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A croire que vous ne pouvez-vous maintenir sans moi. Comme si je valais plus que ceux qui noircissent vos pages !  Pourtant, il n’y a pas si longtemps, je vivais avec cette méchante mémoire qui redonnait vie à un humiliant souvenir : Un prof du Centre de Formation des Journalistes (rue du Louvre) m’avait jeté en plein visage, « Tu écris en patois ! »

 

« Cherche un canard de la France profonde. Tu finiras par le diriger. » Je sus plus tard, qu’avant de vomir cette méchanceté, il avait dit à ses collègues : « Le talent est là, mais est ce que le caractère suit ? »

Trop tard, j’avais ramassé mes affaires, et après avoir  fait valoir ma vengeance qui hâtive n’était que riposte, je lui balançai,

« Au revoir Monsieur, et brandissant Combat sous son masque figé, tout comme Marcel agitant à bout de bras ses bartavelles, « A la gloire de son père »je croyais hurler mais je murmurais presque :  « Avant trois mois, ou rien, l’amateur de patois sera en première page ! » C’était l’époque où Victor Hugo tenait une telle place qu’il ne laissait rien aux autres. Le prof m’interrompit : « Victor Hugo disait la même  chose, enfin presque. A trente ans, je serai Chateaubriand ou rien. Et avant trente ans, il fut bien plus ! »

 

Quand Philippe Tesson après une sévère mise à l’épreuve, reçut mon papier, que je dus composer sur les marches d’escalier,  sur le projet de l’ORTF adopté par  le Palais Bourbon en première lecture.

 

La mine plongée dans ses papiers le rédacteur en Chef de COMBAT, en se retournant brutalement : « Descendez au marbre, on le passe à la une ! »

Je compris sur le champ  toute la Justice  de la Loi du Talion. Mon but, mon seul but, rencontrer ce fumier de prof pour qu’il rembourse enfin toutes les cruelles mises en doute que son jugement avait suscitées.

 

J’étais timide, le croiriez-vous ? Seule une opération commando, pouvait me faire tenir parole. Il était en cours, nous étions lundi et le lendemain clôturait le délai de trois mois que dans ma colère j’avais fixé, ça  vous étonne ? Pas autant que moi. Parce que ma main avait déjà saisi la poignée ! J’étais en classe, marche arrière n’était plus possible. Tout le monde me fixait avec le regard tragique qui accompagne celui dont on sait que l’irrémédiable est son  choix. C’est alors que, j’entamais, un morceau de choix, véritable extrait d’anthologie d’un Juif Pied noir, qui à cet instant comprit d’un éclairage novateur, que ce qui est plus glorieux que les lauriers, c’est la certitude qu’on peut y prétendre, et cette rage de refuser de s’agenouiller,  donnant à l’œil ce reflet de toréador, le silence de la mort qui se mit à planer me permit la revanche :

 

« Monsieur, sachez  que le journal qui eut Albert Camus, Prix Nobel  de  littérature , « sans patois » pour rédacteur en Chef me publie à la une ! »

Je ne pouvais plus parler. Je pris le métro. Direction, les Buttes Chaumont. La deuxième offrande fut pour ma mère, le seul être à l’égard duquel je resterai pour ce monde et les autres,  le premier débiteur.

 

Parce que les dettes contractées à l’égard de quiconque vous a persuadé que vous méritiez de vivre, et debout,  ne peuvent se rembourser que par l’affection. Parce qu’on n’aime pas par mérite. On aime….Je n’en sais rien !  Mais l’amour d’une mère atteint la racine. Sa rareté devient privilège. Rembourser cette dette. C’est confirmer l’amour en dépit du temps. Parce que « partir, c’est mourir encore ! Et un  enfant honoré par sa mère comprend assez vite, que cette affection discrète pour ne pas gêner, sait  s’accommoder d’une considération  respectueuse.

 

Je ne sais comment j’en suis arrivé là mais je n’ai pas envie de poursuivre « ma mère » dans les méandres du malpropre .Alors  cette contrefaçon sera pour plus tard !

En fond sonore, je crois reconnaître à l’accent corse, l’illustre mère qui permit à son fils à moitié fou d’être le vrai fou qui voulut reconstruire Jérusalem et qui se prenait pour Napoléon !

Elle s’approche de …mais oui, c’est écrit EUROPE ISRAÊL. Elle marmonne  sur un timbre assez haut comme uns prière : Pourvu que ça dure, mais ne rêvez pas, ça va pas dourer très longtemps

 

Laëtitia Bonaparte   (Madame Mère)

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