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Biographie

Rédiger sa biographie est une aventure bien périlleuse car une orientation est implicitement suggérée, amputant le texte de l’objectivité dont l’auteur prétendait se parer.

Faut-il prendre du recul ou ne dire que ce que les autres savent ou espèrent ? Ou  faut-il n’évoquer que ce qui est  essentiel à ses propres yeux, en s’exposant au risque d’occulter ce qui est capital au regard des autres ?

Je vais opter pour une voie médiane en abordant ce par quoi, je signe les actes importants de ma vie jusqu’à ce jour : Dire l’essentiel, même en désordre. Ne cherchez pas LA chronologie. Voyez plutôt MA chronologie.

Je suis né à Alger en 1945 dans une famille bourgeoise et assimilée. Grâce à ma mère, je découvris le sens du merveilleux et c’est à elle que je dois aussi la certitude que toute forme de combat transforme en vainqueur celui qui s’y livre.

Etudes secondaires chez les Pères Jésuites. Période faste où les Pères m’aidèrent à voir, d’abord et surtout en moi. Puis études d’histoire et de philosophie. Mais intervalle douloureux.

Fallait-il rester Juif, dont j’ignorais le sens. Ou franchir le pas par la conversion ? Je suis resté Juif, peut-être, animé par le sentiment confus mais tenace de la fidélité.

La curiosité a été toute  mon adolescence et  ma jeunesse. Séjours fréquents chez les Pères Trappistes de Notre Dame de l’Atlas. Découverte du silence, le vrai, celui qui  terrasse,  quand les battements du cœur vous envahissent,  tempéré par le chant grégorien. Vanité du monde, néant et panache, vide et saturation, grandeur et misère de l’homme.

Début dans le journalisme. Alger, Journal Al Chaab : Entretiens pédagogiques. Déjà ! J’avais 18 ans. Des prénoms  reviennent à ma mémoire, comme autant de soleils: Sylvia,  Mihal, Lilo !

Paris, rencontres décisives. Philippe Tesson, Joseph Kessel et deux hommes que tout oppose mais que l’essentiel réunira pour mon salut, Léon Askénazi (Manitou) et André Malraux.

Collaborateur de Combat. Mariage avec Annie, dont la seule présence fut le  soleil de mes jours sombres et le « rocher » auquel je m’agrippais quand la glissade menaçait. Sans elle, je n’aurais pu créé l’école!

1975, naquit donc l’ESED (Ecole Secondaire d’Etudes Dirigées) Collège-Lycée pour gosses en échec. Pas un sou pour réaliser mon projet. Mais des parents qui tissèrent la toile où j’emprisonnais et détruisis tous les obstacles.

Je veux rendre hommage à Edmond Bourge, Mr Bosch, Mr Chevance sous préfet de Palaiseau, à Dominique Fontenaille, mon adjoint à qui je dois tant, au rabbin Khalifat, à ma mère,  à mon beau père, Joseph Cohen Scali, à Mr Adiba de Créteil, à mon neveu Guy Touati qui composa le premier emploi du temps.

Chacun avec les moyens et talents qui furent les siens m’aida à bousculer les ténèbres, me permit de me saisir de ma chance et transforma ce temps en années ardentes où,  de gamins sortis de l’ornière en ados arrachés à la nuit, j’allais, sinon de clocher en clocher, mais de réussite en victoire à la rencontre d’Arnold Lagémi, cet autre moi-même qui me persuada que rien d’humain ne peut s’opposer à une volonté franche.

Ce fut ma chance et celle de tous ces gosses qui pensent qu’ils me doivent beaucoup mais qui ignorent que je leur dois,  l’idée que je me fais de la vie, c’est-à-dire de l’essentiel.

A côté de mes trois enfants et six petits-enfants,  mes élèves occupent une part dans mon souvenir dont ils ne soupçonnent pas l’intensité et la valeur.

Stéphane, Jean Yves, Benjamin, Sandrine, Roseline, David, je vous cite, non pas, parce que je vous aime plus que les autres, tous les autres, mais parce que je veux accrocher mon souvenir à quelques visages, seul moyen de faire ressurgir les autres, tous les autres, dont j’aime comparer le souvenir présent et fidèle, à la valeur d’un verre d’eau fraîche offert en plein désert !!!

Plusieurs fois j’ai employé dans ce texte le mot soleil. Mais le soleil qui nous réchauffa pendant 28 ans fut,  d’une telle luminosité qu’il m’oblige à arrêter là cette biographie, car il illumine encore par son empreinte ces pages de vie qui obligent tous ceux qui s’y sont réchauffés à ne plus évoquer quoi que ce soit qui oserait se mettre en concurrence avec cet Austerlitz de la volonté,  ce Wagram des retrouvailles avec soi même, de ce Marengo de la confiance en soi.

J’en profite pour saluer le courage et la détermination de Corinne Ruiz qui dirige aujourd’hui l’école,  avec les vertus cardinales de tout chef: fermeté et souplesse; bien conscient qu’il ne fut pas aisé pour elle de s’asseoir à ma place, moins parce que j’étais irremplaçable que parce que des habitudes avaient défini un cadre dont il n’était pas aisé de se soustraire.

Elle sut, cependant avec patience, élégance, compétence et…efficacité garder du cadre ce qui en maintenait l’âme tout en s’éloignant de pratiques qui en compromettaient l’esprit.

C’est en sachant d’où l’on vient qu’on trouve la force de  poursuivre sa route.

Quant à ce blog, il sera surtout la façon avec laquelle je vois le monde aujourd’hui, sous ses aspects les plus divers.

Notamment  ce petit bout de terre que tout le monde dénigre où vivent mes enfants et petits enfants et dont la vocation à illuminer le monde est semblable à celle de notre chère France, vous l’avez deviné, il s’agit de l’Etat d’Israël !!!

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