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Il est une règle établie que l’enfant donne rarement sans éprouver le sentiment de déposséssion. Il voit et sait ce qu’il accorde,  sans mesurer le bienfait que le bénéficiaire en tirera. Tout son savoir se limitera à s’édifier. Or, on ne peut se construire si les matériaux sont absents. D’où le principe, mensonger, de l’égoïsme de l’enfant.


Ainsi énoncée  cette règle, véritable abus de droit, car l’enfant est capable de donner, (pris dans le sens de restitution) à condition d’avoir reçu. Toute manifestation de l’adulte « offrant » à l’enfant  est un investissement dont l’enfant n’a pas conscience mais qui possède le privilège d’établir entre l’adulte et lui, le pouvoir inexpliquable non de « rendre » mais de « partager. »

Je me rappelle d’un ado, élève de 4ème, passé brusquement de la médiocrité à l’excellence. Etudes secondaires accomplies brillammant sans que les expériences scolaires antérieures pussent laisser prévoir un tel retournement de situation.
Je revis ce garçon, quelques années plus tard, flanqué du diplôme de Commandant  de bord d’une grande compagnie aérienne et venu me rendre visite, ou plutôt s’étant déplacé vers moi, avec le sentiment de solder une créance. Ce qu’il me dit, ce qu’il m’expliqua mettait un terme à mes interrogations sur le problème posé plus haut.

L’enfant ne donne jamais que ce qu’il a reçu. Il ne « rend » pas, non! l’ado surtout, comprend que l’adulte qui tire bénéfice de sa générosité se paye sur lui. Et, à son égard, l’ado découvrira certes, la reconnaissance, mais, sujet, hors de propos dans cette réflexion. Par contre, si la « bonté » de l’adulte, enseignant ou parent, s’inscrit dans un monde opératoire, où l’enfant sait que lui seul en sera l’objet, la portée de ce que fait l’adulte l’atteindra, dans cette région de l’esprit hostile à tout négoce et rébarbative au marché de l’échange.

L’enfant rencontrera le « plaisir aristocratique » de compter pour ce qu’il est exclusivement. Il n’a reçu  de rétribution, pas pour être consolé et devenir objet de compassion, mais pour que soit saluée cette « voie royale » désormais choisie. L’adulte n’a pas « donné » ou « offert ». Il a reconnu. Cette  certitude qui n’est pas objet d’échange,  le convaincra que la nature de la démarche visait à donner et que le salaire de l’adulte se réduit à  la fierté, voire l’orgueil de l’ado.

Or qui génère l’apprentissage de l’orgueil mérite la couronne du mérite et qui sait pratiquer « l’art de donner conscience à des hommes  de la grandeur qu’ils ignorent en eux » recevra bien plus que ce qu’il a donné. Donner la vie,  c’est se préparer à la propspérité de l’âme, parce que, pour un ado confronté au constat d’insignifiance,  rendre la confiance perdue, c’est  d’abord reconnaître à l’enfant le droit d’être vainqueur!
Et le « jeune » manifestera ce sentiment de plénitude, dans  le désir de partage, qui n’a  rien à voir avec l’aumône du compliment.

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