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Si le sionisme est la base idéologique sur laquelle s’établit l’assise fondatrice de l’Etat d’Israël, on restera surpris du     destin singulier réservé à ce terme dans la vie publique israélienne.

On observera tout d’abord que c’est avec un sens  anecdotique que le terme « sioniste » est employé à deux reprises dans la Déclaration d’Indépendance. Une fois pour qualifier le Congrès de Bâle en 1897 et, une autre fois, pour associer le Mouvement Sioniste à la signature des divers intervenants figurant sur la Charte d’Indépendance. Jamais pour signifier une référence comportementale, un ancrage moral ou une vocation spécifique liée aux valeurs humanistes véhiculées par la tradition.


Mais, pas une seule fois, le mot sionisme désigné comme l’idéologie fondatrice de l’Etat Juif n’apparaîtra dans la Déclaration d’Indépendance !


Que Ben Gourion se soit abstenu de mentionner que le sionisme définit l’idéal juif, alors que l’Etat dont il proclamera l’Indépendance est directement issu de cette doctrine qui naquit à Bâle en 1897 est un fait inouï et incompréhensible. Cette même réserve révèlera aussi que le sionisme est rarement cité comme valeur refuge de la vie politique israélienne, alors qu’à l’extérieur, cette réalité idéologique et fondatrice de l’Etat Juif est reconnue comme salvatrice ou décriée comme fléau. Et pourtant, la Déclaration d’Indépendance fut lue par David Ben Gourion sous le portrait de Théodore Herzl, fondateur du Mouvement Sioniste politique.


On aura, par ailleurs observé, que, si le sionisme demeure la pierre angulaire du Renouveau National Juif, il n’est jamais exalté, célébré, à la manière de la République Française, ou de la royauté britannique. Jamais un homme politique ou publique israélien, n’a, me semble t-il, conclu son intervention en s’exclamant « Vive le Sionisme ! »


Sauf, si  dans l’approche du sionisme, celui-ci se limite à une émancipation nationale, ce qu’il était pour la grande majorité des militants sionistes. On pourrait, dans ces conditions conclure que le but du sionisme, son aboutissement,  étant la création de l’Etat, le sionisme perdrait tout crédit à être célébré.  Comme si cet aboutissement était encore à venir. En effet, tout se passe comme si l’Etat d’Israël étant édifié et son Indépendance proclamée, le sionisme devrait  disparaître, son objet étant réalisé.


La réalité, le sens profond de cette « omission »,  me paraissent devoir être recherchés dans une toute autre direction à laquelle nous invite la vision politique de Ben Gourion, assez proche, on en conviendra de la clairvoyance prophétique.


En effet,  le sionisme politique s’inscrivait dans le vaste mouvement nationaliste du XIXème siècle où de nombreux peuples retrouvèrent le sens et la portée de la Nation. Concernant l’idéal du  peuple juif, limiter le sens du sionisme à la seule construction de l’Etat, ne pouvait concerner que celles et ceux pour qui Israël est un « Etat comme les autres ». Manifestement, Ben Gourion refusa cette limitation de l’idéal d’Israël. Et l’absence de référence au sionisme aujourd’hui doit être vue comme une influence négative de cette période, cependant glorieuse.

Il importait donc, par le silence,  d’accorder au sionisme une dimension essentielle, échappant au déterminisme temporel.  La Rédemption nationale juive s’éloignerait  donc du  seul nationalisme, en lui permettant de retrouver les fondements de la civilisation hébraïque.


Faire référence au seul sionisme empêchait cette fusion, parce qu’elle réduisait la vocation judéenne au seul Renouveau National. Comme guidé par une force qui le dépassait, David ben Gourion indiquait, suggérait que :

LE  SIONISME POLITIQUE  EXCLUSIVEMENT  NE SERAIT JAMAIS LE SEUL ASPECT DE LA VOCATION JUIVE.

Les détracteurs d’Israël ne s’y trompent pas. Ils font supporter au sionisme, non seulement la responsabilité de la naissance d’Israël, mais encore la « spécificité du caractère juif de l’Etat d’Israël. »

Le sionisme est bien l’essence de la vocation juive. Herzl, le congrès sioniste n’en sont que des expressions, tout comme la négation de la messianité de Jésus, ou la vocation universelle d’Israël ne prenant leur véritable sens que dans cette ouverture du sionisme à tous les peuples,  il importait que le père fondateur d’Israël, n’en limitât pas la portée par une référence restrictive et donc erronée.

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