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Mon Cher fils,

J’ai pris connaissance de la lettre qui m’était adressée et que tu as… publiée ! Je ne m’adresserai pas à un fils imaginaire mais au garçon bien réel, à qui j’ai donné ce que je crois encore être le meilleur, même si c’est avec maladresse que je l’ai fait.

Quand bien même, tu n’aurais pas sollicité mon aide, je t’aurais répondu car, la décision que tu vas prendre, si curieux que cela puisse t’apparaître me concerne. Et je suis persuadé, qu’au-delà de son aspect original, c’est cette réponse, et aucune autre, que tu attendais de ton père.

Tu as donc jugé que « j’ai aimé la France plus que mes enfants ». Le coup fait mal même s’il est excessif. Et tu me provoques pour m’entendre. Alors écoute ! Je ne vous ai pas élevés, ta sœur et toi dans l’esprit combinard qui attend plus des lois que de soi-même. La France reste ma famille à laquelle j’ai tenté d’imposer, par une périlleuse acrobatie tout ce qui me restait des lambeaux du Judaïsme d’après-guerre.  Certes, j’étais plus à l’aise avec Descartes qu’avec Maïmonide et même si je te parlais peu de ce dernier, rappelle-toi que la commémoration de la révolte du ghetto de Varsovie avait chez nous la même ferveur que pouvait revêtir Yom Kippour chez les autres ! Probablement que ton sionisme d’aujourd’hui est lié à la ferveur de ces années ardentes où D.ieu était plus présent qu’on ne l’imaginait, même s’il n’était pas invité

A vrai dire, la compatibilité  « Français juif » si elle reste possible impose une telle tension, une telle vigilance que je ne te souhaite pas de la confirmer. En réalisant ta vie en Israël, ce n’est pas ta vie seulement que tu rectifieras, mais la mienne aussi, et celle de tes grand parents. Je n’ai pas su choisir, ne juge pas ! C’est souvent sous le même toit que se côtoient ceux qui se connaissent le moins !  Rappelle-toi qu’en posant tes pieds sur le sol de Judée, ton père sera là. Voilà que je deviens mystique ! Tu n’es pas porteur que d’avenir, mais contrairement aux règles de droit, ta décision corrige  aussi le passé ! Je t’en ai appris des choses, mais là, c’est une leçon magistrale que toi seul, tu jettes à la face du monde ! 

J’espère que tu mesures  par le choix que je te conseille,  à quel point j’étais masqué, embourbé dans des contradictions insupportables. Comment as-tu pu croire que derrière ce visage souvent miné par des interrogations sans fin, il n’y avait pas  les larmes du doute qui sont les larmes de l’amour quand il s’agit de ses enfants.

Je sais, jamais je ne t’ai parlé ainsi. C’est probablement plus ta décision qui m’y amène que l’âge ou la maladie. Peut-être est-il bien tard pour  ôter le masque. Mais, ne vaut-il pas mieux tard que jamais ?

Enfin pour te montrer à quel point je suis conscient  que ta  décision donne à notre famille ses quartiers de noblesse,  j’ai une demande à t’adresser. J’aimerais, à la veille de ton départ organiser une belle et grande fête où nous inviterions parents amis et relations. Nous ferons imprimer des cartes,  où  sera précisée la raison de cette réjouissance : « A l’ occasion de la prochaine émigration en Israël de…fils de…Ce sera une de mes dernières victoires et, pour toi, l’inauguration  d’une des premières   pages de ta vie,  où ton père deviendrait ton complice. De quoi rendre jaloux   Marcel Pagnol, car, j’en suis sûr,  tu seras fier à ton tour d’être   « la gloire de mon père ! »

                                                                        Ton père, en dépit de tout !

Une Réponse à “REPONSE DU PERE A SON FILS”

  1. Aaron dit :

    Très touchant Arnold. Je sens que votre fils vous a beaucoup peiné dans se lettre. Vos différences, sont une histoire de génération, mais surtout de contexte. Le monde change perpétuellement et le climat social de haine envers les Juifs et Israël, nous incice -nous la nouvelle génération-, à ne plus se taire, ne plus nous faire discrets, ne plus nous assimiler, mais au contraire nous rend encore plus sioniste et exergue notre identité juive. J’aurai bien aimé lire la lettre que votre fils à publiée pour mieux me rendre compte de vos différents vous et votre fils. Je comprends ô combien votre fils, car je fais mon alyiah bientôt aussi. J’ai déjà vécu en Israël, et je m’y sens si bien. Aussi mon adorable épouse est israélienne. Cordialement, Aaron

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