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Si la lecture d’une allocution prononcée en Janvier 2005, par Jacques Chirac, lors de l’inauguration du mémorial de la Shoah, traduit bien les intentions de son auteur, le Président Jacques Chirac, reconnaîtrait à l’Etat d’Israël la mission, voire la vocation de « garantir le plus jamais ça. » Sans pour autant préciser la nature des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir : Faire d’Israël un Etat Refuge et/ou accorder à l’Etat Juif, un droit d’ingérence pour une durée et des objectifs à préciser.

« Je n’ignore pas les inquiétudes, parfois les angoisses qui étreignent le cœur de nos compatriotes Juifs. La mémoire juive, c’est la mémoire blessée d’un peuple qui, tout au long de son histoire a été dispersé, persécuté, avant de connaître l’horreur de l’extermination. Cette blessure suffirait à elle seule à justifier, si besoin était, la nécessité d’un Etat dont l’existence même garantisse le plus jamais ça. »

Comment ? Par quels moyens ? Cette garantie obligerait-elle à l’émigration ou passerait-elle par l’épreuve des armes ? Le Président est resté silencieux.

L’horrible affaire de Toulouse n’est-elle pas le retour du « plus jamais ça ? » Une famille massacrée, parce que juive, n’est ce pas la poursuite, sur le territoire de la République Française, de la solution finale ? Jacques Chirac veut-il faire savoir que le meurtre de Juifs a une résonnance planétaire qui interpelle le peuple juif dans sa totalité ?

En indiquant, qu’à ses yeux, l’Etat d’Israël a pour fonction d’empêcher que l’antisémitisme ne se transforme en volonté d’anéantissement, (quand bien même cette approche du sionisme lui est personnelle,) le Président Chirac semble justifier l’implication d’Israël, afin de neutraliser toute menace grave mettant en danger tout ou partie de la communauté juive du pays concerné.

Le problème ne se pose pas, dans des catégories si alarmistes en Europe ou en France, du moins en l’état. Que sera ce, si (ce qu’à D.ieu ne plaise) Toulouse se voyait dupliquée ? Nul doute que le gouvernement israélien proposerait son aide.

Quoiqu’il en soit, par son invite, Jacques Chirac, semble préciser que la garantie de protection des Juifs reste d’abord l’affaire des Juifs et que cette seule raison justifie l’existence d’Israël. Les autres nations seraient-elles ainsi « exonérées » du devoir d’assistance ?

D’un point de vue politique et juridique, la position de Jacques Chirac reste éminemment pertinente, puisque l’ancien Chef de l’Etat reconnaît un droit d’ingérence à l’Etat Juif, en n’excluant pas le recours à la force que cette « garantie » est susceptible d’entraîner.

Comment Jacques Chirac, fervent défenseur de l’Indépendance Nationale, a-t-il pu, par son silence, ne pas exclure la France des pays qui ne s’engageant pas aux côtés des Juifs menacés, s’exposeraient aux conséquences de « garantir le plus jamais ça ! »

Jacques Chirac craint-il l’éternel retour des démons qu’une certaine trahison française accompagnera tout comme en 1940 ?

Quoiqu’il en soit, la conception chiraquienne de l’Etat Juif n’a aucun lien avec l’Etat moderne. Elle se rapprocherait plutôt d’une organisation caritative ou d’une brigade d’auto-défense. On retrouve là le vieux mais toujours actuel principe révolutionnaire : « Tout aux Juifs en tant qu’individus. Rien aux Juifs en tant que Nation. » (Stanislas de Clermont Tonnerre 1789)

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