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La vraie liberté n’est pas de secouer la loi, la liberté, la vraie, c’est la conscience de la loi!   (Miguel de Unanumo)

L’antisionisme mêle à l’antisémitisme  le  ressentiment anti Israélien,  justifiant  ainsi le grief  d’incitation à la haine raciale et banalisation du génocide.  

  Larousse: Hostilité à l’existence ou à l’extension de l’État d’Israël

 Un  de mes anciens élèves,  David Riccardi commente, avec gravité mais optimisme, le dernier article.

Bonjour Arnold,   mendes

                                        J’ai lu avec grand intérêt votre contribution qui me replonge dans une ancienne discussion. Je partage malheureusement vos constat s’agissant d’une recrudescence de l’antisémitisme que nous connaissons depuis plusieurs années et sur le fait qu’elle se camoufle derrière des revendications plus facilement assumées, non pas d’antisémitisme mais d’antisionisme. 


Nous parlions lundi du beau métier d’enseignant ; Il est clair que  la fonction a éliminé l’éducateur  impliqué dans l’art d’enseigner. Celui ci  se limite  à débiter un savoir plus qu à éduquer.

 J’ai été, à ce sujet,  lié à de malheureux incidents qui, sans me conduire au renoncement   m’ont laissé assez amer.  On  oscillera  d’une certaine forme, effectivement assumée, d’antisémitisme s’accompagnant  des prétextes les plus fallacieux  pour justifier le recours aux voies de fait, de plus en plus résurgentes

 : j’ai séparé deux étudiants qui se sont battus très violemment à l’issue de l’un de mes cours où je parlais d’ailleurs des principes républicains de la Constitution de 1958. Les violences sont toujours déplorables mais ce sont les raisons de celles-ci qui, en l’occurrence, m’ont laissé pantois : un jeune homme noir a interpellé un camarade:

. « eh toi, le chintoc, pousse-toi de là »… Le second lui a répondu par cinq coups de poings d’une extrême violence au visage ! Et le premier de se justifier:
 « moi on m’appelle toujours le négro, salle nègre etc. … ça ne me gêne pas ».
 Le second de se justifier, « c’est une réponse normale à la provocation, moi on ne me parle pas comme ça; maintenant il sait! ». 
Je crois que tout est dit.

Cet incident m’a rappelé celui dont j’ai été témoin à l’ESED, (votre chère Ecole!) et pour lequel j’étais ensuite venu vous confier mes états d’âme. Je pense que vous vous en souvenez. Un élève agacé par l’attitude « prétentieuse » d’un camarade, Juif, par ailleurs,  l’avait insulté,  en prenant appui  sur la référence à son identité juive.

 
 L’élève insulté cultivait la  provocation certes,  mais rien ne pouvait  justifier la déviance facile et inacceptable de  l’offense à caractère racial ou l’insulte qui, elle seule proférée,  reste une carence irrecevable.   L’élève insulté  était allé jusqu’à me dire qu’il vivait dans des conditions exceptionnelles que soutenait un niveau de vie  qui l’autorisait à prétendre que  « sa voiture et  son permis »  restaient  à sa disposition  
Sans  les principes reçus  dans ma famille,j’aurais pu me laisser aller à éprouver à son égard jalousie et envie. Et quand bien même  la provocation fut incitatrice d’une réaction, celle par le recours à   l’insulte raciale, ôtait à  son ‘auteur la bienveillance que lui eût concédé une réaction proportionnée.
 
 Pourquoi l’élève insultant a t-il pris l le parti d’agresser son camarade dans  l’identité  des origines?  .
 

 J’ai acquis la certitude que l’antisionisme plus ou moins assumé cache souvent un antisémitisme qui lui n’a rien de nouveau, il dure au moins depuis la fuite d’Égypte ! En cela je vous rejoins sans réserve.

 
Comme signalé plus haut, je vous confirme que j’ai affronté récemment une de mes étudiantes convaincue que  l’antisionisme n’est pas la même chose que l’antisémitisme, que  c’est une idée qui se défend! Quand bien même il y a différence, les dangers ne sont pas nécessairement identiques, Mais vous laisser livrer votre appréciation ouvre la porte à des inspirations assurément novatrices qui me paraissent devoir être mêlées! 
 Vous ne détenez pas « l’Etoile Jaune »  que porta, PIERRE MENDES FRANCE , sans raison,  et vous ne la présenteriez pas comme un défi, si cela n’avait  entraîné  l’adhésion à un engagement humaniste où  témoins et victimes  signent de la même encre, celle de l’exemplarité! Et puis, Mendès France, c’est ZOLA  JAURES GAMBETTA….C’est la France, non?
 
Autre péripétie : il y a quelques semaines, j’évoque la question de la protection de la dignité de la personne humaine par le juge administratif. Deux arrêts du Conseil d’Etat s’y réfèrent, l’un concerne les propos antisémites de Dieudonné.
Réaction affligeante et décevante en dépit de la certitude qu’ être excessif n’oblige pas à la dévotion   de  la haine!
Je pense en revanche qu’une nuance optimiste peut tempérer votre propos. Par manque de connaissance plus que par antisémitisme pernicieux, je crois que certains confondent l’antisionisme dans ses ressorts intimes avec la contestation de choix faits par les dirigeants de l’Etat d’Israël. Je crois que l’on peut critiquer des choix politiques d’Israël comme d’ailleurs, ce n’est pas être antisioniste. Je crois en revanche que l’antisionisme véritable, celui qui consiste à renier l’attachement du peuple juif à sa terre se confond effectivement avec l’antisémitisme..
Bref, j’aimerais voir un avenir plus lumineux et aujourd’hui je dois dire que je ne vois pas tellement d’issue à tout cela.
A bientôt. 
DAVID RICCARDI                                                 

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