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Épargnons-nous les lieux communs et allons à la raison première de cette lettre que, si tu veux bien, je m’adresse aussi à moi, espérant que, peut être, cela m’aidera à comprendre la situation déplorable où nous sommes arrivés.

Nous avons décidé de nous marier il y aura bientôt vingt cinq ans. L’entente était manifeste. La confiance était dans le même wagon et l’amour pilotait le convoi. Tout allait pour le mieux dans le meilleur de ce monde que nous construisions ; toi avec les enfants dont tu t’occupais, la plupart du temps. Moi avec le cabinet qui,  chaque jour me bouffait un peu plus le temps que je m’efforçais tout de même  de consacrer   chaque jour  aux enfants. Mais les douleurs dentaires n’attendent pas !

Bref, sur tous les plans, nous étions une famille heureuse, voire exemplaire. Et arriva ce fameux dimanche. C’était le premier jour de Hanoucah. Tu étais assise sur le lit. Je me suis approché de toi et t’ai demandé en murmurant où se trouvaient les jouets que nous avions achetés  le matin même, en vue de leur remise aux enfants,  dès la première bougie de Hanoucah  allumée. Tu ne me répondis pas.

Pensant que tu n’avais pas entendu, je levais la voix et toi, sans te retourner, tu me fis non de la main droite, exhibant de l’autre main le psautier que Rachel K… t’avait offert. Rachel K…! Le facteur déclenchant de la crise dans laquelle on se débat et qui, je le crains risque de nous conduire à la rupture !

En effet, depuis ce jour diabolique où le destin fit que la place que je te réservais chaque année à la synagogue, avec la mienne et celle des enfants, était juste à côté de celle qu’occupait cette « grenouille de bénitier. » si je puis dire, tu n’es plus la femme que j’ai connue et ne retrouve plus ! !!!

Comment une fille que tout faisait rire, qui se jouait de tout et de tous,  a-t-elle pu être subjuguée par cette névrosée, au point, de t’amener à couvrir tes si beaux cheveux par un chiffon  ?

Ne vois tu pas le ridicule quand tu t’obliges à  consacrer  un temps fou à trier les feuilles de salade,  une par une,  afin de vérifier que dans les replis ne se cacherait pas un ver ? Ne te sens tu pas une autre quand cette diablesse croit utile  de te signaler les références du psaume qu’il faut lire quand tu as mal à la tête ou que les enfants sont exposés à tous les dangers parce qu’ils jouent avec la console vidéo que mon père leur a offerte…

Que s’est-il passé pour que tu en arrives là ? Tu accordes plus de temps au psautier qu’aux gosses  et tu as franchi  la limite du supportable en exigeant que je fasse vérifier mes téfilines afin de les mettre chaque matin, faute de quoi, tu ferais désormais « chambre à part. »

Et tu prétends que c’est là notre religion ? Mais tu confonds notre tradition avec le fanatisme et la superstition !

D’où le caractère de gravité de la démarche que j’entreprends ce jour. En effet, si tu as ressenti le besoin de nous imposer toutes ces frustrations, c’est le signe que tu ne vas pas bien. Je te propose donc de rencontrer avec moi, un psychologue spécialiste des problèmes conjugaux se manifestant quand l’un des deux conjoints modifie radicalement son comportement pour ….des raisons religieuses.


Sache que si nous avons une petite chance de nous retrouver, je ne la laisserai pas  s’échapper.

Je t’embrasse malgré tout.

Dany

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