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L’habitude nous éloigne souvent des principes de la culture dont on se réclame. Evoquer la droite ou la gauche à propos de la réalité politique israélienne procède de cette conception issue de ce qu’on a l’habitude d’appeler « l’assimilation. »

Il est singulier, en effet, d’entendre les tenants d’une politique intransigeante, refusant toute concession à l’adversaire, se désigner sous le vocable de droite, comme il est, tout à fait, surprenant de constater que leurs opposants se déterminent  sous la bannière de la gauche. Les militants de ces deux orientations sont-ils conscients des dangers inhérents à l’utilisation de ces termes   qui renvoient  tout un cortège de fatalités bien plus proches d’une conception occidentale de la politique que de l’idéal du peuple juif prétendant qu’en retournant à sa terre, il revient en même temps à ses sources ?

 

Il y a danger assuré à ne pas changer ce comportement à ce sujet.  Tant pour les Juifs que pour les non Juifs, ces désignations renvoient à toute une succession de clichés préjudiciables. D’abord,  parce qu’ils ne reposent sur aucune authenticité juive, en raison de leur nature de valeurs importées. Et l’on peut légitimement se demander si l’on n’a pas cédé à une bien coupable facilité en ne faisant pas preuve d’imagination dans la désignation des diverses orientations de la politique israélienne.

Il n’est pas établi que la mauvaise image d’Israël dans le monde ne soit pas liée, entre autres,  à ces facilités de langage qui,  favorisant la désignation,  éloignent cependant des réalités. La gauche, en Europe est éloignée d’une conception disons, biblique de l’homme et du monde. Certaines tendances de la gauche israélienne renforcent cette approche jusqu’à l’extrémisme, alors que d’autres la nuancent jusqu’à une perspective jugée droitière en Europe où les différences droite/gauche sont tranchées.

 Elles le sont devenues en Israël, bien plus par mimétisme que par vocation. Il est probable que l’observateur étranger, décontenancé par ces définitions et les réalités qu’elles recouvrent,  ne pouvant y   greffer aucune objectivité  qui lui soit familière, les attribue  à un « esprit  approximatif et opportuniste» n’appelant pas plus la sympathie que l’amitié.

La qualité de vice président de l’International Socialiste du Président actuel de l’Etat d’Israël, mission probablement   nécessaire, recèle toutefois un aspect saugrenu, dans la mesure où elle créditerait cette situation du sceau de la conformité, à laquelle pour les raisons exposées ici, elle ne peut prétendre.  

Le kibboutz, même si ce n’est plus le cas,  a joué un très grand rôle dans la constitution de la conscience politique israélienne. (Il est loin d’ailleurs d’être établi que dans l’imaginaire collectif, il ne joue pas encore ce  rôle, de référent incontournable.) Or, il y a des kibboutsim socialisants avec des  nuances allant, pour reprendre les vocables habituels, de l’extrême gauche révolutionnaire aux fermes quasi collectives où le capitalisme régnant s’accommode d’une définition socialiste relevant d’un passé révolu. Comme, fait unique, nous voyons des kibboutsim, se réclamer d’une observance religieuse plutôt orthodoxe. Or, ces espaces où  partage socialiste et  pratique religieuse vivent dans une symbiose sereine, échappent radicalement aux définitions occidentales. D’où l’engouement qu’exerçait le kibboutz sur la jeunesse occidentale.

A l’évidence, et, progressivement, ces définitions étant entrées dans les mœurs, des changements de désignation s’imposent au nom d’un sionisme épuré qui, sans redevenir, du moins, dans l’immédiat, objet d’adulation, pourrait par ces réformes insignifiantes en apparence, mais capitales, en vérité,  converger vers ces temps où Israël, par ses innovations en tout domaine restaient objet d’admiration.

Toute compromission entre le sionisme et des comportements qui lui sont étrangers mènera fatalement à une remise en question de la légitimité du Retour, fatalité à laquelle nous assistons déjà.

L’objet de cette bataille n’aura pas échappé. Il s’agit de maintenir par ces réformes « le caractère juif de l’Etat d’Israël. » Le sionisme est une valeur sacrée. Ne pas le maintenir sur les hauteurs, c’est déjà le renier

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