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Par Arnold Lagémi

BIEN PLUS PROUVER UNE RUPTURE QUE CONVAINCRE D’UN PROGRAMME !

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Au cours d’élections internes au Front National, Marinne Le Pen a été désignée pour succéder à son père à la Présidence du parti frontiste. Déjà, de très récents sondages plaçaient la fille de Jean Marie Le Pen en progression constante dans l’estime des Français. A peu de temps des élections présidentielles, faut –il y voir matière à se réjouir ou motif à l’inquiétude légitime? 

Avant de répondre à ces interrogations, essayons de déterminer « qui et comment » pourraient contrarier les probables ambitions présidentielles de Marinne Le Pen. Nul doute que le Président Sarkozy a de nombreuses cartes dans son jeu. S’il veut solliciter un deuxième mandat, il devra agir, agir vite et bien, afin que la machine médiatique puisse s’emballer sur la voie des résultats espérés et non plus prendre acte de promesses en attente d’exécution.

Il est vrai que dans la course élyséenne, les estimations changent très vite. Cependant, la confiance appuyée de Français de plus en nombreux, à une éventuelle candidature de la présidente du Front National à la magistrature suprême, s’inscrit désormais dans une réalité tangible. On est loin des chimères que cette ambition jugée démentielle et irréaliste, suscitait il y a peu encore.

De nombreuses hypothèques devront être, cependant, levées, car Marinne le Pen n’est pas fille de n’importe qui. Son père, a été condamné plusieurs fois pour violations diverses des dispositions légales combattant le racisme. A l’égard des Juifs notamment. Il importe que par des gestes forts, elle réprouve l’attitude de Jean Marie Le Pen sur ce sujet, et prenne ses distances avec une extrême droite souvent ringarde aux accents ridicules « d’Algérie Française » qu’accompagne cependant, une idéologie radicale, soutenue et élaborée.

Cette dernière mouvance qui remonte à fort loin n’a pas encore fait son deuil de certains idéaux, poussiéreux certes, mais d’une dangerosité extrême Là aussi, Marinne Le Pen devra être claire. La future candidate ne devra pas négliger, par ailleurs, de préciser son positionnement face aux poussées extrémistes d’une Eglise qui supporte de plus en plus mal Vatican II et ses conséquences.

Enfin, concernant Israël, les positions de Marinne Le Pen restent celles de la base du «politiquement correct. » « Reconnaissance d’un Etat Palestinien et sécurité pour Israël » Ces lieux communs risquent de voler en éclats et de ne plus correspondre à grand-chose devant la menace iranienne sur laquelle l’éventuelle candidate devra également se prononcer.

A ce sujet, on aimerait entendre Marinne Le Pen se prononcer sur le droit d’Israël à la légitime défense. A maints égards, le vote juif, est loin d’être, à priori, « contre Marinne Le Pen. » Mais il est évident que, si la candidate d’extrême droite souhaite pêcher dans les eaux juives, elle devra donner des preuves d’intérêt et d’amitié à un public plutôt méfiant.

On le voit, le parcours n’est ni simple, ni facile, pour l’éventuelle candidate FN. L’héritage dont elle est, qu’elle le veuille ou non, dépositaire, nécessitera des positions accompagnées de mises au point indispensables. L’essentiel sera contenu dans des initiatives qui ne devront pas prêter à l’équivoque, mais convaincre de la rupture tranchée avec l’ancien chef de l’extrême droite. Somme toute, elle devra bien plus prouver une rupture que convaincre d’un programme. C’est le prix à payer pour conserver toutes ses chances.

Mais le père, saura t-il se taire pour permettre la réussite de sa fille ? Voudra t-il se maintenir dans un mutisme, salvateur pour la préserver, mais suicidaire pour l’image qu’il laissera de lui-même ? Tout laisse à prévoir que, dans cette perspective, Jean Marie le Pen ne sera probablement pas soutenu par ses amis des premiers jours, arrière garde encore influente de l’extrême droite française.

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