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  Parce que nos plus redoutables ennemis, ceux qui s’attaquent à l’âme d’Israël ont vite compris où était notre vulnérabilité. Ils ont assimilé à la vitesse de l’éclair, qu’il n’y a pas un peuple qui,  ayant souffert ce que nous avons enduré,  soit autant persuadé que le peuple juif  d’être haï, détesté,  jusqu’à la limite du supportable. Et c’est précisément, sur cette faiblesse qu’ils tentent de porter leurs coups.  La quasi-totalité des réactions juives face au monde non juif est d’abord de vérifier, avant, le cas échéant,  de devoir se  défendre, que l’interlocuteur ne dissimule pas une once de sympathie que, par pudeur, il n’oserait manifester.

D’où la gaucherie, la maladresse dans les relations avec les non Juifs. Voire la provocation, pacifique s’entend.  J’assistais récemment, à un congrès de psychanalystes, où l’orateur baissa la tête vers son pupitre quand il évoqua d’un mot l’identité juive du père de la psychanalyse, avant de se redresser brutalement et de balayer l’assistance d’un regard appesanti et scrutateur.

Une fois assurés et, en quelque sorte rassurés sur la certitude de n’être pas aimés, les coudées sont franches pour contre attaquer ou être désagréables. Mais imaginer que, sans s’en être assuré, on commence une argumentation visant à démontrer l’hostilité de l’interlocuteur,  on court le risque de démultiplier le sentiment de culpabilité si d’aventure « l’autre » se révélait ami.

Si le dialogue est engagé avec un ennemi, un vrai, il se gardera bien de mettre en avant toute cause, raison ou motif de dissension. Il affirmera d’abord que le peuple juif est digne d’intérêt, voire d’affection. Il prétendra même que son propre système de pensée repose sur tout ou partie de la culture d’Israël. Surviendra alors chez le Juif une suite de réactions  conscientes ou non, visant à lever toute réserve pouvant mettre en doute la sincérité de son interlocuteur. Parce qu’avouer son affection pour les Juifs, c’est, du point de vue de certains, trahir son milieu !  Et, pour les Juifs, leur dire qu’on les aime, c’est, pour l’auteur de l’aveu,  s’exposer au rejet des siens. Un non juif qui prend ce risque a droit à des égards.

Ainsi, le stratège pervers pourra mettre en route son programme dont le but sera,  soit de l’amener à ses vues, soit, le cas échéant, le placer dans de telles dispositions d’esprit que la perspective d’une conversion à telle religion ou secte deviendra possible.

Ce qui est vrai au niveau d’individus le sera au niveau des Etats,  dont les Chefs commenceront à proclamer leur attachement à la survie d’Israël avant de lancer des accusations assassines sur tel ou tel aspect de la politique d’Israël.

On remarquera l’incongruité des politiciens étrangers ayant perçu la fragilité juive,  quand ils parleront  d’Israël dans des catégories d’expression proches de celles utilisées pour désigner sa propre famille.  Comme s’ils savaient que les Juifs n’étant pas prêts à ce que leur soit appliquées les modalités de l’impersonnel en politique,   il est préférable d’user d’un langage qui, pour puéril qu’il soit,  n’en permet pas moins d’être crédible à leur jugement.

Attitude puérile et naïve de prime abord, elle signifie tout de même que le « mal d’amour » est l’exigence d’implication de la vérité dans le rapport judéo non Juif, sans pour autant qu’il traduise un piège. Il n’est pas interdit, en effet, à un non Juif de déclarer son amour à Israël, s’il juge qu’après Auschwitz,  c’est le préalable à tout échange amical.  Il n’est pas illicite, du point de vue d’Israël, d’estimer la démarche obligatoire, même si en le rappelant, les Juifs sont maladroits. Profiter de cette carence pour y glisser un crédo, politique ou autre relèverait  d’une attitude criminelle.

Le « mal d’amour » nous laisse souvent désarmés face à l’ennemi. Mais c’est le moyen souverain pour vérifier la qualité de la relation. On ne parle pas aux enfants des victimes  de la Shoah comme on s’adresserait à un peuple dont les ennuis ne mirent jamais en cause la légitimité de son existence.

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