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Une visite au musée de Haïfa où nous attend, au détour d’une salle,   un manteau offert par Napoléon aux Juifs dans des conditions plutôt étranges ne cesse de nous interpeller par son incongruité.  Napoléon Bonaparte  qui, de plus en plus, s’installe dans la mémoire juive, comme une, balise,  un repaire, et devient une  référence , avec un soupçon de remise au goût du jour, pour le moins singulière.

Que vient faire à Haïfa, le précieux manteau de l’Empereur, découpé et transformé en objet de culte ? un manteau de Thora ! Il semblerait qu’après le passage de la Bérézina, une seule famille aurait accordé l’hospitalité à l’empereur : la famille Lvov, dont le chef aurait été un dirigeant hassidique réputé.

Cet homme occupe trop de place dans la mémoire juive pour n’être que ce que l’histoire officielle nous en dit. Première ville conquise d’Italie : Ancône : fermeture du tribunal de l’Inquisition et levée de l’interdiction de porter un signe distinctif. Mesure étendue à tout l’Empire. Attention toute particulière à la minorité juive par la constitution de l’Assemblée des Notables et réunion du Grand Sanhédrin, proclamation sioniste au retour de St Jean d’âcre,  nécessité de reconstruire le Temple, etc…Trop, c’est trop ! Rien n’appelait cet homme à manifester tant d’intérêt pour le peuple Juif, pas plus son instruction que son éducation ou son milieu familial.

Napoléon n’était pas Juif, l’affirmation ne pose ni problème, ni doute, ni question.  Alors pourquoi tant d’attention qui reste une sollicitude singulière?

Je distingue une piste cependant qui doit  être confirmée. Le génie « hors pointures normalisées » de Napoléon n’est plus à démontrer. Ses réveils brutaux en pleine nuit pour ordonner la composition de tel ou tel article du Code Napoléonien  qui deviendra le Code Civil, l’ensemble de ses réformes à qui aucun domaine n’a échappé, qui fondent l’Etat Moderne par des initiatives toujours en usage, le classent d’abord et essentiellement comme animé d’une intuition quasi prophétique.


L’importance, le rôle et la vocation d’Israël n’ont pas échappé au vainqueur d’Austerlitz ! Car ce peuple est le peuple choisi. Les diverses mesures visent donc plus à encadrer, à renforcer tout en protégeant,  qu’ à accorder une liberté de vue et d’action contraire à l’idée que l’Empereur se faisait de l’autorité de l’ Etat. Si le peuple juif est libre de tout compte, son élection peut compromettre et soumettre le reste du monde. Or, gouverner, c’est prévoir,  surtout l’inattendu! D’où un contrôle rigoureux par la création des Consistoires et du Consistoire central.

Une piste de recherches qui laisse prévoir surprises et rebondissements.

Là est peut-être , en effet,  l’embryon d’une réponse. Napoléon savait que ce peuple était différent des autres peuples. Il sentait que son destin serait « à part » En matière religieuse, il n’était guère savant mais il a appris que ce peuple élu fut déchu. Or l’Empereur dépassait l’intuition pour atteindre la clairvoyance quand il estima, comme Montesquieu, que si D.ieu choisit, la décision échappe à la durée pour s’inscrire dans l’indéterminé.

Et les Juifs savaient que cet homme ne marquerait pas que son temps mais laisserait sur son règne le doux parfum des conquêtes du progrès et de l’humanisme.

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