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Le fanatisme est la seule forme de volonté qui puisse être insufflée aux faibles et aux timides.(Nieztche)

Quelle que soit la forme choisie par ceux qui s’essayent  dans la controverse, la polémique, ou  la critique, on remarquera très souvent que la considération, la courtoisie, voire le respect de l’adversaire sont sacrifiés aux formes primaires de la pensée unique, ou de « l’esprit d’orthodoxie » qui deviendront très vite,  chez les plus faibles, l’expression première du fanatisme. L’insulte introduira fréquemment un discours qui n’est qu’invectives et offenses. Ce mode opératoire pernicieux  visera à atteindre  « l’émotionnel »  par l’insulte qui sera le seul recours salutaire pour y parvenir. Ainsi, en frappant la victime dans sa dignité, celle-ci est contrainte à s’adapter à l’insulte pour se défendre.  La digression ainsi obtenue permettra de tourner une page où « l’insulteur » n’était pas à son aise. L’insulte, l’offense obligent la victime à se plonger dans la dimension intérieure du ressenti pour se défendre et là, rien ne permet de supposer qu’il vaincra, car son adversaire se limitera rarement à une insulte. Au contraire, il les multipliera, car il sait qu’à l’attaque polyvalente, la défense n’est plus possible : « L’indignité vous est familière » « on ne compte plus le nombre de vos trahisons » « Êtes-vous vraiment Juif ? » C’est l’attaquant qui a les cartes en mains.

 On séparera chez son interlocuteur,  sa personne de ses actes et l’on frappera,  par un procédé qui  recourt à une monumentale péripétie, l’homme qui en est l’auteur. La dictature de la pensée s’installe au nom de la…liberté ! Et,  si nul  n’échappe au désir  de s’en réclamer, ce ne sera pas, pour autant, le signe qu’en l’appelant on serait prêt à lutter pour l’appliquer !

L’art de critiquer sans atteindre l’homme est un privilège réservé à ceux qui ont appris. La frontière entre la critique et la diffamation se franchit dès lors qu’on ignore le moment ultime où la critique devient offense.

 Et, s’il y a insulte, on n’est plus dans la critique, mais dans le fanatisme qui est d’abord un état d’esprit, dont la première approche est la  négation de l’autre. La pensée unique remplace l’échange. Et, tant à droite qu’à gauche, les procédés liberticides prendront leurs quartiers. Critiquer se confondra avec insulter et la dignité, objet de tous les combats se  délayera  dans les eaux troubles de la diffamation.    On se croyait fils de Diderot. On se découvre homme de main de Machiavel….Au regard de ceux qui savent, les praticiens de tels procédés ne seront jamais confondus avec ceux qui « critiquent » mais  vite assimilés à un extrémisme de passage !

   On  n’a donc pas échappé  à la contamination  d’une pratique courante aux sombres heures où la France collaborait avec le barbare d’Outre Rhin : l’attaque à la personne,  en lieux et place de la guerre aux idées,  jugée dangereuse. Les ennemis de la liberté ont toujours redouté les exercices d’application pratique de l’intelligence car sévir dans l’insulte rapporte toujours plus qu’évaluer par la raison ou la comparaison.

On aura remarqué qu’une certaine fraction de la presse dite d’opinion a écarté les démonstrations pétillantes ou les analyses d’une intelligence si pléthorique  qu’elle débordait de tout bord  et à la lecture desquelles on sortait épuisé, révolté mais jamais indifférent pour les « coups bas ou tordus », où la réflexion abandonnée à la lassitude,  laisse le champ libre aux démons ignobles de l’attaque à la personne.

Le Président Pérès, par exemple, présentera ses condoléances au Premier Ministre Turc, on commencera par soutenir l’offense en le présentant comme coutumier de …l’indignité, puis on donnera l’estocade en le traitant de « paillasson » Nulle part, le soupçon de réflexion qui permettrait au lecteur d’être convaincu, parce que la conviction s’appuie sur la raison. Y recourir c’est s’exposer à la réplique. Non, on optera pour l’insulte qui n’ayant pas la preuve pour assise,  implique, par contre,  une forme d’irrationnel qui permettra, tout comme à Nuremberg, d’atteindre cette partie de l’être où, l’émotion à elle seule, suscitera la réaction.

Un tel ne pense comme nous. On n’analysera pas ou plus. Ce n’est pas payant. S’y aventurer, c’est prendre l’autoroute en sens contraire. C’est s’obliger à éviter la contradiction par la critique et, par conséquent faire place à l’intelligence en s’exposant  à la réplique. Non, ce qui rapporte au-delà de toute attente, c’est ce qui fait taire, c’est ce qui musèle l’adversaire, c’est ce qui l’oblige à la digression en l’entraînant sur l’impasse où ce ne sont plus ses idées qui seront attaquées mais lui-même.  Saisi par les griffes acérées de  l’insulte, il n’aura plus d’autre alternative que  de se taire et, par conséquent, encourager l’adversaire à s’acharner sur la plaie béante de l’offense.  Il y a dans l’atteinte à la dignité  un bouquet d’irrationnel qui, même bien composé n’innocente jamais !  

Les Juifs ne sont pas immunisés contre les périls de l’ »extrême. »

Vraiment, à l’école de nos bourreaux, certains de chez nous sont les premiers de la classe !

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