Prétendre aborder un tel sujet dans le cadre d’un article de quelques lignes resterait une vanité si je prétendais y tenter une analyse. Pour ce qui suit, aujourd’hui, je me limiterai essentiellement à définir, selon le regard traditionnel, ce que la civilisation des Judéens désigne et entend par KORBAN.(Sacrifice)
Si l’histoire du monde et des hommes reste, selon les Juifs, le domaine où se prouve et s’éprouve la capacité à conduire l’histoire selon les critères de moralité, la faute, doit pouvoir détenir une stratégie de récupération, sinon, toute infraction serait disqualifiante et entraînerait son auteur vers une impasse.
A titre de préliminaires, j’indiquerai, que ces deux tendances sembleraient se contredire. Les prophètes, voire les psaumes signalent à plusieurs reprises, que D.ieu préfère « un cœur pur aux sacrifices, » tout en confirmant, par ailleurs, la validité des Korbanot. Des lieux communs, galvaudés, ont pollué la vie spirituelle en tentant de persuader que la nature des poisons de l’esprit résiderait dans la « pratique » qui resterait un rituel desséché et desséchant, alors que l’essentiel se situerait au niveau de la « pureté du cœur. » On voit bien se dessiner deux courants à tendance hypertrophique.
L’un fondé essentiellement sur la Foi, qui délaisserait, voir abandonnerait le culte sacrificiel et l’autre, essentiellement ritualiste où le sacrifice, resterait une fin en soi, et délaisserait l’aspect moral qui le sous tend. On se doute qu’il y a derrière le culte sacrificiel et les réserves, souvent légitimes émises à son sujet, deux conceptions de l’homme et de son histoire, dont une des conséquences sera la naissance du schisme chrétien. Si la Loi de Moïse affirme être le Code Moral de l’histoire des hommes, si elle soutient, que D.ieu se révélant ne pouvait le réaliser que par le biais d’une loi, parce que, seule la loi donne aux hommes le moyen de se racheter, alors le culte sacrificiel devenait inévitable. Pourquoi ?
Où l’entorse morale a-t-elle sa source ? Comment se constituent les éléments qui mènent à porter préjudice à autrui ? En d’autres termes, si D.ieu parle aux hommes, c’est pour leur indiquer « les sentiers de rectitude, » dès lors qu’ils s’en sont écartés. L’origine de la faute, passe obligatoirement par des considérations économiques. On faute pour « AVOIR ». Avoir, c’est aussi ressentir. Vanité des vanités…
Si c’est « l’économie » au sens le plus général et le plus profond qui est source de la violation des règles morales, l’homme sera confronté à l’alternative suivante : il réparera sa faute, seulement et essentiellement dans le domaine où il l’a commise. « Il faut manger pour vivre » est souvent la réponse du fautif. C’est donc par un repas que l’expiation aura lieu. Il accomplira un Korban avec le risque de l’envisager comme une formalité, une régularisation.
Ou alors, il avouera son incapacité à faire réussir le bien et le juste dans l’histoire des hommes et négligera la stratégie des sacrifices. Cette dernière option inaugure le mode opératoire de l’hérésie. L’homme reste seul avec sa faute. Aucune action ne peut réparer la violation. Une telle position poussée dans son inévitable jusqu’auboutisme, outre l’abandon des moyens tactiques de récupération de la faute, conduira au tétanisme de la volonté réparatrice. Naissance du Christianisme et codification de l’immobilisme érigé en vertu : Prééminence de la foi sur les œuvres : Paul de Tarse !
Le culte sacrificiel est inséparable de la Tradition d’Israël. Il est appelé à renaître avec les risques dénoncés par les prophètes.
NB/ Je n’ai pas encore défini le Korban. Ne m’en tenez pas rigueur ; mais, ce thème exige d’abord un grand balayage des fausses définitions importées de cultures étrangères. Et je n’ai pas achevé le nettoyage. Il faut dire que Pessah n’est pas loin et ces importations sont le Hamets de notre génération.