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Maïmonide nous prévient. L’idolâtrie telle qu’elle était pratiquée dans l’Antiquité n’a plus cours. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Et d’abord qu’est-ce que l’idolâtrie ?

En hébreu, idôlatrie se dit Avoda zara, Avodat cohavim, ou Avodat elilim c’est-à-dire, culte étranger, culte des étoiles ou culte des Dieux. Subsistent pour la plupart d’entre nous des approches de l’idôlatrie qui demeurent des reliquats légués par un lointain passé où idôlatrie est associée à l’adoration de statues ou d’images à figuration humaine. Quand bien même, il subsisterait quelque chose de vrai dans cette façon de voir, nous resterions très éloignés de la réalité sur les formes modernes et très nombreuses qui s’identifient aujourd’hui à l’idolâtrie.

Pour la Tradition d’Israël pratiquer l’idolâtrie, c’est attribuer à une forme quelconque, à une force terrestre ou céleste (les étoiles, par exemple) un prix qui placerait cette forme ou cette force au dessus de la valeur de l’homme. Cette interdiction vise à protéger l’homme du risque de se voir ravir la première place parmi les choses créées. L’homme est au centre de la création et toute survenue de quoi que ce soit, d’essence matérielle ou spirituelle qui surpasserait l’homme ou serait appelée à en concrétiser le risque, serait qualifiée d’idole. Pour entrer dans le vif, sans détour, le christianisme est une idolâtrie parce qu’un homme, Jésus, devenant D.ieu, prétend avoir dépassé la condition humaine. La confiance manifestée en la machine, l’estime dans laquelle on tient l’argent, etc… relèvent des définitions modernes de l’idolâtrie.

Le risque reste grand, car une telle conception amène souvent à sacrifier l’homme aux idoles modernes. L’homme peut être privé de son travail pour satisfaire la déesse « rentabilité » ou être contraint à une forme d’esclavage, par les demandes de plus en plus excessives de cette même déesse.

Quand bien même, ils seraient attachés à la Tradition, les Juifs n’échappent pas à cette tentation d’accorder à certaines mitsvots une importance telle que le risque « idolâtrique » pourrait devenir menaçant. C’est une des raisons pour lesquelles, quand la vie de l’homme est menacée, la Loi, la Thora s’effacent devant la prééminence incontournable de la vie de l’homme.

L’amour de la terre s’il est prêt à sacrifier l’homme reste une pulsion idolâtre, tout comme l’interêt exclusif de la Thora s’il rejette la terre. L’amour entre l’homme et la femme, tel qu’il fut envisagé par les romantiques, par exemple, amour dévastateur qui brûle tout sur son chemin et transforme l’être adulé, (on aura remarqué la similitude) en idole à laquelle tout doit être sacrifié, relève de l’idolâtrie.

Loin d’être une réalité obsolète, l’interdiction de l’idolâtrie reste d’actualité, à condition d’en évacuer le contenu primitif et de considérer la permanence du risque idolâtre, dès que surgit la tentation d’ériger quoique ce soit qui présenterait plus d’intérêt que la condition humaine.

L’interdiction de l’idolâtrie présente donc l’intérêt d’être un moyen salutaire de vérifier que nous n’accordons pas plus de valeur aux choses abstraites ou concrètes qui nous entourent. Et si nous devions céder à la tentation, quand bien même nous serions agnostiques, nous relèverions du qualificatif d’idolâtre, tel que la Thora le définit pour les hommes et femmes de notre temps.

Arnold Lagémi         www.terredisrael.com

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