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   Le contentieux judeo chrétien est lourd, chargé d’un mauvais esprit et d’une non moins mauvaise histoire. Il est inimaginable que soit poursuivie au XXIème siècle,  une querelle antique.  C’est le mérite des hommes,  de l’affronter et de lui apporter,  sinon une solution, du moins une amélioration définitive.

 

 

Le titre de cette réflexion et son contenu  pourront  paraître présomptueux,  Et, pourtant, il n’apparaît pas qu’ils le soient,  dès lors que ce contentieux serait entrevu, d’abord avec la volonté d’y trouver une solution et, ensuite avec la certitude, à nuancer fortement, que, chacune des deux parties préfère s’en tenir aux acquis, plutôt qu’à les compromettre par une approche qui, pour originale qu’elle demeurât,  serait une telle révolution des mentalités, qu’elle serait susceptible d’entraîner des conséquences imprévisibles.

Le point essentiel de divergence  est le verus Israël (Le vrai Israël). L’Eglise se l’approprie et Israël ne peut envisager de s’en départir sans se disqualifier. Il s’agit donc d’affronter  ce  problème majeur et de lui apporter une solution honorable pour les parties.

Un aperçu de l’histoire des groupes religieux et politiques au 1er siècle pourrait nous y aider. Il  est établi que Jésus était en relation avec les Esséniens. Qu’il le fût réellement n’altèrerait pas sa prétention messianique. Qu’il fût même le «  Maître de Justice, » Grand Maître de la Confrérie, ne présenterait pas d’incompatibilité fondamentale. A l’évidence, la doctrine chrétienne, que ce soit à ses débuts ou plus tard s’est chargée d’un capital de valeurs importées du monde essénien et gréco-romain qui ne permettent pas toujours de retrouver les sources juives dans  cette nouvelle alliance.

La doctrine essénienne reste marginale, voire schismatique par rapport à la Loi de Moïse. Elle n’en reste pas moins une branche juive émanant du tronc d’Israël. En dépit de certaines affirmations le contredisant, il apparaît, de plus en plus probable,  que la volonté de Jésus ait été d’asseoir à côté de la doctrine juive officielle, une réalité toujours juive, mais plus marquée par une spiritualité empruntée aux  Esséniens. Dans ces conditions, la concurrence, la rivalité, source de tous les conflits peut être évitée. Car rien ne s’oppose, me semble t-il,  à la conception d’une messianité par relais ou étapes. Affirmer que le Messie est arrivé et le reconnaître n’aurait jamais du devenir cause se tragédies Le  verus Israël comporterait deux orientations complémentaires et échapperait à cette lamentable dichotomie, cet affligeant dualisme où accepter l’un, c’est nécessairement rejeter l’autre.

Pour une fraction,  Jésus est déjà  le Guide, le Maître, le Messie. Pour l’autre partie du peuple, celle qui reste attachée au culte sacrificiel, le messie est en attente. Apparaît alors une bilatéralité  messianique qui ne serait pas contraire à l’espérance juive. Comme il y a le Machiah Ben Yosseph et le Machiah Ben David , il y aurait le Machiah Ben Haaretz (le messie, fils de la terre)  et le Machiah Ben Hachamaym (le  messie fils du Ciel)

 Le problème du verus  Israel ne se poserait plus, puisque les deux messianités seraient valides, chacune avec une spécificité qui ne rendrait pas dépassée,  obsolète ou infondée  l’exercice de la seconde. L’aval des théologiens des deux traditions permettra (ou non) d’aller plus loin sur ce thème.

 

POSITIONS THEOLOGIQUES DES PARTIES :

PEUPLE JUIF/JUDAÏSME : Maïmonide déjà,  semblait indiquer une piste en ce sens, en soutenant que le « christianisme avait fait avancer le monothéisme. » Cette définition accorde au Christianisme le bénéfice d’un progrès que les Juifs doivent admettre. La désignation de  Jésus en  Machiah Ben Hachamaym, messie spirituel, père de la Révolution de l’esprit nouveau aurait pu, pourrait s’envisager. Reste le difficile problème de l’Incarnation posé aux théologiens chrétiens. La négation juive à ce sujet n’entraînerait pas, pour autant, un rejet global mais partiel de la doctrine.  

