Arnold Lagémi

Un des objectifs du président Busch était d’imposer la démocratie au Proche et Moyen Orient, comme préalable à toute réforme en profondeur. Cet objectif a été négligé. C’était le seul, cependant, à permettre d’entamer une réforme fondamentale susceptible de modifier comportements et mentalités, dans une région du monde où, Israël mis à part, on considère que c’est la force et la puissance qui définissent le Juste. L’inverse restant l’aveu de la faiblesse.

D’abord, en Israël, quelques retouches s’imposent. Au nom d’une pratique manifestement détournée de sa vocation, on dépasse, la liberté d’expression démocratique, pour atteindre parfois, la « confusion d’expression. » L’affaire palestinienne en est l’illustration. Le plan Sarkozy suscite l’intérêt du Premier Ministre Israélien, puis ce plan est soupesé avant d’être rejeté ! Ne parlons pas des interventions d’Abu Mazen dont les commentaires relèvent du farfelu.

Chacun y va de son commentaire, alors que la bonne foi est de reconnaître que nous ne savons rien des intentions des dirigeants. On affirme, on dément, on confirme et tel, le menuet, deux pas en avant, et deux en arrière, on fait du bruit qui s’ajoute à la fébrilité, mais on n’avance guère. Et puis, maladie fréquente en démocratie, la liberté n’épargne aucune occasion à démontrer son intérêt pour l’outrance. Le Premier Ministre est adulé puis soupçonné des pires compromissions, en attendant l’inverse, le tout sous le regard, même plus étonné d’une population, dissuadée de tenter de comprendre.

Nous sommes dans l’inflation de l’oral, dans l’hémorragie du verbal, bref nous atteignons les limites du démocratiquement supportable, parce que la démocratie a bien des défauts comme l’affirmait Churchill, mais elle ne fait pas le lit du désordre !

Par ailleurs, certaines critiques du pouvoir en place ont des accents péremptoires qui ont tendance à faire oublier que le gouvernement est issu de la volonté du peuple. La situation de danger dans laquelle se trouve Israël, fragilise ce gouvernement s’il ne sent pas un vaste consensus favorable à sa politique. Aussi, pour des hommes d’honneur et pragmatiques dans leurs conceptions politiques, il n’y a pas d’autre alternative à une soumission à « l’union sacrée » qui prévaut quand la sécurité est menacée. Ou alors, option ultime, l’opposition franche et déclarée qui doit dépasser l’étape du commentaire pour rejoindre celle du militant ou du Résistant !

N’oublions pas que divulguer et commenter l’information est d’abord un métier, et procure donc une source de revenus. Dès lors que cette vérité est établie, les conseils de Descartes, ne manqueront pas de s’imposer à nous : n’établir pour vrai que ce que nous avons vérifié.

Suggérer une initiative au gouvernement légitime, en période de crise, témoigne, outre de l’orgueil, d’un jugement disqualifiant sur ce gouvernement. Et si la suggestion vient de diaspora, ça en devient grotesque. Il faut partager le destin d’un peuple pour lui conseiller tel ou tel chemin. A moins que le peuple ne fasse appel à l’extérieur, mais ce cas de figure est loin de s’inscrire dans le cadre de l’évènement.

Cependant, ce silence doit être rompu quand la nécessité de protester devient un devoir. « Le silence devient un péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ; et, d’un homme, il fait alors un lâche » disait Abraham Lincoln.

Les récentes manifestations auront eu le mérite de confirmer qu’elles s’inscrivaient dans la nécessité.

NB/
Un aspect partiel de la documentation utilisée :
Mr Juppé favorable à une reprise des négociations sans condition préalable, comme l’arrêt des implantations et le gel des constructions :
http://www.romandie.com/news/n/_PalestineONU_pas_de_vote_avant_plusieurs_semaines_210920112309.asp
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Le président Sarkozy aurait dit au Premier Ministre Israélien que les Palestiniens « devaient admettre que l’Etat d’Israël est l’Etat des Juifs » :
http://www.lepost.fr/article/2011/05/05/2486509_israel-sarkozy-veut-il-vraiment-reconnaitre-un-etat-juif-selon-natanyahu.html

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