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Romain Rolland, par ce texte écrit en 1933, pose le subtil et délicat  problème de la filiation et de la signification de certaines oeuvres littéraires qui ne s’éclairent que si l’on prend en considération les travaux de tel ou tel philosophe.

Par son rattachement au courant rationaliste « sturm und drang » ainsi qu’au classicisme, Goethe pénètre dans un univers poétique où le spiritualisme est absent  à l’avantage d’un état d’esprit proche des encyclopédistes français.

C’est ainsi que Goethe écrivit un « traité sur la lumière et découvrit un …os de la mâchoire humaine. Pour Romain Rolland une telle pensée s’inscrit tout naturellement dans la philosophie du juif Spinoza dont le rationalisme incontestable ne connut pas l’assèchement d’un Descartes, par exemple.

Romain Rolland confirme donc que certains courants fondamentaux de la littérature allemande, voire européenne, n’ont pris tout leur sens que par l’apport titanesque de Baruch Spinoza qui,  en les éclairant,  leur donnait un sens et les orientait vers les œuvres basiques et les textes fondateurs de l’Occident.

Arnold Lagémi

Carnets inédits. Extraits d’un des carnets de l’année 1933. Ce soir, 21 novembre 1945.

« Je professe mon aversion et mon dégoût  pour tout racisme. C’est, à l’heure présente, une bêtise et un crime. Sans discuter le concept absurde et illusoire de « races » qui n’existent plus aujourd’hui à l’état pur que dans de toutes petites minorités isolées et arriérées, car elles sont coupées du courant de la vie universelle, toute la civilisation d’aujourd’hui est faîte des efforts et des conquêtes associés de tous les peuples, de toutes les races qui s’interpénètrent. Il est insensé et dérisoire de prétendre faire le tri.

Il m’est particulièrement en ce qui concerne la race (ou plus exactement les races)  juive (car, il y en a, pour le moins, trois ou quatre différentes), Elles sont devenues un élément intégrant de l’intelligence et de la richesse européenne.

Que serait votre Goethe, sans Spinoza ? Et cet Einstein, que votre Goering se donne le ridicule imbécile de dénigrer du haut de sa brutalité, vous doutez vous qu’il tient dans la science et la pensée humaine d’aujourd’hui la place d’un Newton  au XVIIIème siècle ? »

Romain Rolland

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