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Si la laïcité définit le rôle de l’Etat dans son « rapport religieux » à la société, elle fait intervenir d’autres notions aujourd’hui évoquées.


La lecture des discours des hommes de 1789 à l’Assemblée Nationale,  pour les domaines relevant aujourd’hui de ce qu’on désigne par « laïcité » surprend, étonne et irrite ! En effet, sauf la minorité radicale,  la Représentation Nationale ne voulait pas d’une société qui ne se rattacherait pas, de manière sélective certes, mais effective,   à la société d’Ancien Régime. La France était attachée à son roi et les privilèges nobiliaires relevaient plus de l’ambition que de la suspicion…La volonté de réformes a, sauf les derniers mois avant Varennes, impliqué de manière incontournable,  la présence sacrée du souverain et  peu d’éléments permettaient d’imaginer, dans ces conditions, une laïcité telle que vécue aujourd’hui.




Révolution certes, mais surtout   «  rêve en évolution ! »

C’est ainsi que se concevait l’idéal d’une France ouverte, influencée par l’Esprit des Lumières, qui,  assimilant les attributs d’identité royale avec les adjuvants de l’arbitraire, participerait cependant à la naissance de l’esprit citoyen, et ne rejetterait pas, pour autant,  dans la fosse aux illusions,  la considération due au dernier des Capétiens,  qui venait d’achever  un vaste projet réformant  la condition juive dans le royaume qui ne vit jamais le jour. Et pour cause !


La « laïcité » devait être une dimension d’unification nationale en place et lieu  d’une ambition ou  d’ un projet établis dans le cadre de la disparition de la monarchie.  La laïcité,   idéal de vie désignant  l’objet à abattre dans la définition même de son idéal,  suscite doute et suspicion, d’abord, parce que, pareille issue n’était ni l’ambition de Mirabeau, ni le dessein de Danton. Même si elle demeurait le secret espoir de Marat, Robespierre ou St Just !



Cette conception dont le peuple ne voulait pas,  visant donc la disparition d’un des  fondements  sociaux d’une réalité séculaire, semblait oublier que les trois couleurs et le bonnet phrygien avaient déjà célébré leurs épousailles…et que la décapitation de Louis porterait la marque indélébile de la fracture franco-française.


Sait-on, par exemple, qu’une des premières interventions réclamant l’Emancipation des Juifs (23 décembre 1789) se trouvait dans le même corps de requêtes  que celui visant  à mettre dans la même charrette :



« Contre la discrimination à l’égard des bourreaux, des comédiens, protestants  et des…Juifs. »


Quand bien même la mesure visait à supprimer l’injustice, elle, n’a pas été retenue,  parce que les comparaisons paraissaient inacceptables.  On voit distinctement  que 1789 ne s’identifiera  pas à l’aventure de la radicalisation du changement que la laïcité imposera !


« L’esprit républicain » qu’on traduira, plus tard, par « laïcité, » fourre-tout politico-social, et      dont l’application devait rendre impossible la naissance et la subsistance de tout principe égalitaire, par la sympathie exclusive du pouvoir pour les seuls laïcs,  se voulait d’abord et essentiellement,  dispensateur de « libertés. » On s’éloigna assez vite de cet objectif dont on transforma l’ambition de quiétude sociale en  idéal politique.


Le siècle des lumières s’éteignait dans le même temps où les premiers scintillements du « Plus jamais çà » signalaient que « l’Etat laïc pouvait devenir la demeure de Satan !

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