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Pour aller sans détour à l’essentiel, je dirais que, l’homme attendu, espéré, reste celui qui comprend les mécanismes secrets par lesquels, en démocratie, le peuple désigne ses chefs.

Il faut bien comprendre que le pouvoir n’étant plus héréditaire, mais consécutif à un choix, l’homme providentiel devra en tenir compte et utiliser une « carte » originale qui obligera un élément irrationnel à entrer en compétition avec les projets ou bilans réalistes : la séduction !

Généralement, « l’homme espéré » ne joue avec la séduction que le temps nécessaire pour anesthésier les réactions d’auto défense. Et, du Président de la République au vendeur de prêt à porter, l’étape préliminaire, essentielle et déterminante résidera dans la capacité à exalter l’irrationnel, c’est-à-dire, ce qui est incontrôlable mais atteint la racine de l’être, dans l’image d’estime ou de mépris qu’elle nourrit pour elle-même.

Le vendeur affirmera avec autorité : « ce vêtement est fait pour vous ! » jugement péremptoire qui empêchera la survenue de l’analyse objective et le chef politique, fera émerger, pour l’essentiel, toutes les frustrations et humiliations, qu’il évitera d’analyser mais utilisera comme levier d’adhésion à son programme. Son pouvoir à portée exclusivement « séduisante » ne sera seulement utilisé que, privé de toute référence au réel, même ébauché. Le politicien perdra la partie, parce qu’il n’aura pas su intégrer le positif dans l’utilisation des arguments objectifs. S’il demeure seulement irrationnel, il lui faudra le talent d’un de Gaulle, d’un Hitler, d’un Napoléon pour faire basculer un peuple dans une aventure, exaltante, exotique ou…suicidaire.

Pourquoi « l’ homme providentiel » ne peut-il éviter de recourir à l’arme subjective de la séduction ? Parce que tout projet politique doit être porté par un souffle, par une mise en scène. On n’entraîne pas les masses derrière soi en lisant le rapport annuel de la Cour des Comptes mais en rappelant que cheminant sur les pas de ce qui fut illustre, on rencontrera notre âme et notre destin. On ne convainc plus sur des faits mais sur une exaltation, combustible souverain de la séduction.

Tout peuple n’accordera sa confiance qu’à celle ou celui capable de réveiller ses rêves. Malraux parlant de de Gaulle disait « l’homme qui maintint l’honneur de la France comme un invincible songe » La question est de savoir si le rêve de « l’homme providentiel » est une opportunité à ne pas manquer ou un risque majeur à éviter parce que le rêve est devenu cauchemar.

Dans l’histoire contemporaine, les chefs palestiniens n’ont pu empêcher le fantasme émancipateur de devenir un inévitable cauchemar, parce que la séduction seule figurant dans l’arsenal, il fallut lui adjoindre le mensonge pour la rendre crédible. Yasser Arafat fut probablement un leader charismatique mais certainement pas « l’homme providentiel » que les Arabes attendaient.

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