Arnold Lagémi

Les Juifs ont un Etat reconnu par les Nations. Cet Etat est indépendant et il donne des gages de sa liberté chaque jour davantage. La reconnaissance de l’Etat Juif par les Nations Unies est une donnée établie certes, mais elle reste bien plus une admission de facto qu’une reconnaissance attachée à l’identification de l’essence juive, judéenne que les nations du monde reconnaîtraient comme indissociable de l’histoire du peuple juif.

Deux personnages pourraient aider à cette authentification, Sa Sainteté le pape Benoît XVI et sa Majesté, la reine Elisabeth II d’Angleterre. Pour le pape, en dépit d’une reconnaissance administrative admise quelques décennies après la naissance d’Israël, on peut déplorer  que la théologie n’a pas suivi l’administration vaticane, et qu’au regard de l’Eglise, la terre sainte est privilégiée à l’Etat Juif, ce qui veut dire bien plus que la seule apparence.

La position papale serait l’affirmation que le peuple juif reste, seul, porteur de la rédemption. On ne serait pas loin de la vérité en affirmant que théologiquement parlant, l’Eglise en est toujours restée au « non possumus »  lancé à Herzl comme un compliment méprisant.

Une visite de la reine d’Angleterre, par contre,  signifierait bien plus qu’une reconnaissance administrative ou politique.

Elle rappellerait d’abord que la souveraine britannique, dont le statut héréditaire échappe aux contingences du pouvoir détenu par le suffrage universel, renvoie à l’essence même de l’histoire de l’Angleterre et par extension aux liens mystérieux de l’exercice du pouvoir tel qu’il fut pratiqué à l’aube de la civilisation.

Quand bien même la souveraine britannique est privée de tout pouvoir, la puissance symbolique attachée à sa personne explique l’indéfectible attachement du peuple britannique  pour sa royale personne et sa famille. La reine Elisabeth II, reste la figure emblématique de l’Angleterre certes, mais en même temps sa couronne la relie à toute une civilisation dont elle reste, pour l’Europe quasiment la seule détentrice de tout un parcours historico-politique dont la relation au peuple juif est lourde de sens.

Une visite en Israël de sa Gracieuse Majesté confirmerait, que,  parlant au nom de l’histoire, prétention qu’elle seule peut honorer,  elle affirmerait que le peuple juif est confirmé d’une part dans sa légitimité politique et d’autre part dans sa validité et sa conformité.

Que des Juifs, des Israéliens puissent accueillir la souveraine en chantant « G.od save the queen » signifierait l’authentification de la décision qui a permis en 1948 la naissance de l’Etat d’Israël.

Marqueurs:La royauté et ses symboles