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Un des principaux objectifs de l’antisémitisme aujourd’hui, c’est la pratique outrancière de l’antisionisme dont le mode opératoire consiste à multiplier les faits imputés, réels ou imaginaires, tout en s’abstenant d’une analyse complémentaire approfondie : le matraquage factuel, toujours plus rentable que les constructions théoriques. Il y a peu de temps encore le discours antisioniste évitait le débat de fond : la réflexion sur la motivation historique du sionisme, les données philosophiques ou les exigences morales à ce sujet étaient totalement escamotées et l’accusation se limitait toujours à l’anecdote. La quasi-totalité des discours, ou des écrits antisionistes abandonnaient très vite l’argumentation contre l’entité morale qu’est le sionisme pour se limiter à l’arsenal pratiqué depuis des siècles : les attaques à la personne.

Terrain plus facile car « un Juif fait » est plus facile à imaginer que de déterminer les contours identitaires de « un juif est, » sioniste de surcroît. On peut mentir dans le premier cas. C’est impossible dans le second. Car sans analyse et démonstration, il est impossible de définir l’être. On entendra rarement l’exposé expliquant l’absence de droits Juifs sur la Terre d’Israël. Par contre, on sera « édifié des exactions commises par les sionistes. »

Et pourtant, en dépit de ce que vous venez de lire, une page de l’antisémitisme est en train de se tourner. Les antisémites hésitent de moins en moins à s’attaquer aux fondements, à la racine du sionisme. Ils profitent de l’occasion pour y englober tous les domaines de la culture et de la civilisation hébraïques : rituel et pratiques religieuses, principes moraux de la Thora, contestation religieuse de l’Election d’Israël, etc….que par allusions directes ou indirectes ils relient au sionisme, responsables à leurs yeux de tous les maux et fléaux.

L’antisémitisme retrouve là un des domaines où il a excellé durant près de vingt siècles : la tentative de déstabiliser le corps en s’attaquant à l’âme, faute de pouvoir faire mieux. En effet, durant près de vingt siècles, le Christianisme tenta de « convaincre » Israël qu’il n’était plus le peuple élu, fonction qu’assumait l’Eglise désormais. Depuis Vatican II, la volonté de conversion s’est assouplie, au moment même où Israël était attaqué physiquement, dans son histoire, dans son corps.

La lutte dure depuis trop longtemps pour les antisémites qui ne voyant pas de progrès par les moyens tactiques utilisés jusqu’alors décidèrent de revenir aux moyens éculés : faire douter Israël de lui-même ! Car, s’attaquer au corps renforce ce dernier en suscitant, comme chez tout un chacun, solidarité, fraternité et secours mutuel. Tandis que s’attaquer à l’âme est porteur de promesses, car la victime qui doute est toujours seule. Et la solitude est souvent le gant qui cache la main qui frappe.

Or, l’âme d’Israël aujourd’hui, collectivement parlant, c’est bien plus la préoccupation de la relation avec la Terre que le souci du reste. Aujourd’hui, c’est la relation avec l’Etat d’Israël qui définit l’identité juive.

Sioniste ? Asioniste ? Antisioniste ? Pour des concessions territoriales aux Palestiniens ? Contre ? Bref, c’est, par rapport à la terre, qu’en Israël ou en Diaspora se définit l’identité juive.

C’est donc tout ce qui touche à l’identité que les antisémites veulent désormais atteindre. Tout comme après la guerre des six jours, c’est la victimisation des Palestiniens qui rapporta bien plus de dividendes que la promesse d’anéantissement de l’Etat d’Israël.

De plus en plus d’interventions médiatiques (TV, cinéma, théâtre, presse, Internet etc…) dépassent l’anecdote antisioniste pour s’attaquer au fond du problème soulevé par le sionisme. De fins analystes comparent cette manière de procéder aux grands débats théologiques du Moyen âge où, de haute lutte, chaque partie essayait de convaincre l’autre, les Juifs devant souvent s’abstenir en raison des pressions exercées.

On voit des intellectuels de renom s’interroger sur la légitimité du Retour des Juifs à la terre. Certains adeptes d’autres religions n’hésitent pas à critiquer la prétention rédemptrice d’Israël rencontrée chez les observants des prescriptions mosaïques. Dans le combat contre l’âme d’Israël, on n’hésite pas à s’attaquer à ce qui était établi durant des siècles et reconnu même par les antisémites : le particularisme juif et son universalisme messianique.

Un exemple qui pèse lourd et peut occasionner des dégâts chez ceux qui ne « savent » pas. Une des valeurs universelles du peuple Juif est l’amour du prochain : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Lévitique XIX 18. Occultant tous les versets de la Thora désignant le « prochain » comme l’étranger, l’antisémite d’aujourd’hui ne retiendra que le verset 16 du Chapitre XIX du Lévitique : « Ne sois pas rancunier à l’égard des fils de ton peuple » pour conclure que la rancune à l’égard de l’étranger est licite parce que « tu aimeras ton prochain comme toi-même » désignerait le Juif exclusivement !

Cet antisémitisme-là est un des plus dangereux qui soit parce que, tel Amalek, il frappe les plus faibles. L’impact de ses armes est redoutable car il peut miner les vraies forces d’Israël, celles de son âme. On remarquera que la stratégie destructrice utilisée, tant en Europe durant des siècles, que maintenant au Moyen Orient, passe selon les opportunités tactiques, de la volonté de détruire le corps, à la folle ambition d’arracher l’âme d’Israël.

Enfin l’antisémitisme qui s’attaque à l’âme d’Israël est aussi, peut être d’abord, une forme de prosélytisme, dans la mesure où cherchant à faire douter les Juifs d’eux-mêmes, il souhaite les faire passer dans un autre camp, dans un « nouveau paysage culturel » comme dirait Manitou. En ce sens, il est éminemment pernicieux.

Avant les antisémites passaient vite aux voies de fait et s’y limitaient. Aujourd’hui, ils écrivent, ils parlent. N’ayons pas d’illusions, le danger est le même : l’anéantissement d’Israël et des Juifs.

Arnold Lagémi             www.terredisrael.com

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