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Je lis  dans un site chrétien  un commentaire  me reprochant de confondre catholicisme et protestantisme et soutenant que les Catholiques Romains sont bien plus responsables des exactions subies par les Juifs que les Chrétiens appartenant à la Réforme.

Je trouve l’observation assez déplacée. Car si la communauté protestante de Chambon sur Lignon s’est comportée de manière exemplaire durant la shoah, la quasi-totalité des Eglises Luthériennes d’Allemagne est restée fidèle au national socialisme. Par ailleurs, c’est en Allemagne, pays en majorité réformé,  qu’a été conçue  la « solution finale ». Du point de vue de la responsabilité  « protestante, » on peut lire dans « liens protestants » du 2/8/2009 :

Le nazisme est né dans un pays de tradition protestante. C’est dans le pays de Luther que se trouve la responsabilité historique du protestantisme.  Un grand nombre de protestants allemands, pour ne pas dire une majorité, a adhéré aux thèses nazies.

Il est établi  des différences d’approche théologique entre Catholicisme et Eglise Réformée, mais celles-ci ne paraissent pas entamer le principe du « verus Israël » commun aux deux traditions et source des aversions catholico-protestantes pour le Judaïsme,  exprimées ouvertement jusqu’à Vatican II. Les attitudes bienveillantes de certaines Eglises ne sauraient, en effet, effacer l’histoire !

Comprenons bien. D’un côté, il y a les hommes et, de l’autre, les doctrines. Et les tentatives de convergence sont souvent  périlleuses.  Si  les actes d’héroïsme furent  notoires parmi les Protestants comme chez les Catholiques,  les témoignages d’allégeance au nazisme, ne le furent pas moins et la doctrine Réformée nous  laisse réservés,  quand on sait qu’en 1523, Luther tenta d’être conciliant envers les Juifs, condamnant même  les humiliations à leur égard,  espérant en retour leur conversion. Puis il adopta une attitude  anti juive virulente quand il constata la détermination juive  à refuser tout compromis.

L’Eglise réformée,  majoritaire en Allemagne,  n’a pu empêcher à l’heure du malheur, l’anéantissement du Judaïsme allemand. Aussi, si le Catholicisme romain a reconnu sa responsabilité séculaire, tout en laissant subsister, comme à Strasbourg, le symbole de l’anti Judaïsme, il ne serait pas juste de ne pas interpeler le Protestantisme, tout aussi concerné dans son opposition historique et théologique  au Judaïsme.

Quant aux grandes figures de l’opposition protestante au nazisme,  telles le pasteur Boegner, qui prirent une part active dans la Résistance au nazisme, leur héroïsme paraît bien plus lié à leur engagement personnel qu’à une implication des Eglises dont ils furent les Chefs.

En ce jour anniversaire de la destruction du Temple, demeure terrestre du D.ieu d’Israël, il n’est pas injurieux ou erroné de constater que la volonté dévastatrice de Titus, s’est poursuivie presque deux mille ans durant, parmi les différentes Eglises que celles ci relèvent de Rome ou de la Réforme !



REFERENCES/CITATIONS

Des Juifs et de leurs mensonges, ou encore Les Juifs et leurs mensonges (en vieil allemand : Von den Jüden und iren Lügen et en allemand moderne : Von den Juden und ihren Lügen), est un traité de 65 000 mots écrit en 1543, trois ans avant sa mort, par Martin Luther, moine allemand, réformateur de l’Église catholique et initiateur du protestantisme (luthéranisme).

Dans son traité, Luther écrit que les Juifs sont un « peuple de débauche, c’est-à-dire pas des gens de Dieu, et que leurs fanfaronnades sur leur lignage, la circoncision et leurs lois doivent être considérées comme une cochonnerie[1] ». « Ils sont remplis d’excréments du diable… dans lesquels ils se vautrent comme des pourceaux[2]. » Quant à la synagogue, c’est une « putain incorrigible et une souillure du diable[3]… » Il soutient que leurs synagogues et leurs écoles doivent être brûlées, leurs livres de prières détruits, leurs rabbins interdits d’officier, leurs maisons rasées, et leurs biens et argents confisqués. On ne doit montrer à leur égard aucune pitié ni aucune bonté[4], ne leur procurer aucune protection légale[5], et ces « vers venimeux et vénéneux » doivent être punis de travaux forcés ou expulsés une fois pour toutes[6]. Il semble aussi recommander leur meurtre et écrit : « Nous sommes fautifs de ne pas les tuer[7] ».

L’opinion savante dominante[8],[9],[10] depuis la Seconde Guerre mondiale est que le traité a exercé une influence majeure et persistante sur l’attitude de l’Allemagne envers ses citoyens juifs dans les siècles entre la Réforme et la Shoah.  WIKIPEDIA

2 Réponses à “L’anti-Judaïsme Protestant a t-il été moins virulent qu’on l’affirme ?”

  1. SUN dit :

    Cher Monsieur,

    L’Eglise Réformée n’est pas majoritaire en Allemagne. Vous confondez luthéranisme et calvinisme (réformé). Les allemands étaient majoritairement luthérien, mais aujourd’hui il y a autant de luthériens que de catholiques (Bavière particulièrement).
    La Réforme au départ luthérienne, pour ce qui concerne l’Allemagne, comprend différentes confessions, le calvinisme (réformé) se réclamant de Calvin (français) qui a développé sa pensée à Genève, mais aussi autre théologien protestant Zwingli, suisse, au départ curé catholique, les baptistes font aussi partie de la grande famille protestante, présent particulièrement aux Etats-Unis, les pentecôtistes, les évangéliques.
    Donc préciser non pas église réformée, mais église protestante luthérienne.
    Cordialement

    • Vous avez probablement raison, mais il s’agit, sans ironie d’une « querelle de chapelle ». Ce qui paraît établi, me semble t-il, c’est que la majorité des dignitaires nazis n’était pas Catholique mais luthérienne.
      Bien cordial Chalom

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