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Avant de tenter de répondre  à la question posée, demandons-nous d’abord, si cette interrogation est juive, c’est-à-dire,  vérifions si elle ne relève pas d’une  conception de l’homme et du monde étrangère aux bases philosophiques et fondamentales professées, par ailleurs, par la tradition juive. Et bien non, cette question n’est pas juive !

Elle ne peut naître dans une conscience juive sans présenter les stigmates d’une assimilation consommée. Il y a plusieurs explications. Je n’en retiendrai qu’une. En se demandant si le Judaïsme est compatible avec la recherche scientifique, on s’interroge dans des catégories occidentales d’appréciation.. Et cela ne saurait être le signe de l’authenticité d’Israël, parce que cette question renvoie à une vision du monde éloignée de la culture d’Israël.

Elle nous projette dans l’univers cartésien, et la « mentalité » chrétienne qui se rejettent et se repoussent comme deux frères ennemis. Pour le premier, la recherche scientifique s’inscrit dans  une dimension de la pensée qui n’a pu s’élaborer que dans la révolte contre le divin,parce que ceux qui étaient censés  représenter ce divin,    n’acceptaient ni ne concevaient  que l’étude du monde pût se dispenser de l’accompagnement et du concours des théologiens.

Pour  la mentalité chrétienne, toute réflexion philosophique ou scientifique qui ne s’appuyait pas (il n’est pas évident qu’il faille proscrire l’emploi du présent !)   sur les textes sacrés était réputée satanique et hérétique. Aussi, avant de répondre à la question, comprenons bien, que notre relation avec l’univers cartésien et la mentalité chrétienne impliquent  des données patrimoniales dont nous avons hérité et qui ont sapé les articulations de la pensée  juive,parce que la conscience juive entretient la pensée cartésienne et la dimension religieuse, dans un rapport d’harmonie et de synthèse sans jamais les opposer.

Par ailleurs, le vieux conflit « science et religion » s’opèrera sur une base théologique non négligeable, parce que celle-ci  est la clé au problème posé : Jésus n’est pas un messie royal au pouvoir immanent. Son royaume « n’est pas de ce monde » La recherche scientifique est une perte de temps, quand le sauvetage de l’âme est défini prioritaire. Par conséquent, la connaissance scientifique du monde n’est pas utile pour assurer le salut ! La maîtrise de la connaissance religieuse, oui !

Dans la conscience juive du monde, qui renvoie à la vocation du peuple juif, la connaissance scientifique est intégrée au savoir général, parce que la connaissance des lois et principes sur lesquels s’opère le fonctionnement du monde, permet de mieux découvrir la nature et la portée de la création. Le Judaïsme, loin d’être incompatible avec la recherche scientifique, en est le combustible et le véhicule.

Je le redis. Il faut faire le ménage avant d’énoncer questions et problèmes propres à l’Occident. Dans presque tous les cas, les interpellations  que s’adressent  les Occidentaux sont écartées par la pensée traditionnelle juive,  parce que ces injonctions  renvoient au principe nietzschéen de la solitude de l’homme face à un C.iel dont la vacuité serait l’ange gardien et la puissance tutelaire.

Nous sommes loin, très loin,  de la civilisation des hébreux !  Il n’est pas inutile de rappeler, à titre d’illustrations, qu’un des plus grands Maîtres d’Israël, Maïmonide était médecin, astronome et mathématicien. Plus près de nous, l’Illustre Maître qui s’opposa au hassidisme, le Gaon de Vilna estimait que,  connaître la philosophie, les mathématiques etc…s’assimilait à l’accomplissement de mitsvoth (obligations)  essentielles.

Une Réponse à “Le Judaïsme est-il compatible avec la recherche scientifique?”

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