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Bernard Temam est mon ami depuis une quarantaine d’années environ.

Je compris   assez tardivement que sa fréquentation de la mort, et de tout ce qui l’accompagne le conduisaient  souvent à l’ironie, à l’humour, bref, à tout ce qui était susceptible de faire rire,  bien rire, et sans délai ! L’exorcisme n’était pas loin. Le grand médecin aussi !

En effet, Bernard Temam fut un grand médecin,  si le sens du mot retrouve son origine religieuse et sa dimension spirituelle. S’occuper du corps en laissant de côté l’esprit était la suprême contradiction. Mais l’esprit, quand Bernard Temam s’en occupait, ce n’était jamais pour entrer dans le jeu sans fin des vanités universitaires. C’était d’emblée, pour atteindre le cœur, l’essentiel, l’émotif.

« Vous êtes inquiet ? » « Et, pourtant, y’a pas de quoi ! » Ou alors, il s’échappait avec brio des contingences,  afin de pouvoir raconter une histoire drôle, par ce qu’il avait senti et compris qu’il fallait créer une « ouverture » sans délai.

Ces derniers temps, je sentais qu’il appréciait ma présence, parce qu’elle lui permettait de retrouver cette dimension du passé où,  l’entretenant de ce que je savais sur la tradition d’Israël,  une relation subtile s’était établie, depuis longtemps entre nous. Mais, depuis peu, ce  lien   ancrait sa maladie, dans cette vaste région de la confrontation avec l’ultime, l’essentiel !

Toujours prêt à prendre sur lui la question  ou l’inquiétude de l’autre, le Dr Temam, possédait cette intuition des grands médecins, qui lui permettait la question qui réduit à néant tout risque d’approximation. « Vous pouvez ! » était sa signature la plus fréquente. Et s’il plaçait un sens interdit. Ce n’était pas son ignorance qui était en cause mais le contraire assurément ! Aucun clivage ne différenciait quiconque de son prochain et il  m’a fréquemment questionné sur l’implication éventuelle de la faute dans la maladie.

Très impliqué dans les combats d’Israël, Bernard Temam pouvait transgresser les règles de courtoisie quand son interlocuteur portait une attaque délibérée contre le sionisme.

Sensible à « l’épreuve » plus qu’à la « sanction », Bernard Temam me disait, qu’il lui semblait comprendre, que la maladie pouvait « terrasser » comme « édifier. »

A sa femme Danièle, pour qu’elle ait la force de supporter cette absence.

Pour ses enfants que j’invite à forcer,  par l’évocation du  souvenir de leur père, ces domaines que la pudeur incite à cacher, même à ses proches et qui toujours révèlent une identité supposée mais jamais confirmée,  parce qu’au-delà de l’apparence joviale, se tenait l’inquiétude et l’angoisse de celui qui sait ! Ils y découvriront un homme plus grand qu’ils n’imaginaient et un père qui ne concevait pas le médecin sans la couronne de la vocation !

Un « grand bonhomme  nous a quittés. »

Un Grand Médecin aussi !

Mon ami surtout…

Au revoir, Bernard !

19 Réponses à “Le Dr Bernard Temam a quitté le monde des apparences !”

  1. elyane dit :

    Votre texte m’a…tordu le coeur…
    Votre texte est magnifique.

    Votre texte est une ode à l’amitié
    Votre texte a fait vibrer ma fibre askénaze…..
    LE HAIM ARNOLD…

    • Un ami vrai, c’est un ami avec lequel on a aussi des crises de fou rire, parce qu’on s’accepte tel qu’on est. Vous aurez la primeur d’une anecdote qui a déclenché un mémorable fou rire. Nous nous baladions (avec femmes et enfants) à Jérusalem, quand nous arrivâmes devant l’illustre King David. Et, Bernard, qui connaissait l’histoire du bâtiment nous invita à la cafétaria du Palace pour déguster glaces et pâtisseries. La collation terminée, il réclama la note et refusa ma participation. Nous nous levâmes pour sortir et je ne comprenais pas son insistance à rester, face au lobby, faisant semblant d’être admiratif devant le plafond. Comme s’il attendait quelqu’un. Ce « quelqu’un » était le maître d’hôtel de la cafétaria qui nous voyant nous diriger vers la sortie, nous interpella:
      « Vous avez oublié de régler la note!!! »
      Et, Bernard se tournant vers moi, me lança, contrarié:
      « Mais Arnold, tu nous as invités! Et tu partais sans payer »
      Et, il régla la note, commençant pas être dévoré par un fou rire qui nous poursuivit quelques heures!
      C’était aussi, une des faces de Bernard dont le départ laisse un immense vide.

