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J’ai montré que de nombreux hommes illustres combattirent violemment toute forme d’antisémitisme. Néanmoins, pour la plupart d’entre eux, ils connurent une période sombre où le préjugé équivoque résonnait avec l’accent d’une fausse note. Même le grand Zola, celui de « j’accuse » dans l’Affaire Dreyfus, ne dissimula pas son aversion « provisoire » pour les Juifs. Il y en a d’autres. Je les citerai très prochainement.

Qu’en penser ?

On ne cesse pas d’être antisémite par génération spontanée. L’antisémitisme est une valeur patrimoniale de l’Occident, transmise comme donnée implicite de la civilisation occidentale. On ne s’en dégage qu’au prix d’une prise de conscience suivie  d’un revirement.


Pierre-Joseph Proudhon

Juifs. Faire un article contre cette race qui envenime tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec aucun peuple. Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des Françaises ; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin l’abolition de ce culte. Ce n’est pas pour rien que les chrétiens les ont appelés déicides. Le juif est l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie, ou l’exterminer.

  • Pierre-Joseph Proudhon, 1849, dans Pierre-Joseph Proudhon, sa vie et sa pensée, 1809-1849, paru chez Beauchesne, 1982, p.739, Pierre Haubtmann.

Jean Jaurès

Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c’est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique . […] En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre.

  • Jean Jaurès, 1er mai 1895, Dépêche de Toulouse, La question juive en Algérie, dans De la question berbère au dilemme kabyle, paru chez L’Harmattan, 2004, p.36, Maxime Ait Kaki.

Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion.

  • Jean Jaurès, 1898, Discours au Tivoli, dans Un journal des journaux, paru chez Creer, 1997, p.87, Pierre Feuerstein.

François-René de Chateaubriand

Dans cette race les femmes sont beaucoup plus belles que les hommes; elles semblent avoir échappé à la malédiction dont leurs pères, leurs maris et leurs fils ont été frappés.

  • Mémoires d’outre-tombe (1811), François-René de Chateaubriand, éd. Flammarion, 1948, t. 4, p. 389

Ernest Renan


Je suis donc le premier à reconnaître que la race sémitique, comparée à la race indo-européenne, représente réellement une combinaison inférieure de la nature humaine.

  • Histoire générale et système comparé des langues sémitiques (1855), Ernest Renan, éd. Imprimerie impériale, 1858, p. 4

Emile Zola

Il y avait là, en un groupe tumultueux, toute une juiverie malpropre, de grasses faces luisantes, des profils desséchés d’oiseaux voraces, une extraordinaire réunion de nez typiques, rapprochés les uns des autres ainsi que sur une proie.

  • L’argent (1891), Emile Zola, éd. F. Bernouard, 1928, p. 20

Paul Morand

Le mot Juif, prononcé par quelqu’un qui ne l’est pas, est déjà de l’antisémitisme.

  • Journal inutile 1968-1972 (1971), Paul Morand, éd. Gallimard, 2001, p. 601

Jean-Paul Sartre

Quand je vivais à Berlin, dans les commencements du régime nazi, j’avais deux amis français dont l’un était juif et l’autre non. Le Juif présentait un type « sémite » accentué; il avait un nez courbe, les oreilles décollées, les lèvres épaisses […]. Je ne nierai pas qu’il y ait une race juive […] Ce que j’appellerai, faute de mieux, caractères ethniques, ce sont certaines conformations physiques héritées qu’on rencontre plus fréquemment chez les Juifs que chez les non-Juifs […]. Par caractères ethniques nous entendons ici les données biologiques héréditaires que nous avons acceptées comme incontestables .

  • Réflexions sur la question juive, Jean-Paul Sartre, éd. P. Morihien, 1947, p. 78-131

Source: Wikiquote.

5 Réponses à “Ils furent aussi victimes de préjugés antisémites !”

  1. Marcoroz dit :

    Victimes n’est pas le mot. On ne peut pas dire que Proudhon était « victime » de préjugés antisémites : il en était plutôt l’infâme vecteur. Concernant Sartre, l’extrait ci-dessus ne me semble nullement comparable aux propos qui précèdent.

  2. luc nemeth dit :

    Bonjour.
    D’accord à… 150% avec le commentaire de Marcoroz, ci-dessus : non seulement Proudhon était un vecteur en puissance de l’antisémitisme, ainsi que de la misogynie, mais ces tares, loin d’être chez lui une déviation etc., s’inscrivaient dans la cohérence de sa démarche.
    La raison est à chercher dans une notion pernicieuse, au coeur de sa pensée (qui a pu être récupérée par l’extrême-droite) : il s’agit de la notion de PRODUCTEURS. Notion maintes fois utilisée par d’autres, sans grand inconvénient, mais qui, maniée sans la prudence voulue ouvre la voie à celle de catégories IMPRODUCTIVES. Or à ce compte-là les femmes, ou plutôt, la femme (car le seul fait de dire « les femmes », au pluriel, avec tout ce que cela comporte parfois de solidarités entre elles, lui posait déjà problème) n’avaient avec Proudhon aucune chance d’en sortir indemnes, avec leur coefficient de… 8/27 (puisqu’à l’en croire elles comptaient pour les 2/3 de l’homme, physiquement ; pour les 2/3, intellectuellement ; et pour les 2/3, moralement). Quant aux juifs… Leur « cas » était désespéré puisque Proudhon voyait dans le commerce de l’argent (auquel il les assimilait de manière réductive) une fonction improductive, CQFD.
    Cordialement.

    • Merci pour cet approfondissement qui débusque les coins et recoins de la pensée de Proudhon. Certains y apprendront des éléments qu’ils ignoraient. J’en fais partie. Merci encore.
      Bien cordialement vôtre.

      • luc n. dit :

        Merci, de votre bienveillante lecture.
        Au départ j’étais sincèrement persuadé -comme beaucoup- que Proudhon avait été banalement contaminé-par-les-préjugés-de son-temps, comme le répète en boucle son fan-club. Mais à l’occasion d’une recherche qui avait pour point de départ Joseph Déjacque, qui en 1857 lui remonta les bretelles de belle manière (dans sa brochure « De l’être-humain, mâle et femelle », parue à la Nouvelle-Orléans), je me suis aperçu que l’explication ne tenait pas debout.
        Bien cordialement

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