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Par Arnold Lagémi 

A quelques semaines de l’ouverture du procès en béatification du pape Pacelli, remontent les éléments de la vieille querelle allumée en 63. Il me semble que pour comprendre les raisons de cet acharnement, qui va jusqu’à refuser d’entendre le témoignage d’historiens, il est indispensable d’envisager la question sous un éclairage diamétralement différent. 

Derrière PIE XII, il est indéniable que se tient tout l’édifice de l’Eglise, les données de sa foi et son histoire,  que le pape « incarna » durant la période la plus funeste de l’histoire juive. Depuis le haut Moyen Age, les controverses entre théologiens des deux doctrines étaient fréquentes. De temps en temps étaient publiés des ouvrages qui de part et d’autre nourrissaient et entretenaient la querelle. Or, depuis Jules Isaac et son fameux « enseignement du mépris », il semble que, du côté juif, le contentieux théologique soit éteint et que les théologiens d’Israël aient estimé suffisantes les garanties offertes par Vatican II. 

 Il devient, en effet, de plus en plus rare qu’une autorité rabbinique prenne l’initiative de rappeler l’incompatibilité entre Judaïsme et  Christianisme. Or,  cette opposition est toujours flagrante et si Benoît XVI a lavé les Juifs du crime de déicide, il n’a pas, pour autant, nié que la Nouvelle Alliance remplaçait l’Ancienne, confirmant ainsi la pérennité du contentieux.

 On ne peut dissimuler l’étonnement en considérant le silence d’Israël qui, de guerre lasse, apparemment, ne semble plus vouloir « débattre » en rappelant que, seul, Israël est porteur des promesses de rédemption. Comment comprendre cette défaillance de la volonté renonçant à rétablir la vérité, alors que les données indiquant que le problème perdure sont toujours en attente de confrontation. 

 Est-ce la déliquescence de la conscience religieuse juive qui refuse d’argumenter dans des catégories de pensée théologique dans lesquelles, elle ne « croit plus » ? Probablement ! Aborder, par exemple, la question du « verus Israël », le vrai Israël, obligerait à défendre le point de vue théologique juif. 

Mais si on ne croit plus que le peuple juif est le Peuple Elu, difficile d’être fiable  en se limitant à la controverse religieuse. Toutefois, le refus de polémiquer sur le plan  religieux n’annule pas la rivalité entre les deux traditions. L’athéisme de nombreux Juifs n’a pas absous à leurs yeux, l’Eglise des crimes et exactions diverses commis durant près de vingt siècles. 

Cette volonté de justice, de réparation n’a pas disparu. Elle s’est transformée. Elle s’est détournée de son objectif en délaissant une querelle, à ses yeux obsolète, pour lui substituer, un homme, devenu le bouc émissaire de la querelle juive, au motif de plus en plus incertain, au regard des historiens, que cet homme, Pie XII n’aurait pas condamné le nazisme. Ainsi, même les Juifs athées pouvaient persévérer dans la critique de l’Eglise, à condition de s’éloigner d’une opposition religieuse qui ne signifiait plus grand-chose à leurs yeux et de la transformer dans la mise en accusation d’un homme, pape de surcroît, qui devenait dépositaire de la responsabilité et de la culpabilité de l’Eglise vis-à-vis de la conscience juive, quand bien même cette dernière se serait écartée des impératifs judaïques. 

J’ai écrit qu’Israël ne devait rien au Christianisme alors que ce dernier devait tout à Israël. Un seul manquement à cette règle : l’arbitraire imposé au seul pape qui sut préserver l’honneur de l’Eglise en arrachant à la bestialité nazie des centaines de milliers de Juifs. 

Que Justice lui soit rendue !

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