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Rav Yehuda Leon Ashkenazi (French spelling Léon Askénazi)En déplorant les scissions qui singularisent désormais le monde orthodoxe, je ne peux (ni ne veux) refouler les visions prophétiques de Léon Askénazi (Manitou), (auteur d’une formulation de la pensée et de la pratique juives dans une langue adaptée à l’homme moderne) exprimées lors d’une visite que je lui fis à l’hôpital CHAARE TSEDEK de Jérusalem, peu de temps avant sa disparition.

J’ai déjà évoqué cet entretien dans un autre article mais l’actualité m’oblige à y revenir, en insistant sur des détails qui, à l’époque ne m’avaient pas paru revêtir l’importance aiguë qui, aujourd’hui s’impose à nous.

Ce que j’identifiais comme une capacité exceptionnelle d’analyser et de déduire, se révèle maintenant auréolé d’une donnée extra—ordinaire, à la limite d’une vision prémonitoire, proche de l’esprit prophétique.

A la question, « Que peut-on faire aujourd’hui pour rester Juif, sans s’écarter du Projet ? » Léon Askénazi (Manitou) répondit : « Combattre ceux qu’on croit être de la Thora et qui n’y sont plus ! » Puis, il expliqua la sévérité du propos.

« Dans un temps proche, ces hommes dont l’apparence fait croire qu’ils sont observants de la Loi de Moïse se révèleront proches de l’hérésie chrétienne parce qu’ils s’opposeront et condamneront le Retour, tel que la proclamation de l’Indépendance en 1948 l’a défini.

Tout comme l’idéal de l’Eglise naissante s’éloignait de l’implication historique, ces pseudo hébreux condamneront le sionisme, forme moderne de la rédemption historique.

Le schisme consistera à affirmer la permanence et la justification de l’Exil. L’Etat d’Israël sera nié, ès qualité, d’étape préalable à l’ère messianique. Une observation sérieuse ne manquera pas de remarquer la similitude historique entre la naissance du Christianisme et le temps que nous vivons : l’ère de la rupture !

En effet, l’Eglise naissante marque d’abord une séparation, une division, bien plus qu’un destin original, une vocation novatrice, et, encore moins une volonté de se rattacher au patrimoine juif, en dépit des contorsions théologiques tentant de convaincre que le « Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir » n’annoncerait pas le temps de la répudiation d’Israël.

De la même manière que les premiers Chrétiens engagèrent l’Eglise vers un « royaume qui n’est pas de ce monde, » les nouveaux hérétiques Juifs du XXIème siècle, sous prétexte d’atteinte au sacré, en arriveront aux mêmes conclusions : l’Exil d’Israël devient une vocation tout comme l’amour et la reconnaissance exclusive de la Jérusalem céleste étaient l’orientation du Christianisme schismatique.

La dimension religieuse sera prépondérante au détriment de l’option historique. L’observation n’a pas à être approfondie : Christianisme et Orthodoxie juive font du Ciel la patrie de l’homme nouveau !

Le discours sera seulement le discours religieux et, en vérité, ce schisme rejoindra le monde des religions dont le langage ne varie pas, quelle que soit la religion dont on fait état.

Or, la Thora sans la terre, c’est le Christianisme !

Le Judaïsme, durant presque deux mille ans d’Exil se définissait comme une situation provisoire, dans l’attente de retrouver la terre, deuxième volet, inséparable du premier. »

Comment ne pas être frappé d’étonnement sinon de stupeur devant pareille analyse que des faits récents viennent confirmer. Incontestablement, l’option historique fait peur. D’abord, parce qu’assumer l’histoire, c’est en être un des « acteurs. » C’est donc accepter d’être jugé à l’aune de ses résultats. C’est délivrer à la concurrence ses quartiers de noblesse mais c’est aussi s’installer dans la rivalité. C’est donc le temps de tous les dangers !

Dans la mesure où l’on prétend détenir la « voix royale » de la condition humaine, ce n’est que par, et pour l’histoire, que se vérifiera la viabilité et la fiabilité du projet. Ce n’est que sur le terrain des tensions, là où l’homme doit faire la preuve qu’il peut concilier force, droit, justice et moralité qu’il pourra prendre la mesure des difficultés mais aussi des enjeux.

De la même manière qu’en affirmant « Il faut rendre à César ce qui appartient à César, » l’Eglise naissante affirme que son Messie n’est pas un Roi, au sens politique, on constatera le même état d’esprit chez certains courants orthodoxes Juifs, qui, en adoptant une attitude de plus en plus réservée à l’égard du sionisme, se retrouvent dans une définition d’identité qui, elle aussi, en dépit des apparences, en abandonnant à d’autres mains le projet hébraïque de la Rédemption historique, ne se reconnaîtra plus, de facto, comme fidèle à la Loi de Moïse. Difficile de n’y pas discerner l’adoption implicite de l’idéal évangélique !

Le livre le plus lu au monde, est le psautier de David. C’est de ce livre que proviennent les plus beaux chants grégoriens. Et David était aussi un chef politique, un homme de guerre !

Monastères, couvents ou…yéchivots, la fraternité dans l’ordre de l’Esprit!

Une fois de plus, le Maître nous éclaire !

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