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Anne, très chère Anne, c’est un père, grand père aussi,  qui, en cette période d’évocation de « l’enfer » qui tel, un cataclysme s’abattit sur la terre, a convenu de « faire revivre la mémoire de toi »   Il préfère s’adresser directement à toi, en te « parlant » même s’il est contraint, pour cela de t’écrire. En effet, il ne parvient  jamais à finir une lettre. D’abord une larme vite effacée par une main tremblante,  même assurée. Mais souvent suivie par les ruisseaux, les malaises,  la lettre finissant  au panier,  accompagnée de malédictions arabes ou yiddishs  selon l’origine de l’auteur.

Tu as  façonné par ton martyre, un être nouveau qu’on appelle aujourd’hui  « devoir de mémoire » mais que moi,  je désignerais avec mon vocabulaire de père et mes familiarités de grand-père,   d’un mot redoutable parce que, tout à la fois,  témoignage d’amour , il est l’aveu d’un besoin vital,   d’une exigence impérieuse  et essentielle  d’amour. Ces mots simples, parfois lourds, voire impossibles à porter parce que chargés d’une émotion   écrasante te concernant, je te les adresse  au nom des millions d’hommes et de femmes qui les prononcent, en même temps que moi : « Anne, ma fille, ma chère petite fille ! »

Anne, ma petite fille, tu aurais pu être la grande sœur de Dorine, de Noa ou Chir, mes petites filles ! Tu aurais inventé  pour elles,  des histoires   de cauchemars  dont la naissance t’aurait été soufflée par les ombres hideuses que tu voyais défiler  des petites fenêtres de ton grenier, entraînant à leur suite,  des démons abominables, qui semaient,  là où ils posaient les pattes,  des ferments de peur et d’effroi qui  te faisaient verser des larmes de frayeur quand, dans ton sommeil, tu les voyais ressurgir  menaçantes et narquoises.

Anne, ma petite fille, ma chère petite fille, tu aurais  pu être  la grande sœur de Ben et Acher, mes petits fils,  que tu aurais distraits par ce don divin de la diversion, présent à chaque page de ton journal et  qui jaillit  au milieu des mares de sang innocent  que les barbares germains ravirent avec une désinvolture de bourreau  et que par ton optimisme,  tu transformais en sources de vie !

Anne, ma fille, ma petite fille, tu aurais même pu devenir l’amie d’Elia mon petit fils. Il t’aurait sûrement appris à jouer « aux dames »en te montrant comment « gagner » avec un mauvais jeu !

Mais les barbares, tu sais ceux qui adorent un D.ieu cloué sur une croix, d.ieu  de mort,  devant lequel  les monstres sanguinaires voulurent  que les Juifs pliassent âmes  et genoux, ne t’ont pas permis de poursuivre ta route d’adolescente. Parce que, obsédés par le sang à verser, ils ne savaient  pas ,  ils n’avaient pas appris que cet élixir de vie doit être conservé au delà de toute richesse. Dans ces conditions diaboliques, ils n’ont pas entendu  l’enfant dont le hurlement  n’était que : « Pourquoi  ces souffrances ? » Ils n’ont su distinguer ni sanglots, ni tourments. Qu’ils soient maudits de génération en génération.

Anne, ma petite fille ta souffrance n’appartient pas à l’histoire, elle est notre vie présente et à venir. Parce que ma  vie, la vie,  est désordre, depuis que les fils d’Amalek, maudits soient ils,   jusqu’à la fin des temps,   ont imposé à tes frères, tes sœurs, tes cousins et cousines, à toi,  Anne, ma chère  petite fille, princesse de mes songes, des tourments qui même chez les déments,  provoquent des nausées, des vomissures.

Aussi  tes  tourments,  nous les façonnons de telle façon que, nous pénétrant, ils atteignent  notre âme, et s’inscrivent dans notre vie et par  ton innocence outragée, ils deviennent comme les tsitsiots rappel de nos devoirs et mémoire de notre histoire.

Anne, ma fille, ma petite fille, au nom de la certitude que tu ressentis, accompagnée de l’effroi qui te glaça le cœur  quand voyant les loups entrer dans ton grenier, tu sus, tout de suite,  que le  souvenir de toi l’emporterait définitivement sur le plaisir de manger des bonbons ou d’avoir le fou rire, Anne, ma très chère petite fille, je te jure, que demain, dès que retentira la sirène sur la terre d’Israël, qui redonnera un visage à celles et ceux qui devinrent cendres quand l’homme lassé de l’être, se laissera prendre et devindra la proie de la bête.

Nous nous rappellerons que tu fus une petite fille bien vivante,  avec six millions d’entre nous, je te jure, sur tes sourires arrachés que ton beau visage aux longs cheveux sera l’autre drapeau d’Israël, que nous jetterons comme un défi devant nos yeux mouillés, pour que tu nous donnes toujours la force et la confiance de nous battre au nom de ce merveilleux sourire, seul garant de l’éternité d’Israël !

Aujourd’hui, ma fille, des bêtes rient de ta souffrance et de celle de tes frères ! Le grand prêtre du dieu en croix qui vit à Rome, redonne sa confiance à des dignitaires de son Eglise, qui affirment que les Juifs sont des menteurs et que vous n’avez pas été torturés. Certains disent même que vos tourments sont une question de « détail » Quant aux Juifs, nombreux parmi eux  croient que le nazisme a été condamné par le tribunal de Nuremberg, ignorant que pas un seul chef d’accusation ne concerne les Juifs martyrisés !

Anne, mémoire d’Israël, la première sonnerie du yom hachoa, demain,  sera pour toi et les enfants d’Israël martyrisés.

Puisses tu être  être à nos côtés, quand retentira cette sirène du Souvenir et nous aider  à l’entendre comme promesse de Résurrection !

Anne, ma chère fille, ma très chère petite fille, ton souvenir est bénédiction éternelle dans la mémoire d’Israël.

5 Réponses à “Pour Anne Franck… ! Son souvenir est bénédiction ! par Arnold Lagémi”

  1. Yossef dit :

    Hazak oubarouh Arnold,

    Le temps passé permet à nombre d’antisemites de s’exprimer librement sur leur idée ideuses ; aujourd’hui, le peuple juif a Israël, notre refuge est une réalité Barouh hachem.
    Nous n’oublierons pas notre frères et sœurs qui ont tant soufferts et les 6 millions d’entre eux qui ont été assassinés par ces barbares maudits et ceux qui en ont facilité l’acte.

    Chavouah Tov

  2. Michelle Drai dit :

    Quel beau texte!
    Bravo.
    Ou es -tu?
    Affectueusement
    Michelle et Simon

  3. Altesse…Je n’ai plus de voix…C’est par Anne que j’ai rencontré la Shoah. Son livre a été mon étoile, mon destin. J’ai tenu un journal, et puis, un jour, j’a parlé moi aussi de toutes les petites Anne…

    Respectueusement,
    Sabine.

  4. elyane dit :

    Cher Arnold…je vous remercie…vous avez réussi à me faire pleurer..

    Je vous remercie pour cette lettre magnifique et tellement douloureuse…

    Vous ne devriez pas bousculer mon cœur de cette façon…mais
    qui peut vous en vouloir…
    LE HAIM CHER ARNOLD,
    Très BELLE LETTRE!!!

    • Elyane, j »ai écrit ce texte en m’identifiant (en tout cas, j’ai tenté) à un proche de cette enfant. Maudits soient les chiens qui ont levé la main sur des innocents.
      Je vous embrasse Elyane

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