait, par ses conclusions, rejeter toute connotation juive. Or, les bâtisseurs de l’Etat Juif dont l’intention était l’établissement d’un Etat laïc ont-ils mené leur combat en vue d’une auto destruction?

Par ailleurs l’affranchissement  de la tutelle religieuse en Europe, France notamment, a permis le Décret d’Émancipation des Juifs en 1791 ! D’une manière plus générale, le rejet de l’Église a eu, notamment,  pour incidences, la suppression de la torture, de la dîme, des tribunaux ecclésiastiques, la négation de la suprématie de l’Église romaine. Il a contribué à  la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et la création de la République. Est-ce là de l’auto destruction?

Allons plus loin. N’est-ce pas signe d’une certaine noblesse que de s’opposer à une forme de religion devenue, en grande partie une approche  superstitieuse et magique ? Est-il nécessaire de rappeler que l’illustre Maimonide fut condamné par la majorité des rabbins de son époque, parce son œuvre apparaissait comme la négation de la Thora, transformant l’auteur du Michné Thora en « laïc » de son époque !

Maimonides Moses

Menée dans ses conséquences pratiques, la perception de Thérèse Zrihen-Dvir amène au renforcement de la «pratique» telle que les rabbins l’ont définie.

C’est précisément, à cet endroit, qu’au nom même de la Tradition d’Israël, rébellion et résistance doivent privilégier la laïcité aux mascarades par lesquelles on tente de réduire la Loi de Moïse !

La laïcité présente, au contraire, pour les Juifs, (et les autres) l’intérêt souverain de mettre en doute sans risquer de sanction. C’est la stratégie de la « table rase » chère à Descartes. Passer par le doute ne peut que renforcer l’option qu’on choisira par la suite,  que celle-ci soit religieuse ou non. Les ultramontains qui défendaient au siècle des lumières les intérêts de l’Eglise, agissaient selon le mot d’ordre «Tant que le siècle ne sera pas avec D.ieu, nous ne serons pas avec le siècle !» Nous sommes là dans l’obscurantisme.

René Descartes

Pour d’innombrables raisons, la laïcité vue par les Occidentaux n’a pas grand-chose en commun avec la laïcité juive. La culture et la civilisation hébraïques ne pourraient annoncer comme Nietzche : «D.ieu est mort.» Elles pourraient, par contre, répéter, sans risque d’erreur, le fameux mot d’Elie Wiesel : «Un Juif peut être avec D.ieu, il peut même être contre D.ieu mais il ne pourra jamais être sans D.ieu. »

Shabbat Shalom,

Arnold Lagémi,

http://therese-zrihen-dvir.over-blog.com/

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