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Dans sa volonté de remettre en question les fondements et les ambitions de l’Occident Chrétien, Nietzche, n’hésitera pas à comparer la morale chrétienne à une « morale d’esclaves » incapable de devenir cette « morale des maîtres » qui libèrera l’homme de toute référence à ce qui l’écrase. L’homme ne peut être homme qu’en devenant surhomme. A cette fin, il doit s’éloigner du Christianisme qui « détruit la vie en voulant la sauver. »

Et pourtant, dans cette vision amorale ou immorale de l’homme et de son histoire, on pourrait croire que Nietzsche s’éloignerait de toute référence à la morale hébraïque. C’est le contraire qui nous surprendra. La morale juive s’imposera au philosophe par « la redoutable majesté des revendications infinies ».

Dans cette optique, loin d’être le maître de l’athéisme, Nietzche apparaîtra comme l’allié du Judaïsme …le plus orthodoxe…

Car, c’est précisément cette morale hébraïque qui, par son audace, embrase toute initiative humaine et confère à l’homme le privilège d’exiger le droit quand l’arbitraire l’a remplacé,  qui fera de l’homme un « surhomme ».

Par cette vision, Nietzche estime considérable la dette de l’Europe envers les Juifs, car la morale d’Israël, loin d’apparaître comme une soumission, traduit, au contraire, une éternelle révolte contre l’injuste, transformant par l’esprit de sa démarche, les esclaves en « maîtres. »

Arnold Lagémi

Extraits. « Par delà le bien et le mal » p 271. Traduit par henri Albert. Paris, Mercure de France 1903.

« Ce que l’Europe doit aux Juifs ? Bien des choses, du bon et du mauvais, et avant tout une chose qui est à la fois des meilleures et des pires : le grandiose en morale, la redoutable majesté des revendications infinies, le sens des « valeurs » infinies, tout le romantisme et tout le sublime des énigmes morales, et par conséquent, ce qu’il y a de plus attrayant, de plus captivant et de plus exquis dans les jeux de nuances et les tentations de vivre dont la dernière lueur, la lueur mourante, peut-être, embrase aujourd’hui le ciel crépusculaire de notre civilisation européenne.

Et c’est pourquoi nous autres, les artistes, entre les spectateurs et les philosophes, nous avons pour les Juifs de la reconnaissance. »

Frédéric Nietzche

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