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  Si le nationalisme a souvent fait bon ménage avec la droite, voire l’extrême droite, c’est qu’il sait utiliser  discipline et autorité,  pratiquées par la droite,    comme supports naturels du patriotisme. Celui-ci devient  symbole de force et de rigueur et,  seuls les nationalistes méritent d’être ces patriotes, garants de l’Etat Nation à qui tout doit  être sacrifié.

Même le langage populaire a cédé du terrain devant la poussée de l’excès,  puisque toute affirmation ou attitude privilégiant le civisme ou le patriotisme, est très souvent qualifiée méprisamment de « fasho ! » Comment en est-on arrivé à un tel niveau de méconnaissance pour qualifier d’extrémiste tout comportement qui témoigne de son attachement aux valeurs civiques.

Durant les « années ardentes », celles où l’Etat Juif s’édifia, la gauche dirigeait. La discipline et l’autorité furent des compléments essentiels à la formation. Dans les mouvements de jeunesse pionnière, la mode et le maquillage étaient bannis pour les filles et la tenue vestimentaire des garçons était stricte, n’imposant la chemise que Chabbat. La gauche  pratiquait un patriotisme exigeant et les grands leaders surent imposer dans les rangs des militants, jeunes ou âgés une discipline et une autorité qui seraient jugées excessives et désuètes  aujourd’hui.

Et puis la gauche gagnée par le confort que lui procuraient diverses victoires en bien des domaines,  estima qu’il n’y avait plus, comme à l’époque des pionniers, de raison majeure pour maintenir discipline, ordre et  rigueur avec une telle exigence. La France connut ce grand relâchement aux environs des années 60.

Les courants nationalistes et extrémistes s’emparèrent du terrain laissé vacant, reprirent pour leur compte ces attributs d’exigence mais obtinrent davant      age que les effets liées à une simple substitution. Ils pratiquèrent un jeu pervers en accompagnant leur comportement d’un discours propagandiste tentant de démontrer que la gauche n’avait plus la force et la vigueur de pratiquer l’idéal national.

Cette campagne de dénigrement de la gauche se confondait avec une apathie, une absence de réaction des forces de gauche persuadées que le pouvoir ne quitterait jamais leurs mains. Mais, à doses homéopathiques se distillait une terrible évidence qui obligeait à un comportement coupable et irresponsable : les attributs du patriotisme étant devenus l’apanage des nationalistes et des extrémistes,  les courants gauchistes s’abstinrent dans leurs réunions et meetings de  toute manifestation patriotique craignant d’être confondus, insulte suprême  à des extrémistes.  Les enfants n’apprenaient plus l’hymne national, le vêtement,  support de mentalité devenait négligé, police et armée, symboles d’ordre et de  discipline étaient assimilées à des structures néo fascistes.

 Par ailleurs, quoiqu’indirectement liée à la mise en doute du patriotisme, la chute du communisme qu’illustra la destruction du Mur de Berlin contribua à renforcer  la symbolique qui prenait corps : gauche et extrême gauche étaient loin de l’invincibilité que les discours des dirigeants du Kremlin, encore présents dans bien des mémoires avaient proclamé comme vérités quasi établies. On ne pouvait voir un tel géant,  associé dans une guerre sans merci contre le nazisme, s’effondrer, sans s’interroger sur ses propres chances de survie.

La  méconnaissance par laquelle s’articulent les  artifices   que sont  l’autorité et la discipline, quand ils se transforment en fin politique, peut vite devenir  l’exaltation du conservatisme, de l’immobilisme, et mener au néo fascisme.

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