CHRISTIANISME : Celui-ci reconnaîtrait le rôle sacerdotal d’Israël et « l’accomplissement de la Loi » ne concernerait que les Chrétiens dispensés officiellement de l’observance de la Thora. Le Judaïsme serait réhabilité comme vérité dogmatique et resterait fidèle à la Promesse. Il ne serait pas contraire aux Evangiles d’affirmer que le dévoilement de la messianité de Jésus est partiel tant qu’il ne s’est pas manifesté sous l’amplitude que lui confèrerait la Parousie.

Le verus Israël deviendrait une responsabilité conjointe. Les Chrétiens l’assumeraient dans le cadre essentiel  qui restera le leur : « Mon royaume n’est pas de ce monde » en attendant le retour de Jésus en gloire.   Les Juifs,  confirmeraient leur mission terrestre par l’attente du Messie glorieux,  la pratique des sacrifices et l’observance des Mitsvoth.

Rien ne changerait dans la vie religieuse des deux parties, si ce n’est qu’elles deviendraient officiellement associées dans le souci des particularités spécifiques de chacune.

La Révolution ne sera pas que spirituelle mais deviendra historique. Il n’y aura plus d’amitié entre Juifs et Chrétiens mais… identité de vue sur certains points assortie d’inévitables oppositions sur d’autres.

 

Les problèmes seront plus dans la résistance des mentalités que dans la pratique qui ne changera guère. Dans cette perspective, l’Eglise s’obligeant à bannir de sa littérature, toute condamnation des Juifs et du Judaïsme et les Juifs reconnaissant une dimension (sinon la) messianique au christianisme. Ce qui, je le répète est déjà vérité pour Maïmonide.

 

L’aboutissement d’une réforme de ce type dépasserait les objectifs de Vatican II, qui aurait pu proposer aux Juifs un accord similaire.  On ne peut s’empêcher de penser à l’équivalence palestinienne. Rendre des terres ! Pourquoi pas ! Mais que reçoit Israël en échange ? Sur le plan théologique, accorder une part du verus Israël au Christianisme ne resterait pas qu’une vue de l’esprit.

En conclusion, il s’agit de faire ressortir les points de convergence qui, en dépit  des oppositions et contradictions de toutes sortes, ôterait à la relation judéo chrétienne cette rivalité, matrice de toutes les déviances.

 

 

Les chances d’aboutir aujourd’hui sont plus grandes, non pas que la recherche de la paix soit plus grande mais les rencontres entre hommes différents étant plus fréquentes, les opportunités permettent des éventualités inenvisageables jusqu’alors. Aux théologiens des deux parties d’indiquer s’il y a lieu d’aller plus loin.

« Im tirtsou lo agada » « Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve, disait Hertzl,  à la veille du premier Congrès Sioniste ! »

 

COPYRIGHT. LA REPRODUCTION PARTIELLE OU TOTALE DE CE TEXTE EST SOUMISE A AUTORISATION PERSONNELLE ET SPECIALE DE L’AUTEUR .

 

 

12 Réponses à “Un rapprochement doctrinal judeo-chrétien est-il possible?”

  1. elyane dit :

    la route sera longue…et pas pavée de roses…mais « si vous le voulez…. »
    l’église le veut-elle vraiment??? A part quelques hommes sincères qui ouvragent pour ce rapprochement…très sincèrement…je n’en sais rien…tout ce que je sais, c’est que beaucoup veulent la mort d’Israel…non…je n’en sais rien, et souvent je me demande meme si
    cela arrivera un jour….
    Bon..ça c’est mon coté…pessimiste combative…honnetement Arnold, dans cette question que vous nous soumettez, je suis
    dans un océan de doutes…et vous remarquerez que je ne suis pas remontée!!!! Alors, je laisse aux soins de penseurs tel que vous, de nous éclairer, moi..je suis parfois septique, parfois j’y crois, mais dans le fond, je N’EN SAIS RIEN , j’ai de très gros doutes…j’attends que des hommes de bonne volonté , nous éclairent…
    je suis à l’écoute de tout ceux qui voudront rester honnetes,
    je ne peux rien dire d’autres…sauf comme le disait VICTOR HUGO
    VOULOIR C EST POUVOIR!!!

    • Sûr que je tiens là un panier de crabes!!! L’Eglise ne modifiera rien et ne renoncera jamais à la première place. A moins que…
      Il m’a paru, cependant que les Juifs, en l’occurence, un Juif devait dire que parfois la vérité doit savoir s’éclipser pour laisser toute la place au Chalom.
      Bonne soirée Elyane et Léhaïm

  2. yan dit :

    Shalom, l’église de Rome ne renoncera jamais a son influence et malgré les faits elle refusera de remettre en question certains dogmes qui ont aboutis à des scandales, c’est une institution beaucoup trop humaine quand a ses défauts. Parmi les crabes il y en a sans doute qui sont de bonne volonté et ce sont eux qui peuvent faire avancer les choses dans le bon sens dont je ne connais pas la direction ni même si il est vers le haut ou vers le bas. Cordialement.

