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Arnold Lagémi        www.parolevolee.com

soldats_revolutionnairesPat Quartier : Le présent article d’Arnold Lagémi répond à celui de notre ami Monsieur l’Abbé A.R. Arbez intitulé :« Les Droits de l’Homme sont issus de la Tradition Biblique » publié sur le site drzz.info. Une nouvelle intéressante controverse Judéo-Chrétienne.

Monsieur l’Abbé,

Parlons-nous des mêmes choses ?

Je parle du « siècle des lumières » de la Révolution Française, de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, de la République et sous votre plume, cela devient un « commentaire restreint à «l’aspect politicien d’une époque clé, certes, mais réduite dans le temps» !!!

J’observe en tout premier lieu, sinon l’opposition à 1789, du moins l’ébauche de réserves et assurément un manque d’enthousiasme surprenant. Il faut dire que l’abbé Arbez est l’auteur d’un article publié par DRZZ infos : « Les droits de l’homme sont issus de la tradition biblique », titre auquel il manquerait la suite : Mais ce sont les révolutionnaires athées qui leur donnèrent vie !

Dans son précédent commentaire l’abbé Arbez témoignait déjà d’une certaine retenue envers la Révolution et la République : « Mais comme le disait Régine Pernoud, il faut arrêter de démoniser le Moyen-Age à la manière idéologique des manuels français qui voulaient donner une aura à la seule république née de la révolution.

Si vous entendez par « restreint » le fait que, ce rêve en évolution (révolution) ce bouleversement du monde ne s’est opéré qu’en quatre ans, de 1789 à 1793, cela ne réduit pas pour autant la portée universelle de ses conséquences. Si, par contre, ce sont précisément ses conséquences qui vous apparaissent restreintes, c’est que les différences entre Ancien Régime et République relèvent pour vous de l’aspect politicien, soit de l’insignifiance…Absolutisme de droit ou divin ou République ! Artifice rhétorique ? Dialectique subtile ? Votre logique m’est hermétique ! On serait légitimement choqué à moins !!!

Et pourtant, le problème posé pèse lourd. Il porte sur l’opportunité manquée par le Christianisme de montrer sa filiation avec la Loi de Moïse.

Vous dîtes « une époque réduite dans le temps. » Mais réduite ou pas, cette époque changea la face du monde et c’est là l’essentiel. Vous évoquez les « belles réalisations » Quelles furent-elles à l’égard des Juifs, par exemple, de l’an 1000 à 1791 ?

« La plus belle réalisation » eût été de ne pas attendre que des athées montrassent la voie du Juste et le chemin du droit ! Et que l’Eglise prît la tête de cette revendication plutôt que de demander le maintien de la dîme et autres impôts iniques au bénéfice du clergé.

abbe_arbez_arnold_lagemiSongez Mr l’abbé, à l’expression que vous employez à propos de la période révolutionnaire« réduite dans le temps. » Victor Hugo me revient brutalement : « Ils avaient passé les Alpes et le Rhin mais leur âme chantait dans des clairons d’airain. » Savez-vous ce que signifie pour le monde, la « Prise de la Bastille ? » Si les prophètes d’Israël avaient une presse, l’évènement eût été à la une !!! Mais l’Eglise, forcément réservée à l’égard de la « gueuse » qui lui ravissait ses biens et privilèges attendit 103 ans afin de vérifier l’aspect irréversible du Mouvement libérateur et reconnaître enfin la Déclaration des Droits de l’homme.

Encore reste-il à établir qu’elle avait un autre choix possible !!! Du point de vue de l’influence de la morale biblique dans l’histoire, précisez, je vous prie dans quel domaine vous les voyez ces « belles réalisations ? »

Vous semblez réservé sur cette République née de la Révolution et cela m’inquiète. Savez vous que c’est à la République que les Juifs de France doivent leur Emancipation, pas à l’Eglise ! Mon exposé relève toujours de l’aspect politicien ? Vous soutenez que nul ne peut nier les « belles réalisations » entreprises grâce à l’élan anthropologique. » Je regrette de vous le dire nettement, nous, nous le nions parce qu’il est niable! Elargissons le débat. Sans la Révolution, qu’en serait-il aujourd’hui des droits de la personne ? Pouvez-vous être sûr que l’Eglise ne veillerait pas au maintien de structures qui empêcheraient toute avancée sociale ?

Certes l’Eglise est porteuse des valeurs juives, d’abord parce qu’elle s’est servie….Mais si elle avait lutté pour leur mise en œuvre, on aurait oublié l’indélicatesse par laquelle elle soutient la légitimité de la copropriété de la Loi de Moïse.

Et si vous me dîtes que, sous l’ancien régime les organisations caritatives ou hospitalières étaient à la charge de l’Eglise, vous auriez raison, mais cette charité là n’a rien à voir avec la Tsédaka (traduite abusivement par charité, alors que ce terme signifie justice et répartition des richesses.

Pour et par cet exemple de la conception chrétienne de la charité, les dix commandements « repris et reformulés »par Jésus exprimeraient moins une amélioration que la déviation menant à la rupture. Et à ce sujet est-il besoin de « reprendre et reformuler » : Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, etc…. ?

Enfin, vous faîtes remarquer que l’Eglise est dépositaire avec Israël de valeurs humanistes. Peut être, mais pourquoi est ce l’Encyclopédie et son athéisme qui se chargèrent avec les hommes de la Convention de les mettre en œuvre ? L’Eglise devrait ressentir une immense frustration par rapport à 89 ! Non ?

Par ailleurs, regretter, déplorer que le Christianisme n’ait pas initié, par des démarches concrètes, la réalisation du modèle prophétique, ne présente aucun lien avec le supposé « aspect politicien »par lequel vous définissez le problème posé et minimisez ce formidable élan de tout un peuple. Ce conservatisme en établit, un de lien, assuré : la difficulté croissante à toute prétention visant à moraliser les rapports sociaux.

Ne croyez vous pas que ce camouflet humiliant imposé par les hommes de 89 à toutes les Eglises Chrétiennes devrait résonner comme une puissante stimulation plutôt qu’être réduit à la caricature d’un incident ? Mais n’est-il pas entendu que « Mon royaume n’est pas de ce monde ? »

Vous dîtes enfin, « Les structures de pensée de l’eglise du 19ème s. ne doivent pas occulter la naissance des universités catholiques en Europe »Mais, Monsieur l’abbé, il n’est pas établi que ce vaste mouvement de connaissances en tous domaines ne soit pas une des conséquences des acquis révolutionnaires qui profitèrent à toutes les Eglises ! Léon Askénazi (Manitou) dont vous avez certainement entendu parler dit que 1789 fut dans l’histoire de l’Occident un « moment messianique. »

Le peuple d’Israël n’a nul besoin que la Loi soit « reprise » et « reformulée » parce que, psaume 105 v 7 à 10 :

L’E.ternel est notre D.ieu

Ses jugements s’exercent sur toute la terre

Il se rappelle à toujours son Alliance

Ses promesses pour mille générations

L’Alliance qu’il a traitée avec Abraham

Et le serment qu’il a fait à Isaac

Il l’a érigé pour Jacob en Loi

POUR ISRAËL EN ALLIANCE ETERNELLE

Peut être penserez vous, tout de même, à l’abbé Grégoire qui prit une part active à l’émancipation des Juifs ou à Talleyrand, évêque à la moralité douteuse, entre autres qualités, qui fit voter la loi sur la confiscation des biens du clergé.

Mais une hirondelle ne fait pas le printemps !

Bien amicalement

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