שמע ישראל: Réflexions et perspectives
שמע (Ecoute !) : Il y a une manière d’être homme dont l’étape initiatrice est « l’écoute ! » Disposition d’esprit qui n’implique pas seulement l’aptitude à entendre parler, mais la capacité d’entendre faire. Certains poussent même l’audace à « voir » ce qui environne la parole. Le verset de la Thora qui évoque le peuple au Sinaï dit « Rohim èt hakolot » « Ils virent les voix ! Cette manière d’être homme où l’essentiel est dans l’écoute, accorde à son utilisateur le droit de conseiller, de dire, d’expliquer et d’ordonner, parce qu’elle seule dispose de la connaissance qui habilite, en le légitimant, le droit de parler.
ישראל (Israel) : Mais la précision qui suit donne immédiatement l’identité de son destinataire, qui seul disposerait du savoir, du pouvoir écouter : Israël ! Et personne d’autre !
Qu’est ce à dire ? Seuls les Juifs disposeraient de cette vocation à l’écoute ? Que d’autres peuples, voire le reste de l’humanité, ne soit pas apparemment concerné, pourrait avoir deux réponses : Soit, effectivement, en s’adressant à Israël, le M.aître du monde confirme que le « savoir écouter » est une donnée identitaire propre au peuple porteur de la Promesse et à lui seul. Soit « être »capable d’écouter » ne concerne pas les Nations, non pas qu’elles en seraient dispensées parce que non signataires d’une Alliance qui feraient de « l’écoute » un fondement de l’Ethique, mais qu’elles auraient dépassé le bénéfice de cet objectif et qu’elles n’ont pas besoin de se pencher sur les données d’une question déjà résolue.
Pour téméraire que soit ce point de vue, il me semble que c’est lui qui doit être retenu. Parce que le problème qu’il pose est précisément l’ancrage de la spécificité juive. Relisez les dialogues de Platon avec ses disciples, ils sont terrifiants par la facilité avec laquelle ils atteignent la conscience. Comment comprendre qu’une pensée aussi « lourde » que celle de Platon ait soutenu la primauté de la République et n’ait pas accepté que l’esclavage soit hors la loi ?
La capacité d’écoute et de compréhension de l’autre est un des fondements de la philosophie grecque. Le philosophe « entend » l’homme. Comprenez, il « sait » la détresse de l’homme. Mais il ne sert à rien de savoir que l’homme souffre, si l’on affirme que la seule réponse est de le persuader d’accepter la tragédie comme fatalité de son destin !
Dans ces conditions, inutile d’écouter « l’itinéraire » que prend la tragédie pour assurer que la mort est la seule réponse. On écoute le malade que si l’on est en mesure de lui donner les soins que son état exige. Toute relation Maître/Disciple est d’ordre thérapeutique. Sinon, on évitera de lui faire avouer ses tourments. C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre qu’on évitera à l’autre de s’allonger sur le divan et d’imposer le récit d’une souffrance si l’on n’est pas sûr de disposer des techniques vitales.
A ce sujet, je précise que la loi rabbinique pose un préalable avant de commencer à raconter ses rêves qu’on aimerait comprendre: « Être sûr de l’affection de celui ou celle que le patient désignera sous d’autres mots, mais avec le même sens: « Ecoute Israël »!
