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La double nationalité,  est d’abord un fait, avant d’être un sujet de préoccupations juridiques. Si, dans de nombreux cas, elle est l’expression d’un choix, dans d’autres, elle reste la  conséquence pratique d’une situation familiale particulière,  de plus en plus fréquente, dans un monde  où les cadres conventionnels et habituels sont bouleversés, en quête de leurs repères.

La double nationalité est riche d’approches dans le cadre de la manifestation d’une libre volonté. C’est, sur les tenants et aboutissants de cette catégories de « doubles citoyens » que portera cette réflexion.

Nous observerons, en préalable, que les restrictions de type moral appliquées aux citoyens ayant opté pour la double nationalité et à la finalité desquelles nous conclurons à une citoyenneté, sinon au rabais,  du moins, de « qualité inférieure » puisque non exclusive,  ne sauraient se fonder sur l’exemple des fondateurs des Etats, en l’occurrence,  les Reines et les Rois de France.

Il était fréquent, en effet, que l’épouse royale ou le conjoint, souverain absolu et de droit divin, gardât après le mariage ses attaches nationales d’origine, sans que cela posât problème, confirmant ainsi que l’attachement à deux nations différentes, reste possible au plus haut niveau de la symbolique identitaire de l’exercice du pouvoir politique.

Si on veut bien se pencher sur les réalités, on apprendra qu’être Juif, qualifie une réalité religieuse imposée par la chrétienté. « Juif, personne qui professe la religion judaïque. » Le Petit Larousse, 1996.


Ce sont d’abord et surtout,  les symboles de la Nation Juive que Pompée ramena à Rome. La nécessité de « brouiller les cartes » apparut dès l’arrivée des exilés en Diaspora. Laisser cultiver le terrain du Retour renforçait les Juifs en tant que peuple. Dissiper le nationalisme pour qu’il donnât naissance au Judaïsme était la seule issue pour empêcher le Renouveau. Le Décret d’Emancipation se comprend mieux ! Les Nétouré Karta doivent beaucoup au Christianisme !


Quand bien même réduite à la fonction religieuse, l’identité juive,  confrontée aux « principes de la foi » découvrit du même coup le sionisme, ne serait-ce qu’en se posant la « question religieuse » de la signification du jeune du 9 AV !  L’éclairage de la raison historique ne pouvant dissimuler, les notions de peuple, d’exil forcé et d’espérance du Retour.

Libérer les Juifs de l’oppression, c’était aussi courir le risque qu’une fois libérés, les Juifs n’en vinssent à renouer avec leur histoire, et l’ambition nationale qui s’y rattache. Dans cette vision, le Décret d’Emancipation de 1791, implique un antisionisme véhément qui ignorera, toutefois,  la connotation antisémite.

Mais la France de Danton a privilégié l’exposition aux risques au maintien de l’enfermement ! Elle a pensé en  leur accordant la citoyenneté française, qu’elle leur octroyait, simultanément  la qualité de Français, à côté de laquelle, elle n’estimait pas incompatible que s’y installât un militantisme juif de couleur nationaliste. En accompagnant le décret d’Emancipation, d’aucune exclusivité, la France admettait, et c’est là un des aspects méconnus de sa grandeur, que l’attachement patriotique qui lui était dû pouvait y inclure un attachement national à la terre de Judée, sans que pour autant, il y ait manquement.

Si la question ne se pose donc plus, pour les Juifs de France devenus binationaux, elle interpelle ces  juifs, restés exclusivement Français, dans l’énoncé d’une question qui gêne avant de fâcher : « Juifs de France, en ne vous désignant pas sous la nécessaire double nationalité, savez vous que vous avez réduit le Judaïsme à une suite de principes religieux ayant rompu avec la continuité de l’histoire juive ? Et si vous n’avez pas la foi, lambeau adhésif de votre souvenir,  que signifie « être Juif » sinon, la promesse, voire l’engagement de votre suicide ?

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