  3. Ruth Baratoux dit :

    Je suis complètement effarée à la lecture de cet article. ne peut-on pas envisager une relation pacifiée avec les chrétiens sans pour cela vouloir faire colle à tout prixr la révélation de la Torah et la théologie chrétienne ?
    J’ai 66 ans, je me suis convertie au judaïsme il ya 7 ans après avoir été très engagée dans l’église catholique, je peux vous dire qu’entre ma foi chrétienne et ma foi d’aujourd’hui, il n’y a aucun point commun, c’est un changement radical dans ma foi, dans ma façon de pensée, dans ma relation à D.ieu, dans les commentaires bibliques.
    Tous les juifs que j’ai rencontrés, touchés par le dialogue judéo chrétien, sont pleins de bonnes intentions mais ils ne connaissent pas le christianisme avec leurs tripes, leur connaissance est intellectuelle et on n’est loin du compte.

    • Je comprends que vous soyez « effarée » à la lecture de mon texte. Je ne suis pas, pour autant assuré, que des théologiens Juifs et Chrétiens se penchant sur le problème n’y voient que des sources de conflit. « C’est l’imagination qui mène le monde » a dit je ,e sais plus qui. »
      Êtes vous sûre qu’il n’y a pas quelques éléments périphériques, sur lesquels les deux traditions pourraient se rejoindre, quand bien même l’essentiel reste hors tout rapprochement?
      Cordialement vôtre

      • Ruth Baratoux dit :

        Je ne suis pas sûre qu’on puisse trouver quelque chose. Si la théologie du Vérus israël n’est plus enseignée, il reste que le christianisme est l’accomplissement du judaïsme comme le disait mgr Lustiger !
        l’église reconnait aujourd’hui l’existence du am Israël, c’est écrit dans les textes (Paul, les dons de D.ieu sont sans repentance) mais il est écrit aussi d’évangéliser toutes les nations.
        Comment peut-on envisager que les les 2 traditions se rejoignent si l’une d’entre elles est persuadée déténir la vérité ?

        • Permettez moi de vous citer un enseignement du Talmud qui fait obligation de donner les derniers soins à un cadavre trouvé dans un champ. Pour ce devoir appelé Meth Mitsva, il est dit avec humour « Sache que ce que tu fais pour lui (ce cadavre) il ne pourra te le rendre….L’Eglise ne fera rien, il faut tout de même faire ou essayer!!!!!
          Il faut tout tenter pour la paix, hormis les compromissions et vous avez raison. Mais tout comme le cadavre dont il faut s’occuper et qui ne manifestera jamais sa reconnaissance, je n’ai aucune illusion. je persiste toutefois à être l’écho du prophète « tsédek, tsédek tirdof.

  4. Martine dit :

    Je trouve le partage de Gérald FRUHINSHOLZ juste sur l’avenir … Nous ne sommes pas grand chose devant le tout puissant et le profil bas est de convenance car nous sommes faces à de très grand mystères ….aussi gardons nous de nous faire du tord …. Mon désir c’est que chacun trouve sa place sous la puissante main d’amour de notre D.

    Le temps du dévoilement
    http://www.shalom-israel.info/

  5. Martine dit :

    Vidéo (Egypte): Nuit de prière pour un retour à Dieu
    http://www.blogdei.com/17866/video-egypte-nuit-de-priere-pour-un-retour-a-dieu/#comment-62179

    ces chrétiens sont plein de foi au vrai D.ieu , croyez vous qu’il y a vraiment une différence entre eux et vous je ne le croit pas car tous servent le vrai D.ieu mais différemment….. Sommes nous prêt à nous accueillir différant mais dans l’amour du Père !!!!

    Moi lorsque je regarde ces gens souffrants pleins de foi, je pleure … Je pleure aussi lorsque je regarde la foi de votre peuple …
    Et je pense aux paroles de l’activa …. L’espérance ….votre Espérance…. pour tous ceux qui se réclament du vrai D.ieu !!!

    • Si vous devez verser des larmes « quand vous regardez la foi du peuple juif » j’espère que ce sont des larmes de joie, devant un peuple qui ressuscite et reprend le flambeau de sa vocation messianique!

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