Arnold Lagémi

Bien Chère Sœur,

J’ai tenté de vous répondre par le biais « d’Europe Israël » où vous m’avez écrit,  mais j’ai rencontré des difficultés avec la « formule magique !» permettant l’envoi. Aussi, je m’adresse à vous  par l’intermédiaire de mon Blog.

Je reproduis deux phrases de votre commentaire qui alimentent l’essentiel de ma réponse : S’il vous plait, Mr Lagémi, ne globalisez pas : pour les chrétiens la renaissance d’Israël n’est pas un constat de faillite ou un dépôt de bilan. Et : la présence d’Israël sur sa terre est considérée par beaucoup de chrétiens comme prémices de la venue en gloire du Messie.

Ne croyez vous pas qu’il y a erreur à confondre l’Eglise et les Chrétiens ? Je persiste à souligner qu’il n’y a pas une évolution notable entre le « non possumus » signifié par le pape à Herzl venu à Rome solliciter l’aide de l’Eglise en faveur du Mouvement Sioniste et les réserves témoignées par le Saint Siège à l’égard de l’Etat d’Israël.

Qu’a changé dans les faits Vatican II ? Quelles initiatives historiques en faveur des Juifs et d’Israël seraient à mettre au crédit de l’Eglise ? Pourquoi le Vatican persiste t-il à désigner l’Etat d’Israël par l’inacceptable « Terre Sainte » ?  La doctrine de l’Eglise ne devait-elle pas être revue, selon l’aveu même des Evêques de France ayant approuvé en 1997 à Drancy, la Déclaration de Repentance ? Dans la prière du Vendredi Saint, on a certes supprimé « peuple déicide » mais ne continue t-on pas à prier pour que les Juifs soient éclairés ? A mon niveau modeste, n’avez-vous pas tenté de m’aider pour l’obtention d’un panneau explicatif à la cathédrale de Strasbourg au sujet de l’infâme statue représentant « la synagogue aveugle et déchue »                                                                                                                                                                                              

Le maintien de cette symbolique honnie ne confirme t-il pas que rien n’a changé ? L’archevêque de Strasbourg vous a-t-il répondu ? Je n’ai eu, pour ma part, que la morgue du mépris et  l’orgueil coutumier ! Peut être que Monseigneur n’a pas lu la déclaration Nostra Aetate ? Chère Sœur, où était l’Eglise quand les Juifs encore meurtris par la Shoah édifiaient leur Etat ? Où était l’Eglise quand en 1975, le sionisme fut désigné « doctrine raciste par l’ONU ? Expliquez-moi les conclusions haineuses et discriminatoires de certains évêques lors du synode des Evêques orientaux ? Qui, à Rome s’est déclaré ami de l’Etat Juif ?

J’évoque l’Institution et vous me répondez en vous référant à des initiatives personnelles !!! Mais nous savons que certains Chrétiens (et non « les »)  sont des amis sincères et des appuis chaleureux. Aussi, je vous renvoie, respectueusement, le reproche : ne confondez pas l’Eglise et les  amis Chrétiens d’Israël. Ce sont des éléments antinomiques !

De la même manière que « l’hirondelle ne fait pas le printemps » les témoignages courageux et fraternels de nos amis Chrétiens, dont vous êtes, n’engagent qu’eux-mêmes. Comprenez, s’il vous plaît, que la vérité la justice et la fraternité imposent à nos yeux que la demande de pardon de Jean Paul II et les conclusions de Vatican II,  s’inscrivent dans l’histoire par des gestes réparateurs. Si les initiatives personnelles ne sont pas officiellement approuvées par le saint Siège, que valent elles, en vérité ?

Et, de grâce, ne persistez pas à me reprocher une « globalisation » alors que l’Osservatore Vaticano, reconnaissait mon combat,  quand, en Israël, seul, et face à des critiques sévères et injustes,  je prenais par tous les moyens dont je disposais, la défense de la mémoire outragée de Pie XII !

Croyez en mon amitié dans la vérité !