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 La sympathie manifestée aux sionistes à partir de 48 s’interrompra brutalement en 67 comme  si l’ange de la mort avait sauté les « maisons juives » une vingtaine d’années et retrouvé sa vaillance en 1967. Et, précisément, l’hostilité séculaire reprit force quand le monde se rendit à l’évidence : le foyer national sous tutelle, tel qu’initialement prévu, les Juifs l’avaient transformé en un Etat souverain et redoutable.

On notera d’emblée que la nature de l’antisémitisme qui naîtra en ­67 prendra une forme inusitée. Et, pour cause, cet antisémitisme s’inscrivait en opposition à la renaissance nationale plus qu’à l’identité juive. Car, si les nations contrôlent et, par conséquent limitent la liberté juive, rien ne s’oppose à  l’édification d’un ghetto aux allures de Nation. Par contre, un Etat Juif indépendant ferait  remonter à la mémoire les antiques paniques et  les  sinistres soupçons de voir restaurer  la Nation Hébraïque sur le dos des prétentions rédemptrices du Christianisme. C’est la raison pour laquelle cet antisémitisme revêtira l’artifice de  l’antisionisme, véritable, commode et pratique passe partout du nouvel antisémitisme.

 

Quant aux causes de cette accalmie anti juive qui dura en peu plus de deux décennies, l’ampleur du massacre réalisé par les Nazis et leurs alliés en reste la cause majeure qui obligera les Nations à dépasser l’aumône d’un simple home. Les Allemands avaient franchi le seuil fatidique sans imaginer  que les opinions publiques, nouvelles forces nées avec la diffusion d’images puissantes, comme celles représentant le général Eisenhower vomissant à la vue des cadavres que les pelleteuses déterraient à Auschwitz, obligèrent la SDN à la solution du partage qui engendra la naissance de l’Etat d’Israël, perspective qui s’éloignait des objectifs de Lord Balfour et allaient entraîner le monde vers l’inconnu. Les pays qui ne votèrent pas en faveur du partage doivent être vus comme refusant bien plus  d’être entraînées vers cet inconnu  représenté par l’Etat Juif, qu’ils n’auraient accepté le « foyer national juif » initialement prévu.

Après la Shoah, les dirigeants du monde furent donc  pris de court par rapport  au projet initial de « restauration » qui devait se limiter à un ghetto administré par des Juifs mais dont le contrôle incomberait aux Nations. L’horreur concentrationnaire dont on n’imaginait pas  une telle intensité « obligea » rapidement, à la hâte de faire quelque chose pour les Juifs. C’est avec précipitation que les Nations votèrent le partage, tout en sachant que l’Etat Juif tel que les Nations l’offrirent aux Juifs était un cadeau empoisonné. Ne pas avoir réglé avant, le problème de Jérusalem et la question de la minorité arabe qui vivait en Palestine, c’était donner peu de chances à l’Etat Juif naissant.

Que s’est-il donc passé en 67 qui pourrait expliquer ce changement radical alors que les guerres de 48 et 56 donnèrent lieu à des débordements de joie et de soutien, tant de la part des opinions publiques que des gouvernements. Il ne faut pas chercher bien loin l’explication. Elle se situe dans la cohérence d’une relation séculaire judeo-chrétienne fondée, pour l’essentiel sur  l’asservissement des Juifs, forme médiévale du contrôle exercé par la chrétienté sur les « juiveries et qui se maintint sous des formes variées jusqu’en 1967.

 Le projet de Lord Balfour était de créer un foyer national, pas un Etat ! La Déclaration Balfour c’est une reconnaissance certes mais surtout « d’une communauté nationale sous tutelle. » D’ailleurs, il ne semble pas que la notion de « foyer national » ait concerné une autre ethnie que la juive.

 L’errance perpétuelle c’était le destin d’Israël.   Un Israël resplendissant, flamboyant était hors les mentalités. Aussi, lorsque de Gaulle reçut Abba Eban, Ministre Israélien des Affaires Etrangères, son propos n’autorisera pas l’équivoque. « La France considèrera comme responsable des hostilités et de leurs conséquences, le pays qui, le premier, fera usage de ses armes. » Quand bien même,  les raisons théologiques n’étaient pas à l’ordre du jour, l’impact laissé par presque deux mille d’ « enseignement du mépris » et de propagation de la  haine façonnèrent les mentalités.  C’est-à-dire, les Juifs étaient libres,  à condition de ne pas perdre de vue qu’ils restaient sous contrôle. Un foyer ou un ghetto national, pas plus !

L « insolence des Juifs » alla jusqu’à contester l’autorité de de Gaulle, grand timonier d’Occident et Israël attaqua. Et l’incroyable se produisit. Cet Etat, dont les analystes prévoyaient la fin prochaine écrasa, réduisit à néant la coalition de tous les pays Arabes.

La Nation Juive est potentiellement née en 1948. Elle apparut réellement en Juin 67, quand elle signifia au monde qu’elle entendait être une Nation libre et indépendante.

La réaction des Nations ne se fit pas attendre et donna le ton qui se maintient aujourd’hui encore.  Ce fut Charles de Gaulle qui l’exprima  avec  une voix qui n’était plus celle de l’espoir mais celle de la condamnation de la Nation Juive  Au cours de sa célèbre conférence de presse, le général de Gaulle décerna ses quartiers de noblesse à l’anti sionisme, expliquant que « l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables  etc… » Le général de Gaulle venait de retirer sa légitimité au sionisme.

Dommage et tant pis ! En 1967, le monde trembla et tremble encore de la terrible leçon.  Pendant que s’estompait dans le lointain de la servitude,  le « foyer national » Juif, reliquat d’une dépendance dont les Juifs ne voulaient plus, la Nation juive bousculait réalités et mentalités en confirmant  l’incroyable.  Après deux mille ans d’exil et vingt ans d’existence, les Nations stupéfaites voyaient  l’Etat d’Israël briser ses chaînes, repousser l’aumône d’un foyer et s’asseoir en qualité d’Etat Juif souverain à la table des Grands de ce monde !

Puisse le souvenir de ces jours de grandeur inspirer les dirigeants de l’Etat Juif !

Une Réponse à “LE PROJET BALFOUR, UN GHETTO NATIONAL, OUI ! UN ETAT JUIF, NON !”

  1. Therese dit :

    Hormis quelques fanfarons, il n’existe pas de juifs aujourd’hui qui accepterait le joug de la servitude impose dans le passe. Israel et les Juifsont le droit a la liberte, a leur etat et leur epanouissement… Ils se battrons pour vaincre ou mourir.
    Merci infinimment pour votre article qui s’assied parfaitement dans nos conceptions.
    Bonne fin de semaine cher Arnold.

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