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Initiatrice de la liberté comme matrice de tout progrès, la conscience hébraïque a cependant assorti la jouissance de cette liberté de certaines conditions. Tout d’abord cette liberté acquise lors de la sortie d’Egypte n’est valide que si elle est reconnue, comme entière et totale pouvant aboutir soit au Sinaï, soit au…nihilisme !  La liberté n’est légitime que débarrassée de tout hamets, c’est-à-dire, de toute influence liée à l’histoire individuelle ou collective. La liberté, processus libératoire, assimilée par et pour elle-même, risquerait  de se transformer en force auto destructrice pour aboutir à l’anarchie, système que, par bien des aspects on peut mettre au crédit d’une certaine forme de démocratie.

C’est la raison pour laquelle, les Hébreux furent pris de panique à Pessah, mesurant tout le danger de cette liberté qui n’aboutirait qu’à elle-même. D’où la nécessité, d’être comptable du temps qui doit faire aboutir cette liberté vers la Loi, seule issue donnant un sens à cette liberté. Ceci est une des raisons pour lesquelles les Juifs comptent le Omer, de Pessah à Chavouot, montrant ainsi toute la différence entre les conceptions bibliques et grecques de la liberté et surtout du temps !

Mais pour que la Loi, qui ne peut être que la seule approche donnant un sens à la liberté, ne soit pas asservissement mais aboutissement d’un processus libératoire, encore faut-il que la liberté soit réellement acquise. Car seul un peuple libre et libéré peut aliéner tout ou partie de sa liberté de manœuvre sans que son initiative soit un esclavage volontaire. Il est impératif de ressentir la panique et l’angoisse éprouvées à la réception d’un présent dont on ne sait ni ne comprend l’usage. C’est probablement un des motifs de la nostalgie pour  la servitude égyptienne exprimée par les Hébreux à Moïse et Aaron. La liberté peut être une formidable force destructrice si elle n’aboutit pas sur la seule forme de relation possible entre l’homme et D.ieu : la Loi !

Les Hébreux ont donc compté le temps qui séparait cette obtention de la liberté du moment où ils recevraient la Loi. En d’autres termes, ils ont expérimenté avant Nietzche, Sartre, Camus, Malraux et Cie, l’absurdité d’une vie sans transcendance exprimée essentiellement sous forme de Loi, ou le non-sens d’une existence qui,  privée des règles de fonctionnement de l’homme et du monde aboutirait à la naissance d’une humanité aux pouvoirs jamais égalés mais qui finirait par retourner cette puissance contre elle-même au premier prétexte.

Compter des fruits ou compter des jours n’a rien de commun. Compter le temps, c’est accorder à la comparaison une opportunité exceptionnelle, c’est reconnaître que la liberté aidant, l’homme prend conscience de son néant et attend d’être aidé dans l’orientation donnée à cette liberté, qui, sans la Loi, revient à choisir la forme de son suicide.

Chavouot est donc l’aboutissement de cette attente où l’homme vérifie que la vie a un sens et cette signification le renvoie à l’observance de cette Loi dont l’éternité signifie précisément que l’homme se désignant comme objet et sujet de relation, seuls un rapport, une dépendance, une corrélation  fondés sur la Thora sont susceptibles de donner sens à sa vie.

Toute tentative d’éloigner la Loi du peuple Juif, réduirait le Judaïsme à un état d’âme, à une humeur spirituelle qui, pour séduisante qu’elle fût, par le rejet des responsabilités,  renverrait l’homme à la certitude que tout son hamets n’ayant  pas été évacué à Pessah, il continuerait de lutter pour l’obtention d’une liberté mythique déjà acquise à …Pessah

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