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Une approche plus fouillée du sujet m’amène à nuancer, voire à rectifier le point de vue  précédemment exprimé dans ces mêmes colonnes.

En vérité, Marinne Le Pen ne serait  pas,  à l’extrême droite du FN, même si de nombreuses hypothèques restent à lever. Aussi,  l’objectif essentiel de cette réflexion, est de démontrer, àl’exclusion de tout autre but, que Marinne Le Pen a vraisemblablement rompu avec le passé du Front National. Cette donnée est de nature à connaître des prolongements,  parce que,  tout en apportant un éclairage nouveau,  elle appelle encore des éclaircissements.   Le remarquable article de David Doucet publié dans l’excellent site SLATE.FR  contribue à dissiper les doutes à ce sujet.

Ainsi que le souligne donc David Doucet  pour expliquer le sens de son étude : « L’objectif de l’article était donc d’expliquer la rupture historique que connaît aujourd’hui l’extrême droite française.Jean Marie Le Pen a longtemps eu besoin des franges traditionnalistes et radicales pour rassembler autour de son nom l’extrême droite française. Aujourd’hui Marinne Le Pen peut s’en passer. A l’intérieur, comme à l’extérieur du parti, plus personne n’est en mesure de contester son « leadership. »

 Je poursuis la citation partielle  de l’analyse de David Doucet : « Convaincue que ces alliances ne sont plus nécessaires pour maintenir l’hégémonie du Front national à la droite de la droite, Marinne Le Pen joue désormais la carte de l’autonomie. Sa victoire au congrès de Tours entérine ainsi la défaite de l’extrême droite historique. »

« Durant longtemps, le FN a été un parti honnissant la «Ripoublique», revendiquant «ses attaches chrétiennes» et proposant un programme économique pour le moins libéral. Mais à partir de 2002, la montée en puissance de la fille de Jean-Marie Le Pen et sa liberté de ton par rapport à la ligne du parti (notamment son refus de s’opposer frontalement à la loi Veil sur l’avortement) provoque une «rénovation programmatique» et certaines dissensions au sein de l’appareil. En 2005, Bernard Antony, chef de file des catholiques traditionalistes décide alors de claquer la porte après 21 ans de service. »

« Malgré les tentatives des traditionalistes pour limiter son influence (comme lors du congrès de Nice en 2003), Marine Le Pen a gravi tous les échelons au sein de l’appareil. En 2008, Carl Lang, après avoir refusé de lui céder sa place de tête de liste aux élections européennes, choisit lui aussi de quitter le Front national afin de créer un mouvement rival, le parti de la France. «Elle ne m’a pas laissé le choix, il n’y a pas de compromis possible avec ces gens-là» explique-t-il aujourd’hui, dépité. »

La même année, Jean Claude Martinez, le «Monsieur fiscalité» du FN renonce lui aussi à continuer l’aventure. «Je ne me retrouvais plus dans ses orientations politiques et économiques, c’est devenu du centrisme son programme!»

Les deux hebdos nationalistes, Rivarol et Minute, ne sont également pas tendres avec Marinne Le Pen. Pour Jérôme Bourbon, directeur de publication à Rivarol, «le FN est désormais plus dangereux qu’un parti du système puisqu’il renie ses valeurs. Il représente les catacombes du nationalisme».

 

La fille de Jean-Marie Le Pen le leur rend bien: les deux publications étaient «interdites» du congrès de Tours. Le rédacteur en chef de Minute, Bruno Larebière, estime que «Marine Le Pen a fait le choix de rompre avec la presse “nationale” car elle bénéficie déjà de l’attention des grands médias (…) Elle ne supporte pas qu’un journal proche sur le plan idéologique puisse critiquer sa stratégie et sortir des informations dérangeantes».

« Aujourd’hui, créditée de 15 à 20% d’intentions de vote à deux ans de l’élection présidentielle, Marine Le Pen estime que sa stratégie est la bonne et qu’elle peut légitimement se passer de l’extrême droite historique, comme l’explique le sociologue Erwan Lecoeur. »

« Chef de file des courants néo-païens qui a quitté le FN en 1998, Pierre Vial estime qu’«une page du Front s’est tournée lors de ce congrès, Marinne Le Pen considère les courants historiques comme des handicaps pour sa conquête du pouvoir désormais».

 

« Elle sait que les militants issus des différentes chapelles de l’extrême droite traditionaliste (à savoir les catholiques traditionalistes, les néo-païens et les nostalgies de l’Algérie française voire pétainistes),longtemps majoritaires au sein de l’appareil, ne pèsent plus aujourd’hui sur l’avenir du FN pour des raisons essentiellement générationnelles.«Elle aurait plus à perdre qu’à gagner en réintégrant ces courants devenus anachroniques», analyse Sylvain Crépon. »

Ainsi qu’il vient d’être démontré, Marinne Le Pen  n’est probablement pas à l’extrême droite. Toutefois, elle devra bien comprendre la préoccupation des électeurs Juifs, traumatisés par ces pages de  l’histoire de France encore toutes souillées des flétrissures de l’extrême droite. Si la présidente du FN manifeste ainsi le courage de ses ambitions en sachant correspondre à cette attente, nul doute qu’un grand nombre de Juifs Français lui répondra. Nous devons observer cependant que la rupture avec le passé du FN ne garantit pas, pour autant, du risque  de renforcement d’une certaine politique pro-arabe, si Marinne Le Pen devait poursuivre son ascension…

La comparaison paraîtra osée mais le général de Gaulle fut confronté à un problème similaire lors de son arrivée au pouvoir en 1958. Un militaire au pouvoir, peut indiquer un risque de dictature. Ce fut d’ailleurs une des premières questions qui lui fut posée publiquement. On se souvient de sa réponse : « J’ai rétabli les libertés, pourquoi voudriez vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? »

Certains handicaps empêchent que tel homme ou telle femme donnent toutes les chances à leur destin. Quand bien même, Marinne Le Pen ne se situe pas aux extrêmes de son parti, celui-ci, en raison de son passé plutôt sulfureux alimente plus qu’une inquiétude, que Marine Le Pen devra dissiper, si elle veut préserver toutes ses chances.

 Par ailleurs, et cette information pourrait compromettre l’avis exprimé plus haut : Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim a dit  que « le Front national était une menace pour les valeurs de la République » . Il a jugé aussi que « les valeurs du judaïsme » étaient « étrangères à ce qu’est viscéralement » ce parti, même si celui-ci « cherche à se refaire une virginité » depuis l’accession à sa tête de Marine Le Pen. Le Grand Rabbin de France en a trop dit pour garder le silence. Il doit s’expliquer. Serait-il informé de ce que nous ignorerions ?

 source :  arnoldlagemi.com

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