  2. Nebojsa dit :

    Longtemps le docteur Temam, ainsi que les docteurs Meyer et Cohen (qui partageaient le même cabinet à Massy), ont été mes médecins. Puis j’ai changé parce que j’en ai trouvé un plus près de chez moi et qui recevait sans rendez-vous… cela me semblait plus simple. Mais je garde de bons souvenirs de ces trois médecins qui m’ont suivi dans mon adolescence… puis au début de mon âge adulte.

    C’est une triste nouvelle. Je suis croyant (chrétien de tradition orthodoxe) je vais prier pour lui et pour sa famille…

  3. Patrick Loquet dit :

    Le Dr Bernard Temam a été mon médecin traitant de 2002 à début 2013. J’ai apprécié sa qualité d’écoute et son jugement médical toujours très sûr. C’était un très grand médecin, cela ne fait aucun doute.
    Je l’ai vu à son cabinet pour la dernière fois le 29/01. Je connaissais son état et j’étais très inquiet pour lui.
    Nous discutions souvent de sa maladie dont il me parlait sans détour.
    Il m’ a déclaré ce jour là qu’il devait débuter un nouveau traitement et qu’il serait absent au moins une semaine. Il ignorait comment il supporterait ce traitement difficile, m’avouant qu’il partait « dans l’inconnu ».
    Je lui ai conseillé, une nouvelle et dernière fois, de penser à lui, de « lever le pied », profitant notamment de l’arrivée du Dr Arnaud Saada pour le suppléer, lui et le Dr Alain Meyer (également atteint d’un cancer). Il m’ a répondu gentiment qu’il connaissait tous ses patients, certains depuis très longtemps, qu’il ne pouvait donc choisir lequel il devait conserver, déclarant également : « je n’ai jamais su dire non » (à la sollicitation d’un patient).
    Alors que beaucoup à sa place aurait cessé d’exercer durant cette longue et douloureuse maladie, le Dr Bernard Temam avait, lui, fait le choix de continuer à aider ses patients jusqu’à la limite de ses forces, notamment parce qu’il avait le sentiment en les aidant de s’aider aussi un peu lui-même (selon ses propres dires).
    Juste avant de se quitter, je lui ai demandé s’il restait de l’espoir. Après un court silence il m’a regardé avec le sourire bienveillant qui le caractérisait tant et il m’a répondu « il y a toujours de l’espoir ».
    Je suis sorti le coeur empli de chagrin, avec la sensation que je le voyait peut-être, hélas, pour la dernière fois.
    A toute sa famille, à ses proches, à ses amis, à tous ceux qui l’ont connu et aimé, j’adresse mes plus sincères condoléances.
    Adieu Dr Temam, vous êtes sûrement parti dans un monde meilleur mais vous nous (vous me) manquez énormément.

  4. bruno p dit :

    bonsoir,

    J’ai appris le décès du Dr TEMAM par une amie qui l’avait aussi comme médecin.
    Cette (mauvaise) nouvelle m’a attristé.
    Je me souviens la dernière fois que je l’ai vu : en visite à domicile pour mon fils et moi même. Il ne devait pas pouvoir venir, ne consultant pas à domicile ce lundi matin exceptionnellement et avait donc pris RDV pour l’après midi. 5 minutes après avoir eu sa secrétaire au téléphone, celle ci me rappelait pour m’indiquer que si j’étais toujours preneur, celui ci pouvait quand même passer si je le souhaitais. Et oui, s’était bien lui cela : dévouer à son travail.
    S’est donc après avoir appris son déçès que je me suis dit qu’il devait avoir bloquer cette matinée pour son traitement je pense et il quand même venu. Comment de médecins auraient fait cela?
    Je me souviens aussi qu’il y a quelques années, il s’était cassé des côtes : il continuait quand même son travail pour ses patients.
    Quel homme cet homme.
    S’était plus qu’un bon médecin : un excellent médecin.
    Mes pensées vont vers cet homme et vers sa famille.

