Flux pour
Articles
Commentaires

Cette réflexion n’annule ni ne remplace ce que je soutenais dans ces mêmes colonnes, à savoir que le gouvernement Français doit rectifier le point de vue gaullien sur les fondements idéologiques équivoques,  ayant servi de base à l’édification de l’Etat d’Israël.  Le point de vue gaulliste ne recourt pas,  pour autant à l’antisémitisme,  indissociable de la plupart des positions anti sionistes auxquelles on est confronté, presque chaque jour désormais.


Le général de Gaulle fut antisioniste et, cependant, très éloigné de toute forme d’antisémitisme qui lui serait attachée. Comment a-t-il pu échapper à ce piège dans lequel tombent presque tous ceux qui s’attaquent aux fondements du renouveau historique juif ?


L’attitude, les jugements et  les références permettant de répondre à la question sont contenus dans la célèbre conférence de presse de novembre 1967, qui restera l’assise fondatrice de la position du général à ce sujet. Deux thèmes y sont abordés qui n’ont pas forcément de lien entre eux. L’attitude non juive face au sionisme,  qu’elle soit chrétienne militante ou laïque. L’autre, tout aussi essentielle reste la conception gaullienne du statut du Juif vivant  hors des frontières d’Israël et des engagements qu’il   serait  appelé à  souscrire.


Cet anti sionisme devra même être nuancé par le distinguo qu’y établit le général entre « les conditions plus ou moins justifiables d’acquisition des terres » et ce qu’il pensait de certains sionistes fondateurs, comme Ben Gourion  qu’il considérait comme « un des plus grands hommes de son temps » « Voici et revoici David ben Gourion.  D’emblée, j’ai pour ce lutteur et ce champion courageux beaucoup de sympathie et de considération. »


Pour de Gaulle, nationaliste atteint  par l’idéal de 1789,  Catholique radical dont le père fut un fidèle maurassien qui, cependant prit la défense de Dreyfus, le sionisme reste une idéologie pervertie parce qu’opposée à la position catholique. Vatican II restait imprévisible et la position de l’Eglise restait sans  compromis : le peuple déicide devait errer afin d’expier. « Peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » sont des attributs religieux que les Juifs conservent alors qu’ils s’appliquent désormais à la Nouvelle Alliance.


Dans la cohérence gaulliste, un Juif français est d’abord Français. Sa citoyenneté le place sous la protection des lois de la république. S’il opte pour une mise en pratique du sionisme, outre la donnée religieuse chrétienne  qui enlève tout crédit à sa démarche, son émigration vers un pays « étranger » est inadmissible, car elle devient trahison !


Quand il établit en 1967 les contours de sa politique anti sioniste, il fit aussi un choix. Les Arabes avaient essuyé trois défaites militaires : la guerre d’Indépendance de 1948, la campagne de Suez de 1956 et la  Guerre des Six Jours de 1967. L’Etat d’Israël devenait une réalité incontournable et le génie prospectif du général le laissait escompter que l’Etat Juif amorçait désormais un parcours irrémédiablement  ascendant. Il fallait donc choisir son camp !


Opter pour le sionisme n’était ni conforme à sa foi catholique, ni à l’idée qu’il se faisait des alliances nécessaires dans l’intérêt de la France. Le choix d’une politique pro arabe était inévitable. D’abord, parce qu’elle confortait sa foi dans l’inévitable  disqualification religieuse   du peuple juif qui, jugé  « voleur de terres arabes » se plaçait dans la périlleuse perspective de devoir se justifier en permanence. Le général n’engagera pas un inopportun   débat théologique que sa qualité de Président d’une République laïque lui interdisait.


Il optera pour un « reproche politique » qui, insidieusement dépassera le débat religieux,  tout en l’intégrant, sachant qu’accuser les Juifs de « vol » les dépossédait, de toutes façons,   de toute prétention  messianique.  Les bienfaits économiques que ne manqueraient pas de susciter une alliance avec le monde arabe constitueront l’argument décisif quoiqu’inavoué.


C’est précisément ce dernier point de l’illégitimité de l’occupation juive que le gouvernement français devra déclarer nul et non avenu : Les Juifs n’ont pas volé la terre arabe !


Quant au reste, être sioniste, était, pour le général, s’associer à l’une des formes les plus dissolues de la condition juive. Cette appréciation sans concession ou compromis, ne l’entraînera pas, cependant, vers l’antisémitisme. Les Juifs privilégiant leur appartenance à la Nation française, restant à ses yeux, des citoyens, qui, égaux aux autres Français pouvaient, s’ils le méritaient, en attendre les récompenses, distinctions,  mérites et bienfaits les plus éminents.

Une Réponse à “De Gaulle n’était pas antisémite !”

  1. yan dit :

    Shalom, les sanglots longs des violons de l’automne, blessent le général d’une langueur monotone. Dans les faits je me suis toujours demandé si la victoire de Tsahal qui fut très rapide en 1967 ne lui avait pas empêcher de faire un de ses coups politiques tordus dont il avait le secret, n’oublions pas qu’il est revenu au pouvoir en 1962 dans des circonstances un peu douteuses et que le référendum qui a suivis son retour était indispensable pour que l’opposition ne hurle pas au coup d’état, nombreux étaient celles et ceux qui pensaient que les paras allaient sauter sur Paris et faire un coup d’état militaire eu égard aux évènements qui se passaient en Algérie qu’il a utilisé par la suite pour obtenir la « bombe ». Cordialement.

Laisser un commentaire