LIBERTE
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom
…etc…etc…etc
Paul Eluard 1942
L’auteur de « La condition humaine » faisant parler un de ses personnages, lui faisait dire : « La liberté, au juste, je ne sais pas ce que c’est, par contre, la libération…. » Peut-être que le grand poète Résistant que fut Paul Eluard, aurait rajouté, s’il avait vécu de nos jours, que si les peuples s’abrutissent devant leurs écrans, ils y rêvent aussi de liberté. Le temps d’un éclair probablement. Mais en faut-il davantage pour que le rêve s’embrase et devienne une RÊV OLUTION ?
Difficile d’admettre que les dictateurs ne comprennent pas, ou très difficilement, le besoin des peuples de se libérer. Parce que s’ils le comprenaient, nul doute qu’ils auraient veillé à neutraliser les besoins de leurs peuples d’aller voir ailleurs comment leurs semblables vivent et sont considérés par leurs gouvernants.
Comment comprendre, en effet, que la plupart des despotes ou tyrans interdisent des pratiques insignifiantes pour leur survie et celle de leur régime, comme la musique classique ou les danses modernes, etc….et qu’ils n’aient pas vu, compris et discerné que chaque parabole TV sur une fenêtre s’ouvrait sur le monde libre, sur des pays où les hommes et les femmes sont égaux, où l’on n’emprisonne pas sans motif réel, ou l’adultère n’est pas puni par la lapidation, où la torture n’est pas une pratique consacrée. Des pays héritiers de traditions et d’âpres combats pour la liberté de vivre, de penser et de se comporter selon leur libre volonté.
Qui peut soutenir que nous ferions partie de ces peuples, si le 14 Juillet 1789 était resté un jour ordinaire ?
Comment admettre que tous ces oppresseurs laissent leurs peuples libres de gaver leur esprit de nourritures, toutes inoculées de ferments subversifs ? Permettent l’accès à l’extase, la jalousie et l’envie pour une société fondée sur le droit ? Autorisent la fébrilité pour l’exercice d’une liberté qui tôt ou tard les chassera du pouvoir ?
Car l’accès à Internet et aux réseaux de TV ne sont pas seulement la possibilité de s’ouvrir à des mondes qui leur sont interdits comme la pornographie, les jeux, ou la littérature licencieuse. C’est aussi arracher les portails derrière lesquels ils sont enfermés. C’est prendre conscience qu’il y des peuples qui sont réellement libres, comme eux ne peuvent l’être que dans l’imagination ou le rêve.
C’est surtout comparer leurs conditions de vie à celles d’autres nations et se rendre compte de bien fatales différences.
Probablement que cette cohorte d’oppresseurs à la vue courte a estimé que ces immenses usines de rêve que sont le cinéma et la TV « occuperaient » leurs peuples et, pendant que ceux-ci rêveraient devant leurs écrans, ils ne se verraient pas eux-mêmes, croupissant dans la misère, l’injustice, le non-droit et accorderaient ainsi du répit à leurs geôliers.
Le raisonnement serait juste si le mépris et l’éloignement ne les avaient pas, eux-mêmes, déconnectés de la réalité. Bien sûr que ces femmes et ces hommes opprimés rêvent devant les séries américaines et leurs excès, restent stupéfaits en entendant les citoyens du monde libre donner leur avis sans crainte de représailles. Mais ils discernent surtout les contours du monde qui deviendrait le leur si les tyrans étaient jetés par-dessus bord.
Certains despotes mordent déjà la poussière ! D’autres suivront, parce qu’il n’y a pire contagion que l’exemple donné par ceux qui osent !
Arnold Lagémi www.parolevolee.com
