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Le traité talmudique BERAKHOT soutient que le rêve est un soixantième de la prophétie. D’emblée une telle affirmation détache le rêve et sa signification de la divagation médiumnique   et le rattache  à un des sommets de l’étude du sacré.

 

En effet, proclamer que le rêve relève pour partie de la révélation prophétique, quand bien même pour un soixantième, confère au rêve une contribution partielle mais authentique à la connaissance de soi. Débarrassée de la pollution fantasmagorique le rêve conserverait donc  une signification en soi qui est de nature à éclairer l’homme sur  les replis secrets de  sa vie  psychique.

 

Mais si le rêve constitue une fraction du résidu prophétique, il importe de définir le contenu de la prophétie pour déterminer l’importance éventuelle de cette filiation.  Disons nettement que la prophétie n’est pas voyance, voire clairvoyance mais estimation morale d’une réalité.

 

Le prophète vient rappeler le « mode d’emploi » d’une existence fondée sur le primat de l’Ethique. Et si besoin est, ce rappel précisera  le coût du manquement. D’où le danger à isoler ce rappel nécessaire des conséquences inéluctables  de la violation de  l’Ethique de la dépréciation morale qui en reste le cadre.

 

Resté prisonnier du savoir qu’il n’y a pas de « violation gratuite » c’est  limiter la révélation prophétique à la  connaissance de la sanction qui ne la concerne  qu’en partie.  La prophétie est essentiellement révélation d’une  Connaissance concomitante. C’est en ce sens, et, en ce sens seulement qu’elle concerne le rêve et sa signification.

 

Mais le « rêve » dévoilé est-il abandonné au seul psychanalyste ?   Ou, pour être plus rigoureux,  le psychanalyste doit-il être élève des prophètes  pour interpréter le rêve ?  L’aspect formel de l’analyse révèle une carence rédhibitoire : il n’est pas exigé de l’analyste une relation particulière avec le patient qui situerait son intervention dans la filiation prophétique !

 

Il y a cependant une condition essentielle à honorer qui relierait l’analyste au monde de la prophétie. Le patient doit être relié à celui qui dispense les soins par le sentiment d’amour ! Il doit donc connaître le « patient » et entretenir avec  lui une sympathie qui lui donne droit et l’habilite à interpréter le rêve. « Je ne suis pas venue sur terre pour partager la haine mais pour partager l’amour. » Cette proclamation d’Hermione s’applique au psychanalyste comme condition préalable à l’exercice de son art !

 

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