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    Ce n’est pas la terre qui est sa patrie, c’est le Livre. Et c’est un des spectacles les plus admirables de l’histoire ; c’est la meilleure vocation que puisse désirer un homme.Plongé dans ce livre, il n’a pas vu les siècles s’écouler sur sa tête, il n’a pas vu comment les peuples paraissent et disparaissent de la terre, comment de nouveaux pays étaient découverts, comment la vapeur s’élevait de la terre, tandis que la fumée noire des cheminées d’usines cachait le ciel clair aux hommes, à ces hommes qui, dans leur aveuglement, marchaient sous le lacis épais des fils par lesquels la force muette mais impitoyable de l’ambre frotté transporte les nouvelles plus terribles, plus cruelles plus folles l’une que l’autre. 

Ce torrent de civilisation qui aboutit au gouffre et enflamme en l’homme le désir misérable des diverses jouissances, n’a pas atteint le grand vieillard occupé à la lecture du livre auguste. Et seule l’écume de ce torrent tache les pages saintes des souillures et de la raillerie de l’athéisme.

Léon TOLSTOÏ.

Les Révolutionnaires p 209. Traduit par J-W Bienstock . Paris, Eugène Fasquelle 1906.

 

Ce texte composé par le père d’Anna Karénine, un des plus grands romanciers russes du XIXème siècle, a une immense portée,  car il décrit d’une part la nature du « produit merveilleux et magique » qui permit à Israël de survivre durant l’Exil, mais, en même temps, affirmant que sa patrie est le livre (et non la terre) alors que ce Livre n’a de cesse de rappeler qu’Israël « retournera » sur la terre de Jacob, Léon TOLSTOÏ nous fait un clin d’œil bien complice, ou bien… sioniste !

 

Par ailleurs, une telle proclamation affirmant la primauté du Livre,  de la Loi, ne peut être concevable que dans la dimension de l’exil. Aujourd’hui, Israël est rentré chez lui. Il est sur sa terre.  Celle-ci et la Loi  ne  font qu’un, et l’ensemble est la Patrie, au sens hébraïque.

Il était, toutefois intéressant de connaître l’avis de TOLSTOÏ démontrant le pouvoir du Livre des Livres, refuge d’Israël en exil et sauvegarde des Juifs dans le malheur. Ce côté thérapeutique de la Bible n’est pas souvent abordé et suggère un approfondissement.  Il sous entend   que  la puissance des armes ne peut accorder l’éternité, aux Nations dont la terre est la seule patrie.

Dans la Russie tsariste, violemment antisémite, il fallait un certain courage pour réhabiliter  avec autant d’ autorité spirituelle, les Juifs, le Judaïsme et le…sionisme !
Arnold Lagémi

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