Aux avant postes du progrès avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, l’Europe est entrée depuis dans un processus de dégradation qui touche l’ensemble des domaines où elle avait édifié sa grandeur.
Inhibée par ses prouesses qui la propulsèrent au devant de toutes les scènes, consciente de ce qu’elle représentait pour les peuples asservis, écrasée par des chefs emblématiques qui, dans la deuxième partie du XXème siècle, signifièrent qu’ils n’accepteraient jamais que la médiocrité leur succédât. Ces symboles de l’Europe, qui, de Gaulle à Adenauer, de Churchill à Franco, de Tito à Staline se doutaient-ils que la place qu’ils laisseraient vacante serait usurpée par l’union contre nature de la vanité et de l’inaptitude ?
Savaient-ils que pour persévérer et confirmer leur exemple, il fallait à leurs successeurs l’ingrédient prometteur de l’audace, gage sinon de réussite, du moins d’ouverture ? Imaginaient-ils ils que, doutant d’eux-mêmes, ces apprentis sorciers du pouvoir politique finiraient par tenter de se contenter de sauvegarder les acquis, écrasés qu’ils pensaient être par l’aura de leurs pères.
Non, les pionniers de l’Europe ne surent pas apprendre à leurs successeurs, qu’en politique, on ne se maintient jamais. Soit on progresse par une avancée permanente, soit on…dégringole !
La colonisation, porteur aujourd’hui de toutes les tares, avait eu le mérite de conduire une Europe convaincue d’être la liberté pour le monde. Le premier président de l’Assemblée Nationale algérienne, Ferhat Abas, m’avait dit : « Il n’y a pas d’Algérie Algérienne ! » C’est votre école qui nous a enseigné la liberté et appris la Justice. Vous le payez maintenant ! »
On ne doit plus grand-chose à l’Europe d’aujourd’hui qui vit sur les souvenirs enfouis d’une gloire surannée. Aussi, ce protecteur nostalgique d’une grandeur désormais poussiéreuse, ne peut ignorer son devoir de rendre compte et se contente, en l’état, d’être le « gardien passif du musée de l’Europe », lui, qui en fut le Conservateur novateur et actif !
