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En avant-propos à cette réflexion,  je voudrais insister sur la nature mortifère des mythes, des références et,  d’une manière générale, sur l’exemplarité périssable des représentations que choisit   la civilisation  Occidentale pour se présenter au monde.

Du moyen âge à nos jours, les types fondateurs,  qu’ils relèvent de l’histoire ou du mythe  sont, dans leur immense majorité,  une exaltation de la mort et aboutissent inexorablement  à accorder au suicide ou à toute forme d’autodestruction,  une valeur référencée comme essentielle : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux: c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. » (Albert Camus, le mythe de Sisyphe)


La certitude que ce monde n’est pas une fin en soi,  mais reste l’antichambre d’une « vaste demeure » où les élus seront appelés, transforme la vie terrestre en valeur transitoire et temporaire,  générant le mépris à son propre endroit,  et conduit fatalement les disciples vers l’espérance prochaine de ce « passage » espéré  qui les conduira vers ce Jardin d’Eden  qu’ils n’auraient pas quitté, si l’homme n’avait pas fauté.

Dans de pareilles conditions de mépris pour la vie terrestre, toute la société qui en est issue portera l’empreinte de la mort salvatrice, ou de la tristesse  et de la désespérance,  attachées à l’obligation de ce terrestre « passage obligé » vers un monde meilleur. De la littérature médiévale  à l’écriture contemporaine, de Roland de Roncevaux à Jeanne d’Arc, de Victor Hugo avec l’école romantique, de Baudelaire  à Cocteau, bref, des balbutiements de la culture aux périodes de gloire universelle, le modèle, la référence, l’exemple restent tout ce qui rapprochera du mépris de la vie terrestre et matérielle pour une vie intérieure démesurément riche où l’homme restera fin en soi pour les athées ou, tremplin incontournable pour la « vaste demeure » s’il a gardé la foi de ses pères.                                                                                                                                                                                                                              

Notons que, sur un plan religieux, le symbole chrétien de la vie terrestre niée reste l’adoration de la Croix, c’est-à-dire de D.ieu mort ! Durant les trente-trois ans de la vie de Jésus, la seule période retenue pour « incarner » le symbole de l’idéal évangélique reste le temps de la Croix, c’est-à-dire,  la dimension terrestre où Jésus restait frère des hommes dans la soumission à la mort. Rien dans la symbolique de la Croix n’est la Vie ! Message puissant et sans équivoque !

Seule la littérature pour enfants est gratifiée de fins heureuses moins, cependant, parce qu’elle est à l’image de la vie terrestre que parce qu’elle est appelée à susciter chez l’enfant l’appel du merveilleux qu’il apprendra bien vite être inconnu des contingences terrestres. Contrairement aux apparences la référence au merveilleux reste la disqualification du destin terrestre justifiant l’attente d’un monde où l’enfant retrouvera « les fins heureuses. »


Si la période dite « classique » découvrira Corneille et son « problème » elle apprendra, en même temps que seule la mort peut extraire l’homme de ce dilemme. Enfin, ne perdons pas de vue que l’art, en général, que son expression soit littéraire ou picturale nous a initiés très tôt  à la tristesse érigée en élégance ou au malheur réservé à l’élite. La tristesse est donc une forme d’aristocratie. Savoir la cultiver, c’est boire aux sources fondatrices de l’Occident !

A cette conscience contemplative d’un « monde meilleur » l’Islam opposera une similitude troublante avec la notion de « mektoub » qui est une des  formes supérieures de soumission au d.ivin où, le destin de l’homme est façonné, dès sa naissance. L’homme n’est donc pas responsable de  l’histoire,  puisque sa liberté est refusée au nom d’une prédestination. Le Chrétien attend un monde extra terrestre, extra historique. Et le Musulman, quand bien même il agirait,  voit sa responsabilité  historique diluée, dans la mesure où son action procède d’un destin, et non de l’exercice d’une liberté qui, de toutes façons, ne lui est pas reconnue.


La relation avec l’histoire est marquée dans les deux traditions par l’équivoque. Dans la première, affirmation que ce monde prépare à la « vaste demeure » et dans l’autre, déclaration du rôle tout puissant du destin, véritable initiateur de l’action humaine. Cette déliquescence de la responsabilité s’accompagnant de la certitude d’un paradis expliquera la portée du « sacrifice. » illustrée par les ceintures d’explosifs dont s’affublent des gosses avec la bénédiction de leurs parents. Dans cette dimension,  l’homme étant moins grand que son destin, il aura hâte de s’installer dans une liberté que sa vie terrestre ne peut lui offrir. Et mourir pour une « noble cause » sera le pendant musulman de la renonciation chrétienne à la prise en charge du destin du monde.                                                                                                                                                                                                                                                                    

Les Chrétiens « adorent » un symbole mortifère et le drapeau de l’Arabie Saoudite, gardienne des lieux saints de l’Islam, est un cimeterre…

Faire plus dans la symbolique de la mort transcendée serait difficile !

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