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 Par Arnold Lagémi

L’alternance  entre l’étude du Midrash et la méditation sur les lois issues du Talmud,  contribue  à l’émergence d’une pédagogie propre à susciter des esprits éclairés et précoces. En effet,  toutes les civilisations qu’a côtoyées Israël avaient (ou ont toujours) une préoccupation exclusive qui oblige le système éducatif s’y rapportant à éliminer certains moyens d’appréhension de la réalité,  réelle ou supposée, quand celle-ci s’oppose à cet objectif exclusif.

Rome ne se distingua pas par le spiritualisme. La Grèce situa l’homme si haut qu’il ne put s’y maintenir sans en découvrir le revers : la tragédie. L’Inde ignora l’homme. En ce sens, son idéal est proche de l’idéal évangélique. Et, pour ce qui est proche de nous, Marx tenta d’établir une justice sans le Ciel,  pendant que Freud contraignait à n’expliquer l’homme que par sa sexualité.

Toute civilisation non juive se fonde sur une part sacrifiée d’elle-même en ne concédant  la priorité qu’à l’exaltation permanente et exclusive d’une vertu, d’une loi, d’un principe. Ces civilisations se sont fourvoyées car, les fractions de l’homme laissées en friche, reprennent tôt ou tard la place qu’on leur a ravie. La PAX ROMANA, par exemple, ne prend pas en compte, dans l’atteinte de la paix, l’accord de l’homme. Elle s’impose, par la force si nécessaire. Dans cette société pacifiée, il manquera toujours la place pour la justice. Chez les Egyptiens, l’homme paraissait un agrément pour Pharaon. L’être humain n’avait pas de finalité. On retrouvera ce « sacrifice » d’une fraction de soi dans toute civilisation, hormis celle d’Israël. Pourquoi ?

Parce que c’est la seule à vivre en s’efforçant d’être conforme aux principes  proclamés, affirmés, que « l’homme a été créé à l’image de son créateur » Où est l’originalité ? L’idéal de l’homme devient  l’Unité et non plus  une fraction d’être sacrifiée. Dans ces conditions, la formation, l’instruction prennent nécessairement en considération ces objectifs. La pédagogie insistera autant sur la rigueur qu’imposera le raisonnement talmudique que sur les récits merveilleux, allégoriques du Midrash. L’enfant Juif, l’adulte Juif vont ainsi satisfaire, l’appétence à l’irrationnel en rêvant aux contes midrashiques, comme ils rivaliseront d’ingéniosité en se demandant « à qui appartient le vêtement qu’un tel aura vu en premier ? » Est-ce le fait de voir avant l’autre qui légitime le droit de propriété, ou est-ce autre chose ?

Au-delà des objets d’étude, c’est à une définition de l’homme à laquelle la pédagogie juive nous invite. Ne pas laisser une partie de l’esprit  sans orientation, sans interpellation, c’est ne pas vouloir tenter les monstres du destin, c’est refuser au hasard de prendre la place que l’opportunité lui accordera. C’est placer l’homme à un niveau d’exigence où rien ne sera livré « aux mauvaises herbes du déterminisme ». L’homme d’aujourd’hui, ou plutôt l’enfant de notre temps, ne souffre t-il pas précisément de ne pouvoir gérer ou digérer le capital d’images dont la culture de l’audio visuel le gave sans ménagement ? Ce principe, pris au sérieux, l’interdiction de voir ou de reproduire certaines images sera mieux compris.

Si la pédagogie juive n’abandonne rien de ce qui fait l’homme. Si, sensibilité, imagination ou rigueur sont, ensemencées, nul doute que l’homme qui naîtra d’une vision aussi unificatrice de lui-même et non plus sacrifiée, contribuera à définir le génie d’Israël, lequel génie concernera aussi  tout être humain qui saura objectivement ou intuitivement que son identité profonde passe par l’Unité de lui-même.

Le génie d’Israël n’est pas le signe, la marque d’une supériorité. C’est presque le contraire ! C’est l’originalité d’une formation qui permet de reconnaître ce qui est porteur d’avenir. C’est donc être homme de telle façon, que savoir les carences reste une donnée de la conscience immédiate. Il faut aimer l’homme, quel qu’il soit,  pour avoir une  telle vocation à l’aider. Le génie d’Israël, c’est de savoir ce qui est bon pour l’homme et le lui offrir. C’est aussi le sens de la messianité.

2 Réponses à “L’ALLEGORIE ET « L’ESPRIT DES LOIS » FONT LE GENIE D’ISRAËL.”

  1. Marcoroz dit :

    Merci Arnold pour cette réflexion éclairante.

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