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C’est le général de Gaulle qui, après la « Guerre des Six Jours » a été le premier Chef d’Etat du « monde libre » à mettre en doute le droit des Juifs à « rentrer chez eux » Une attitude et des propos qui laissaient sous entendre de manière explicite, que les Juifs avaient « volé » la terre aux Arabes. »

« On pouvait se demander et on se demandait même chez beaucoup de Juifs si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et, au milieu de peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles n’allait pas entraîner d’innombrables, d’interminables frictions et conflits.


Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois qu’ils seraient rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix neuf siècles : l’an prochain à Jérusalem. »


Cette sérieuse réserve, émise par « l’homme du 18 Juin » qui restait encore en 1967, « celui qui maintint l’honneur de la France comme un invincible songe,  » inaugura un processus  de délégitimation de la souveraineté  juive sur la terre d’Israël et accusa la rupture dans le vaste consensus pro israélien qui s’était installé en Europe depuis la création de l’Etat Juif.

Cette expression  de délégitimation de la souveraineté juive s’est produite après l’avertissement du général donné à Abba Eban, Ministre israélien des Affaires Etrangères et, selon lequel, le pays qui déclenchera les hostilités sera désapprouvé   par la France. Toutefois, lors de sa « fameuse » conférence de presse, le général de Gaulle se contentera d’évoquer l’initiative militaire mais changera de registre en analysant, de façon négative, les fondements du sionisme.

Aussi, la mise en garde à Abba Eban est peu convaincante. Elle apparaît comme un prétexte et    laisse à penser que la condamnation du sionisme eût été différée,  si Israël n’avait pas désobéi à l’injonction gaullienne. Dans la mesure où Israël devient « rebelle » plus aucune raison ne s’oppose à désavouer le sionisme ! Ce n’est pas le pays qui a ouvert le conflit qui est condamné, c’est le Retour des Juifs sur leur terre qui se dévoile comme étant « plus ou moins justifiable »

Cette condamnation du sionisme accompagnée d’une définition révélatrice de l’identité juive plutôt équivoque conduira Raymond Aron à affirmer : « Le général de gaulle a sciemment, volontairement, ouvert une nouvelle période de l’histoire juive et peut être de l’antisémitisme. Tout redevient possible, tout recommence. Pas question, certes, de persécutions, seulement de la malveillance. Pas le temps du mépris : le temps du soupçon. » (de Gaulle, Israël et les Juifs. Plon 1968)


Aucun Président,  depuis Charles de Gaulle n’a désavoué, à ce jour, le point de vue du général qui reste donc, jusqu’à preuve du contraire,  l’opinion de la France. La crédibilité de la France impose cependant, à ceux qui sont en charge de la politique moyen orientale de la France, de comprendre qu’en l’absence de désaveu du point de vue gaullien sur la légitimité du sionisme, l’amitié proclamée envers Israël ne bénéficiera que d’un crédit très limité !

2 Réponses à “La République Française doit condamner la « paternité anti-sioniste » du général de Gaulle.”

  1. Marcoroz dit :

    Cher Arnold, de Gaulle s’est montré particulièrement pervers ce jour là, d’un bout à l’autre de son discours. À propos de son avertissement, par exemple : c’était effectivement un simple prétexte, comme vous l’écrivez. En effet, comme l’explique Dominique Lorentz dans « Affaires atomiques » (Les Arènes, 2003), le plan des Soviétiques, à l’origine de ce conflit, était précisément conçu de telle sorte qu’Israël se retrouve obligé de tirer le premier. De Gaulle le savait parfaitement.

    • Bonjour Marcoroz,
      Je ne pense pas que de Gaulle ait été « pervers » mais cohérent avec une foi ardente qui reste peu favorable au retour historique des Juifs sur leur terre. N’oublions pas que le général de Gaulle faisait débuter l’histoire de France avec le baptême de Clovis!
      Chabat Chalom
      Et, bien cordialement vôtre.

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