  5. mary dit :

    une bien si triste nouvelle que j ai appris il y a une semaine. Un etre d ‘exception qui etait mon médecin depuis 1994 quand je suis arrivée à Massy. Il m a aidée, soutenue, il connaissait tout de moi… toujours positif, jovial pour me faire avancer et lui cachait sa douleur. cette annonce m’a effondrée et je n arrive pas a remonter… merci encore a cet être formidable, d’exception… pensées à sa femme et ses enfants

  6. Hafida dit :

    Le docteur Temam était notre médecin traitant depuis de nombreuses années.
    C’était un grand medecin c’est inexplicable.Nous avions une confiance total en lui il ne nous a jamais jamais déçu mon petit garçon disait souvent c’est un magicien!!!
    Depuis son décés nous sommes comme orphelin c’était un grand homme rassurant il a beaucoup fait pour moi et ma grande famille.

    vous nous manquez docteur Temam.
    Ce cabinet vide c’est trop dur pour nous
    merci merci pour tout.

    Toutes mes condoléances à sa famille et ses proches.

  7. aline dit :

    J ai appris aujourd hui le décès de ce cher docteur Temam et j en suis terriblement attristée… c était un homme bon, qui avait un regard chaleureux et bienveillant. J avais une totale confiance en lui, je crains de ne jamais retrouver cela avec un autre médecin. Quelle perte pour ses patients mais aussi bien sûr pour ses proches à qui j adresse mes pensées… merci à lui…

  8. amandine dit :

    Mon cher docteur temam notre médecin de famille depuis plus de 25 ans
    C’est une immense tristesse pour nous d’avoir appris sa maladie puis son décès il nous manque beaucoup et il sera à jamais dans notre cœur un homme vraiment inoubliable un magicien.
    « Un grand merci pour moi et les miens docteur »
    Mes plus sincères condoléance a sa grande famille

    (Mimi, Christian, Amandine, Justine, Lénny, Cassie)…merci

  9. samoun dit :

    c’etait notre medecin de famille depuis son installation a massy.
    il a soigné mes parents,des amis,il avait un diagnostic medical precis.
    ma fille qui habite loin d’antony,avait changé de medecin ,pour elle et ses enfants.
    et tres souvent elle appelait bernard,avant de consulter…
    aujourd’hui,le cabinet parait vide
    et nous avons du mal a parler de bernard au passé.
    repose en paix bernard
    une pensée tres forte ,à danielle sa femme,à maryline sa soeur,et à ses enfants,et petits enfants.
    jean paul et michele samoun

  10. Henri DAHAN dit :

    Merci Arnold. D’habitude, tu me connais sous l’un de mes pseudo. Je ne le révèle pas ici.

    La mère de Bernard, était l’amie de ma propre mère en Algérie.
    Bernard a grandi à Biskra. La ville de mes grands parents maternelles et de ma belle famille. Donc enfant, ma femme le connaissait. C’est hélas, le frère de ma femme, qui décela sa tragique maladie. Ils se connaissaient donc depuis toujours. Et ils s’estimaient professionnellement. Bien sûr, Bernard était aussi mon médecin…

    C’est une perte cruelle.

    Mais Arnold, tu as parfaitement traduit la signification de notre bref passage dans ce monde ci.

    Qu’il soit agréé dans le Gan Eden.

  11. revillon dit :

    Bien triste nouvelle que j’apprends, j’étais moi même installé comme médecin à Massy de 1985 à 1995….
    Savez vous si les Drs Meyer et Cohen exercent toujours?

  12. MARTIN dit :

    Bien tard pour réagir mais sachez que jusqu’à ce soir Bernard et Daniele ainsi que leurs enfants occupaient un coin de notre coeur et de nos pensées.
    Nous avions 20 ans lorsque nous avons rencontré ce couple magnifique de gentilles et de partage.
    Thibaud a été « son élève » dans un club de sports à Antony.
    Leur présence ne nous a jamais quitté. Même si les nouvelles se sont faites rares notre coeur se tournait souvent vers vous Bernard et Danièle, vous qui nous avez fait connaitre des lieux et des sensations magnifiques.
    Nous avons écrit mais j’ai appris que vous aviez déménagé de cette belle maison et nous avons perdu votre trace. Nous sommes partis à Metz mais loin des yeux n’a jamais été loin du coeur. Ce soir notre coeur pleure mais Bernard est un diamant précieux qui brillera toujours en nous.
    Nous t’espérons Danièle bien entourée de tes enfants et de ta famille.
    Au détours d’un mail peut être nous reparlerons nous. J’ai repris depuis 11 ans mon travail à Paris (prof EPS) et Thibaud a vendu le Club et travaille au Luxembourg. Au détour du chemin, d’une photo peut-être Danièle te souviendras-tu de nous qui t’embrassons bien fort.
    Thibaud et Chantal MARTIN

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